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Par Naboomie le 22 Juin 2006 à 20:46
Je vais à la bibliothèque
Il fait un peu froid, un peu gris. Un vent humide. Je remonte la rue du Palais. Jarrive place Verdun mais aujourdhui je nobliquerai pas vers la place de Reims, le chemin de mon lycée. Le vent sengouffre, violent toujours, dès quon quitte le couvert des arcades, à lapproche de la place. Je baisse la tête mais jaime ça : le froid qui agrippe les cheveux, balaie les mèches. Plus question dêtre « bien coiffées », tan mieux.
A droite, je prends la rue Gargoulleau. Bientôt, le porche haut et large, la cour pavée. Bientôt le grand escalier de bois. Parfois des gens que je vais croiser, qui descendent les marches. Des adultes avec qui jai limpression de partager quelque chose. Comme moi, ils viennent ici, eux aussi. Nous avons en commun ce lieu, ce qui nous y amène.
Ici, jai limpression que je suis semblable. Joublie tout ce qui, dordinaire, laisse toujours un écart entre moi et les autres. Ici je partage tout. Le bien-être chaud, le calme, les grandes tables de bois, la lumière douce. Jaime penser au vent qui secoue le feuillage des arbres. Ici, rien de mauvais ne peut marriver.
Nous partageons une certaine quiétude. Personne ne gêne personne. Respectueux. Nous prenons soin de notre silence. Nous prenons soin de notre rêve. Il est précieux. Nous retenons le poids du corps, le parquet ne craquera pas. Nous poussons doucement les portes. Nous posons les couvertures de nos livres sans bruit sur le bois des tables. Ailleurs peut-être, dans nos maisons, il y a des cris. Tant que je suis ici, je suis dans une paix totale. Parfois, je lève les yeux, juste pour entrevoir les visages penchés avant de replonger avec d&lice dans mon livre, accompagnée. Parfois je surprend une tête dressée, un regard rêveur. Ces regards-là, je les aime, je les comprends. Ils ne prennent rien au monde. Ils se donnent sans être pris. Si loin venus du présents au monde, d eplus profond de soi. Et libres.
La seule façon au monde qui mimporte.
Oui, ici, je suis semblable.
Jaime la bibliothèque.Jeanne Benameur.
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