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Par Naboomie le 22 Octobre 2008 à 23:15
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Devoir maison.<o:p></o:p>
F5072 lHistoire de lorthographe et des graphies.<o:p></o:p>
Gabriella Parussa.<o:p></o:p>
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Consigne :<o:p></o:p>
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Présentez une analyse des graphies du 15ème siècle, daprès un texte court en vers, ainsi quune comparaison entre lorthographe de deux copies différente de ce même texte.<o:p></o:p>
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Voici une petite présentation du texte que vous devez analyser :
Il s'agit du Dit de Poissy, de Christine de Pizan, composé probablement peu après avril 1400. <o:p></o:p>Ce texte nous est parvenu dans de nombreux manuscrits, mais vous avez à votre disposition deux exemples : le manuscrit de la Bibliothèque nationale de France fr. 835 (composé du vivant de l'auteure, à Paris) et le manuscrit conservé à la British Library, ms. Harley 4431, (composé vers 1414, aussi du vivant de Christine, toujours dans un atelier parisien).
Les deux photos que je vous envoie, en pièces jointes cf. annexes), reproduisent l'une l'enluminure qui précède le texte et l'autre une page du manuscrit Harley, c'est juste pour que vous puissiez vous familiariser avec l'écriture de cette époque et admirer l'enluminure. Le texte a déjà été transcrit par moi sur les feuilles que je vous ai distribuées.
J'attends une présentation écrite (peut-être aussi orale) de quelques pages sur les graphies au XVe siècle, d'abord dans chaque manuscrit, ensuite sur la comparaison des deux systèmes graphiques qui sont contemporains. Vous pouvez aussi, éventuellement, comparer avec l'orthographe moderne.<o:p></o:p><o:p> </o:p>
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Introduction : <o:p></o:p>
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Ces deux textes présentent à la fois de nombreuses ressemblances et de nombreuses différences. <o:p></o:p>
Nous commencerons donc par étudier les spécificités du premier texte, celui de la BnF, puis nous étudierons les spécificités du second, celui de la British Library. <o:p></o:p>
Ensuite, nous ferons une comparaison entre les deux textes puis une comparaison entre les graphies du XVème et les graphies modernes. <o:p></o:p>
En annexe, jai mis un alphabet API qui ma servit de modèle, les deux retranscriptions, et les images du manuscrit original de Harley.<o:p></o:p>
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I) Présentation des graphies du XVème siècle sur le manuscrit de Paris, BnF fr. 835. <o:p></o:p>
(On parlera du manuscrit ou du copiste 1)<o:p></o:p>
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- Lors dune première observation du manuscrit, on remarque que le copiste nutilise presque aucune ponctuation. Il ny a pas de point, ni de virgule, ni de guillemets, ni de points dexclamations ou dinterrogations. Cependant, il met une majuscule au début de chaque vers. <o:p></o:p>
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- On peut remarquer que dans ce manuscrit, le copiste nutilise que très rarement les accents. Sur cent vers, on nen relève seulement deux : un au vers 49 « La nauoit dit ne sonné mot cuisant » ; puis au vers 89 « Des oysilons qui de uoix très serie ». On remarque tout de même que les deux accents sont différents : on a un accent grave et un accent aigu. Le copiste les utilisait donc pour marquer deux sons différents. <o:p></o:p>
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- Cependant, on voit quil utilise régulièrement les trémas : au vers 20 « abbaïe » ; au vers 54 « Sesiouïssoit », au vers 55 « resiouïssoit » ; et au vers 97 « La peüst en oïr maintes lecçons ».<o:p></o:p>
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- On note que le copiste nutile jamais la lettre v mais uniquement la lettre u, comme par exemple dans le vers 1 « uous » pour vous ; le vers 17 « saouir » pour savoir ; le vers 92 « nouuelles » pour nouvelles.<o:p></o:p>
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- On note aussi labsence totale du j, remplacer par le i comme on le voit dans le vers 31 « iolys escuier » pour joli ; ou dans le vers 36 « et moult ioyeuse estoit » pour joyeuse.<o:p></o:p>
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- Le lz remplace régulièrement notre s ou-x actuel : au vers 1 « sire doulz », au vers 15 « Daller iouer si uoulz aller ueoir », au vers 53 « retentissoit et ainsi qui mieulx mieulz ». On voit dans ce dernier exemple quon a même parfois la graphie lx. <o:p></o:p>
On peut supposer que cétait la marque du pluriel en usage à cette époque. <o:p></o:p>
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- On note une hésitation sur la graphie du son [wa] : en effet les vers 10, 11, 12 et 13 se terminent respectivement par les termes « moys », « bois », « ainçois » et « fois ». On peut donc supposer que le premier terme se prononçait comme les trois suivant, afin de respecter la rime, malgré une graphie différente, cest-à-dire [wa].<o:p></o:p>
Les vers riment par quatrains. De cette constatation, on peut donc aussi noter : les vers 34, 35, 36 et 37 doivent se prononcer de la même manière que les vers cités précédemment : « ioye », « uoye », « estoie », et « menoie ».<o:p></o:p>
Ainsi la graphie du son [wa] peut se faire de deux façons : -oi ou oy.<o:p></o:p>
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- On note une hésitation sur la transcription des sons [] et [u] :<o:p></o:p>
Le son [] a la graphie eu dans le terme « mieult » (vers 53) ; <o:p></o:p>
Le son [u] a la graphie quon lui connait ou de nombreuses fois : vers 35 « Nous », vers 40 « Doulces », etc. <o:p></o:p>
Mais dans le terme « cuers » le son [] a la graphie ue.<o:p></o:p>
Et enfin dans les vers 73 et 75, où lon peut lire alternativement « Fleurs » et « flours ». Au vers 79, on a de nouveau « flour ». <o:p></o:p>
Donc le son [] peut se noter eu ou ou tout en sachant que le son [u] sécrit aussi ou.<o:p></o:p>
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- On remarque aussi que le copiste utilise différentes graphies pour le pronom personnel on : au vers 72 on peut lire « quon sieult » alors quau vers 97 on peut lire « La peüst en oïr ». <o:p></o:p>
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II) Présentation des graphies du XVème siècle sur le manuscrit de Londres, la British Library, ms. Harley 4431 (On parlera du manuscrit ou du copiste 2)<o:p></o:p>
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- On ne note toujours aucune ponctuation, mis à part les majuscule au début de chaque vers.<o:p></o:p>
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- Contrairement au manuscrit 1, le copiste utilise régulièrement les accents : on en trouve notamment dans le vers 7 « Là où ce fu », le vers 16 « que iay à dire uoir » et le vers 82 « Font chappellés ». <o:p></o:p>
On note que laccent marque la différence entre par exemple le déterminant défini féminin la (cf. le vers 87 où on lit « Ainsi adont fu la terre flourie ») et ladverbe de lieu là.<o:p></o:p>
Ce copiste aussi marque une différence entre les accents graves et les accents aigus.<o:p></o:p>
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- On note une récurrence de la graphie y pour marquer le son [i], mais pas de manière systématique.<o:p></o:p>
On lit par exemple dans le vers 1 « sire », le vers 66 « Qui resplandir », le vers 52 « Si halt si bien que souuent tous li lieux », etc.<o:p></o:p>
Mais on voit aussi le vers 81 « amye » (qui doit rimer avec les vers précédents « mie » et « blesmie ») et dans le vers 95 « par my ».<o:p></o:p>
Dans les deux cas, on note le son [i].<o:p></o:p>
On remarque pourtant que le plus souvent, le y sert dans la transcription des sons complexes tels que :<o:p></o:p>
[e] dans le vers 27 « apprestay » et le vers 46 « taysant ».<o:p></o:p>
[j] dans le vers 30 « delayer », le vers 31 « escuyer » et le vers 32 « conuoyer ».<o:p></o:p>
[wa] dans le vers 55 « soy » et le vers 96 « oysillins ».<o:p></o:p>
Ou bien encore la même lettre permet de transcrire deux sons différents dans le même mot : ainsi on a dans le vers 20 « abbaye » où le y fait dabord le son [e] puis [i] : [a-b-e-i] ; et dans le vers 21 « royal » où le y fait dabord le son [wa] puis [j] : [rwa-ja-l].<o:p></o:p>
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- Comme dans le manuscrit 1, il ny a pas de lettre j ni de v. ces lettres sont respectivement remplacer par les lettres i et u. On voit ainsi la présence encore forte du latin dans lécriture française. <o:p></o:p>
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- Pourtant, il utilise déjà la graphie ch pour le son [ ᶴ ], alors que ce son nexiste pas chez les latins.<o:p></o:p>
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- On remarque une hésitation sur lutilisation du h muet : aux vers 58 et 67, il écrit « erbe » alors que dans le vers 75, il écrit « Herbes ».<o:p></o:p>
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- Par comparaison avec le manuscrit 1, on note que le second copiste nutilise pas les trémas au même endroit que le premier copiste, il a tendance à les supprimer, on nen retrouve quau vers 54 « Sesiouïssoit » et au vers 55 « resiouïssoit ». Il les supprime dans le vers 20 : « abbaïe » devient chez lui« abbaye » ; Dans le vers 97, on passe de « La peüst en oïr maintes lecçons » à « Là pouist on ouyr maintes leçons ». Il change le son dans la deuxième version : on passe de [p-u-st] à [pu-i-st].<o:p></o:p>
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- On peut aussi souligner une hésitation dans la marque du pluriel : <o:p></o:p>
Parfois, il utilise un s comme dans le français moderne : dans le vers 40 « Doulces plaisans gracieuses et belles », dans le vers 75 « herbes » ou dans le vers 77 « iaunes ». <o:p></o:p>
Soit il utilise un z, là où le français moderne utilise maintenant un s : dans le vers 39 « gentilz », dans le vers 75 « quilz » ou dans le vers 98 « rossignolz ».<o:p></o:p>
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III) comparaison des deux systèmes graphiques dans la version contemporains.<o:p></o:p>
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On remarque que le deuxième texte comporte quelques différences au niveau des termes utilisés.<o:p></o:p>
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- Au vers 10, on peut voir que le copiste à supprimer un mot : « Dauril l gay ou recuerdissent bois » devient « Dauril le gay ou Ø bois ». Bien sûr, il ne faut pas perdre de vue que le second copiste avait peut-être un modèle abîmer et que le mot était illisible. <o:p></o:p>
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- Le copiste fait aussi des remplacements, il utilise un mot pour un autre : au vers 62 « Mais en lanée » devient « Ne en lannée » ; au vers 67, on lit que « Fist lerbe uert pour les cuers esbaudir » qui devient « Fist lerbe uert pour tous cuers esbaudir » ; le vers 93 « chantant de uoix » devient « chantans à uoix » et enfin le vers 95 « sur les arbres » devient « sur ces arbres ». A chaque fois, cest un choix conscient, pusique les mots ne ressemblent ni dans la graphie, ni dans la prononciation, sauf pour notre dernier exemple. Là encore, on peut supposer que cest dû à une difficulté de déchiffrage. <o:p></o:p>
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- Le second copiste opère aussi des inversions : dans le vers 51, on peut alternativement lire « Si y chantoit qui sauoit chanter mieulx » et « Si y chantoit qui chanter sauoit mieulx ». Il est intéressant de remarquer quen français moderne, on utiliserait spontanément un troisième ordre possible : « celui qui savait le mieux chanter »<o:p></o:p>
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- Comme on la déjà fait remarquer, le second copiste utilise beaucoup plus le y.<o:p></o:p>
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· On note que chez le copiste 1, on peut trouver la graphie es à la fin de certains termes, comme par exemple dans le vers 1 « uueilliez » ; le vers 6 « orrez » ; le vers 71 « prez » ou le vers 82 « chappellez ». Or dans la version du second copiste, on trouvera respectivement : « Uueillies » « orrés », « pres » et « cheppellés ».<o:p></o:p>
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- On peut aussi lire une différence récurrente sur lutilisation des graphies o et ou.<o:p></o:p>
Au vers 60, on a ainsi : « floretes » et « flourettes » ; au vers 61 « soleil et « souleil » ; au vers 97 « oïr » et « ouyr ».<o:p></o:p>
On peut supposer quil y avait une différence de prononciation entre les deux copistes, le second utilisant plus fréquemment le son [u]. <o:p></o:p>
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- On remarque que le second copiste coupe certains termes : au vers 73 on a « fleurs de printemps partout uest on germer » qui devient : « flour de prin temps par tout uest on germer » ; et au vers 95 « et parmi ces buissons » devient « et par my ces buissons».<o:p></o:p>
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- Le premier copiste écrit systématiquement les chiffres en toutes lettres : « ne mille ne cent » au vers 8, « mil quatre cent » au vers 12 et « six » au vers 23. Lautre utilise parfois les chiffres romains : au vers 12 « an mil. .cccc. ; » et au vers 23 « .vj. » qui correspond à VI, cest-à-dire 6. Cependant au vers 8 il écrit lui aussi « ne mille ne cent ».<o:p></o:p>
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- Enfin on rencontre un problème important avec lauxiliaire avoir au présent de la troisième personne du singulier : « a ».<o:p></o:p>
Dans les deux textes, on lit au vers 65 « le ciel ot donnée » et au vers 71 « nature ot fait semer ». Lauxiliaire semble être remplacé par le mot « ot ». <o:p></o:p>
De plus, dans le manuscrit 1 le copiste omet de mettre un accent sur le « a » alors que ce nest pas lauxiliaire avoir : au vers 75 « qui a la terre » alors que le second copiste, lui, met laccent : « qui à la terre ».<o:p></o:p>
Or au vers 94, les deux copistes omettent laccent, alors que le français moderne en aurait mit un : « et a haulx sons ».<o:p></o:p>
Et dans le manuscrit 2, on note le rajout dun accent sur le verbe avoir vers 34 « Lors à grant ioye » alors que le manuscrit 1 nen met toujours pas « Lors a grant ioye ».<o:p></o:p>
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IV) comparaison avec lorthographe moderne. <o:p></o:p>
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On note que cest dans le second manuscrit quon retrouve le plus de mots orthographiés de la même façon quaujourdhui. Pourtant, les deux textes ont été copié quasiment à la même époque. <o:p></o:p>
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- Au vers 20, on relève le terme « abbaïe » ou « abbaye ». On remarque que de nos jours, on prononce le son [i] et non le son [j], cest-à-dire quon lécrit comme dans le manuscrit 2 mais quon le prononce comme il est transcrit dans le manuscrit 1. Cependant, on peut supposer que le second copiste le prononçait, lui aussi, [abei] et non pas [abej]. <o:p></o:p>
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- Au vers 57, on lit dans le premier manuscrit « soleil » et dans le second « souleil ». Un choix a donc été fait sur la prononciation et sur la graphie de ce mot. <o:p></o:p>
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- Le vers 62 passe de « Mais en lanée » à « Ne en lannée ». Nous retiendrons cette seconde orthographe. <o:p></o:p>
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- Au vers 23, on peut remarquer que certains mots nont pas encore daccent, comme par exemple le mot « eglise », contrairement au français moderne.<o:p></o:p>
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- La comparaison des deux textes permet aussi de faire des suppositions sur la prononciation : on note un changement entre : « oissillons » et « oysillons » au vers 96 (ou bien est-ce un changement topique ?). <o:p></o:p>
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- Il est aussi intéressant de sarrêter sur les vers 23 et 26 où dans les deux cas on lit : « celle eglise » et « celle terre ». En français moderne, on aurait utilisé le terme « cette ». la similitude entre les lettres t et l permet de faire différentes suppositions : <o:p></o:p>
Soit à cette époque, les deux étaient difficiles à différencier, et les deux auteurs ont mal copié. <o:p></o:p>
Soit on utilisait au choix lune ou lautre graphie. Cependant on ne remarque ce changement que deux fois, ce qui montre tout de même que le choix devait être limité. <o:p></o:p>
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- On peut mettre en évidence un changement dans une expression encore utilisé de nos jours :<o:p></o:p>
Ils écrivent au vers 53 « ainsi qui mieulx mieulx » alors quaujourdhui, il faut mettre « à qui mieux mieux ». <o:p></o:p>
votre commentaire -
Par Naboomie le 18 Juin 2008 à 21:18
Un amour de Terrine<o:p></o:p>
Par Claire Delhomme.<o:p></o:p>
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« Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps. »Victor Hugo<o:p></o:p>
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Chapitre 1
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Viens, tu verras, ça sera génial!
Voici les termes exact que mes amis ont utilisé pour me convaincre de venir passer deux semaines dans une grande maison, à la campagne. Et jai craquer. Jai accepter.
Maintenant je suis assise dans le train et je reste septique. Vous verrez que ce nétait pas à tord. Déjà, lidée de louer une maison au milieu des champs, même avec des amis, ça ne memballe pas trop. Je ne sais pas pour vous, mais moi, au bout de deux jours de verdure à perte de vue, jai tendance à faire des overdoses de chlorophylle.
Jusque là, cest vrai, ça allait à peu près. Jétais assise dans le TGV et sur le point darriver à Bourg-en Bresse, où mes chers amis devaient venir me chercher.
Puis mon téléphone sest mit à sonner et là mon Fear Factor personnel a commencé. Daprès ce quils tentent de mexpliquer au bout de la ligne, il y aurait un tout petit changement programme qui fait que je serais seule quelques jours, oh, vraiment pas longtemps. Jécoute à peine leurs explications et leurs excuses. La seule chose que je comprends dans leur charabia cest que je vais devoir passer les premiers jours de ces vacances si prometteuses abandonnée dans un village perdu dans le néant campagnard, en plein mois daoût. Cest étrange, jai limpression dêtre dans un mauvais rêve. Leurs paroles marrivent comme à travers un brouillard cotonneux. Ce ne sera peut être que quelques jours mais jai déjà limpression de démarrer un voyage de lextrême et ma tête tourne. En plus, la climatisation du train est en panne depuis deux heures alors quil doit faire 72°c à lombre. Depuis Paris, jen suis déjà à ma quatrième mini bouteille dEvian, le môme insupportable assis à côté de moi commence à sentir dangereusement des pieds et je crois que mon mascara non water proof coule.
« Génial » nest peut-être pas exactement le qualificatif que quil faut utiliser
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Bien sûr, quand jarrive à la gare, je ne trouve pas de taxi. Après avoir erré avec mon immense valise, mon sac à dos et mon sac à main top tendance mais énorme, jatterri dans un café. Le patron est sympa avec moi et après avoir discuter un peu avec lui, une solution semble se présenter. La façon la plus simple pour rejoindre le village dindien où mattend la location - à soixante petits kilomètres dici - cest dattendre le lendemain matin et de partir avec la boulangère, parce que le taxi est parti en vacances. Mais non, ça la dérangera pas, cest une amie à lui, et elle adore discuter alors ça lui fera plaisir davoir un peu de compagnie.
De toute façon, vu les circonstances, je nai pas trop le choix.
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Le lendemain, après avoir passer une nuit dans un vieil hôtel, tenu par un vieux monsieur, jembarque à bord dune vieille camionnette à croire quils ont rien de neuf ici- avec la vieille boulangère. Elle est plutôt gentille, le problème cest queffectivement elle aime parler. Beaucoup. Trop. Et en plus, il y a un petit détail que je navais pas capté : ce nest pas elle qui maccompagne au village, cest moi qui laccompagne dans sa tournée ! Donc au lieu de mettre une demi heure, il nous faut trois heures de route, le temps de passer par tous les hameaux de la régions. Comme cest une femme très serviable, elle a lextrême amabilité de me faire lhistorique de chaque clocher, de me retracer la généalogie de chaque famille et de me raconter les rumeurs de chaque coin de rue. Jadore les potins, mais savoir que Madame Simone avait déchiré une carte postale le mois dernier après avoir foutu une claque à Marcel, soit disant parce que son tracteur avait écrasé des géraniums, très honnêtement, je narrive pas à mintéresser, oui, même en faisait un gros effort. Enfin bon, au bout de trois heures qui en valent mille, et où jai vaillamment résisté à lenvie darracher le pare soleil pour assommer mon chauffeur bavard, jarrive sur la place de Poncin.
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Ô joie, Ô bonheur. Me voilà tel Ulysse ayant enfin atteint les rivages dIthaque. Soulagée dêtre enfin arriver, je remercie tout de même chaleureusement Martine. Mais mon bonheur est hélas de courte durée. Je regarde lentement autour de moi. Où suis-je encore tombée ? Quai-je fais pour mériter ça ? Moi qui ai du mal à survivre loin du métro, de la place Soufflot et du jardin des plantes ?? Cest une mauvaise blague ou une caméra cachée, mais je refuse de croire que lendroit « trop coooool » choisi par mes potes soit ce village de quatre-vingts seize habitants dont soixante-treize sont sûrement du troisième âge !
Maintenant jen suis tout à fait certaine : je vais mourir.
En plus, si ça se trouve, se ne sont même pas des vieux mais des extraterrestres déguisés en humain, comme dans Men in Black, parce que franchement, quel humain voudrait sexiler dans un trou pareil ? Ils vont prendre le contrôle de mon cerveau et mobligé à labourer les champs avec mes super sandales qui seront ravagés par la terre. Puis ils me feront couper du bois pour lhiver jusqu'à ce que mes mains aient des rides et des ampoules !
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Bon, comme je suis super courageuse, je soulève quand même mes bagages et je prends la première - et unique - rue afin de trouver mon gîte. Lavantage, cest que je risque pas de me tromper, il ny en a quune seule avec laffreux macaron « gîtes de France » et vu la taille du village, je ne risque pas de me perdre.
Sauf que je nétais pas censé être la première ici. Donc je nai pas les clés
Là, nouvelle angoisse. Il me faut bien dix minutes pour trouver un endroit où mon portable capte afin dappeler mes amis pour avoir le numéro ou ladresse du propriétaire. Ces dix minutes sont très significatives à mes yeux : je vais passer quelques jours seule au monde, dans un endroit où je naurais pas constamment cinq barrettes de réseau ! Je commence à avoir des sueurs froides. Respirer profondément, calmement. Je peux le faire. Je finis par obtenir une tonalité et à établir une communication en me tenant debout sur un petit muret en ciment et en me penchant un peu. Ouf.
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Une fois prévenu, le propriétaire ne met que quelques minutes à venir puisquil habite aussi dans le village. Cest un vieux monsieur (encore !), assez gentil, qui a un talent remarquable. En moins de trois minutes montre en main il arrive à me raconter une grande partie de sa vie marital, le caractère difficile de sa femme et à me demander darroser sa plante verte. Il parait que sa femme fait une allergie mais lui, il ne peut pas sen passer, il ladore, sa petite plante. Du coup il la mise dans la maison, et il vient tous les deux jours pour soccuper delle. Il ma dit le nom exact en français et en latin mais je lai instantanément oublié. Ne voyant pas trop comment refuser ni comment lui expliquer que je nai absolument pas la main verte, jaccepte du bout des lèvres.
Puis je découvre avec quelques appréhensions lintérieur de la maison. Tout dabord la cuisine. Immédiatement je me sens mieux. Il y a un four micro-onde qui me permettra de ne pas mourir de faim. Comble du luxe, je découvre ensuite une machine à café. Ma survie sera peut-être, je dit bien peut-être, possible finalement
Comme il est déjà presque midi, je décide de continuer mon exploration après le déjeuner. Sauf que le frigo est vide. Evidemment. Heureusement, face aux grands problèmes, je nai jamais eu peur de prendre les grandes décisions nécessaires. Je décide donc immédiatement de planter un potager. Dun côté, je mettrais les légumes et de lautre, des herbes aromatiques en tout genre. Et je construirai une petite fontaine en marbre blanc. Et je pourrai élever quelques poules et des lapins. Je construirai moi-même de beaux clapiers que je peindrai en rose et vert anis. Jai vu ça dans déco, cest top tendance pour les chambres. Et je ne vois pas pourquoi les lapins nauraient pas le droit davoir de beaux murs. Et je ferais des tartes aux myrtilles. Ou une tarte au citron. Bien sûr il faut dabord que je plante les arbres, mais ça je demanderai à ma maman, elle sy connaît bien en plantation. Et je ferai des gratins aux légumes du jardins. Et je
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Javoue, en fait, jai juste fini de manger le paquet de petits Lu que javais encore dans mon sac, un paquet entier de fraises tagadas dailleurs ça écure très vite - et un chewing-gum. Le tout arroser dun grand verre deau. Les poules, les arbres et la tarte attendront
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Voilà, ça cest fait Maintenant grande question : comment vais-je occuper mon après-midi moi ? Ici, sans voiture, sans réseau, sans ordinateur, sans personne ? Pour ne pas tourner en rond, je prends ma valise et je commence à explorer mon nouvel intérieur. On appelle ça la « familiarisation avec le milieu hostile ». En premier, le salon. Rien de très intéressant, sauf un lecteur DVD. Mais je nai pas pris de DVD avec moi, évidemment. Je découvre aussi la plante dont je dois moccuper. Elle trône, immense, dans un pot en plein milieu de la table de basse. Personnellement, je lui trouve rien de particulier, mais la botanique, ça na jamais été mon fort. En plus, je trouve quelle gêne sur la table. Je la soulève avec difficulté elle pèse une tonne cinq au moins ! et la pose dans un coin de la salle. Puis je découvre les toilettes. Il y a un petit cadre représentant une Sainte. Etrange idée que de laccrocher là, non ? Mais bon, je ne veux pas juger. A létage, quatre chambres et deux salles de bain. Je prends tout mon temps pour choisir la plus belle pièce, les premiers arrivés sont les premiers servit, et toc ! Je minstalle tranquillement dans une belle pièce lumineuse avec de jolis rideaux écrus. Le lit grince un peu mais de toute façon, tous les lits où jai dormi, à la campagne, grinçaient. Je vide ma valise, je retouche mon gloss., je revérifie pour la cinquième fois labsence de message sur mon répondeur Il doit au moins être 14h là.
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Je vérifie avec espoir à mon poignet. 12h15. Et là, tout à coup, je ressens comme une vague de panique. A la campagne, le temps sarrête. Je vérifie ce phénomène depuis que je suis toute petite. A chaque fois cest pareil. Il suffit que je méloigne un peu des relais téléphone, quil y ait autour de moi trois champs ou plus et que je sois à moins de deux cent mètre dune vrai vache et là ça ne loupe jamais. Le temps sarrête, lair semble immobile et jentends mon propre souffle. Je suis comme perdu dans le vide galactique. Langoisse totale. Jai du mal à respirer. Jai besoin du contact de la civilisation. Rapidement ! Tout de suite !
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Chapitre 2<o:p></o:p>
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Cest ainsi, avec la ferme attention de pactiser avec les peuplades de ces terres reculées, que je quitte la maison. Jadore les gâteaux secs, mais de la à ne manger que ça pendant trois jours, il y a tout un monde.
Je sors dans la rue et me dirige lentement vers la place centrale. Lambiance est menaçante. Il fait très chaud. Tout est silencieux. Le village semble désert. On se croirait dans un mauvais Western, surtout quand je vois une poule traverser la rue en picotant. Je pourrai croiser John Wayne que ça ne métonnerai quà moitié. Jessaye de me concentrer sur mon objectif : trouver de quoi remplir mon frigo. Je me laisse guider par lodeur alléchante dun poulet rôti. Cette solution est mille fois plus simple que de courir moi-même après une volaille qui refuse de ce laisser attraper.
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Cest ainsi que j'ai atterrie dans cette petite boucherie local. Tant mieux pour moi, cette boutique semble être le point de ralliement du village, là où tout se passe, là où ça bouge ! C'est-à-dire quau moment où jarrive, il y a trois vieilles dames et le boucher qui discutent avec animation. Autant dire quil y a foule !<o:p></o:p>
La première des vieille est assise sur une chaise, son caddie rose fluo coller à elle. La seconde tiens dans ses bras un genre de caniche affreux blanc sale qui aboie aigu. Je déteste les chiens et encore plus les caniches qui aboient aigu. La troisième, superbe dans sa jolie blouse fleurie, très estivale, bouge avec conviction les bras dans tous les sens pour appuyer ses propos. Mais au moment où jentre, jassiste à un magnifique arrêt sur image grandeur nature. Cest impressionnant. En une fraction de seconde, les trois arrêtent leurs bavardages, se tournent vers moi et me passent au scanner intégral. Cest encore pire que lors dun entretient dembauche ! Faut dire que je ne dois pas avoir le look couleurs locales avec mes sandales compensées, mon sac à main top tendance et ma manucure nickel. Heureusement quelles ne savent pas que jai mon pass navigo dans une poche et un téléphone portable dernière génération dans lautre. Puis, brusquement, comme si je navais jamais fais irruption dans leur monde, elles repartent de plus belles dans la critique gastronomique du dernier déjeuner de famille donner par la voisine, Madame Jeannine semble-t-il. Résignée à mourir dennuie debout en attendant mon tour, je passe en revue la boutique du regard. Elle a tous les détails du commerce de proximité villageois. A gauche de la porte, un grand bac remplie de paquets de chips en tout genre. Personnellement, je déteste ceux avec les goûts chimiques et bizarres genre « barbecue » ou « bolognaise » et pire encore : « oignon ». Jai toujours eu un problème avec les produits « goût oignon ». Une fois, lors dun voyage scolaire en Angleterre, alors que javais vraiment faim, une fille ma proposer un muffins que sa famille daccueil lui avait donné. A loignon. Sauf que je ne le savais pas. Et les muffins aux oignons, ce nest pas bon du tout. Une autre fois, sur un marché de Noël de dégustation, javais pris une grande cuillère de confiture à la poire pour goûter. Et surprise ! Je navais pas pioché dans le bon pot et jai avalé une grande bouché de confiture à loignon. Et la confiture à loignon, quand on attend de la poire, ce nest pas bon du tout non plus Mais je mégare là. Je pioche rapidement un paquet nature et je continue mon observation. Sur le même mur, il y avait des étagères avec des paquets de pâtes et des conserves en tout genre. Boucherie-épicerie, le grand luxe quoi... Le côté droit était occupé par la vitrine. Jai toujours trouvé ça un peu écoeurant : les salades composés qui ne ressembles à rien, les pâtés en croûte, toutes ces choses qui flottent dans de la gélatine brunâtre, et ces tranches de viandes sanguinolentes. Le pire dans tout ça, se sont les cervelles et les langues. Brrr rien que dy penser ça me donne la chair de poule. Je relève donc assez rapidement les yeux. Comme dans presque toutes les boucheries du pays, il y a un poster au mur avec un cochon rose en costume bleu et un chapeau à rayure, qui rigole. Je ne comprend pas. Pourquoi ont-ils tous cet affreux poster ? Cest un cadeau offert pour « toute boucherie ouverte » ? Et bien sûr, sur le comptoir, il y un autre petit cochon, en céramique celui là et avec une fente sur le dos. Il y a-t-il vraiment des gens qui donne un pourboire à leur boucher ?? Je trouve lidée étrange, après tout on nen donne pas dans les grands magasins, ou quand on achète un tee-shirt <o:p></o:p>
Lattente séternise, cest-à-dire que jattends bientôt depuis plus de cinq minutes, ce qui est intenable pour quelquun qui comme moi, viens dune ville où quand on marche au lieu de courir cest quon est perdu ou touriste. Je tente alors de mintéresser discrètement à la conversation.<o:p></o:p>
« Parait que le ptit de <st1:PersonName productid="la Jeanne" w:st="on">la Jeanne</st1:PersonName>, cest le portrait craché de son père cest pas facile de commencer dans la vie avec un tel handicap <o:p></o:p>
- Cest surtout triste pour la mère ! Si au moins il avait eu ses yeux, mais non ! En plus il parait quil suit les traces non recommandables de son frère <o:p></o:p>
- Cest comme Luc, le fils de Madame Bourdin, hier il a été pris dans le jardin du vieux Maurice, en train de voler des framboises ! Il parait que »<o:p></o:p>
Lanecdote est amusante mais je me lasse rapidement. Le boucher le remarque, ainsi que mon exaspération grandissante. Ok, cest parce que je pianote des doigts sur le bord de la vitrine en soufflant un peu et en regardant en lair depuis cinq minutes. Mais bon, je nallais quand même pas rester ici, à attendre que les trois vieilles passent en revue toute la population du village, leurs descendances et les voisins des petits enfants ! Même si cest drôle à écouter quelques instants. <o:p></o:p>
« Alors mademoiselle, quest ce quil vous faut ? <o:p></o:p>
Heureuse que ça soit enfin mon tour, je réponds en souriant.<o:p></o:p>
- Un poulet rôti sil vous plait.<o:p></o:p>
- Avec ou sans patates ? <o:p></o:p>
- Sans, merci.<o:p></o:p>
- Je suis désolé, elles ne veulent pas partir dit-il en agitant le sachet en papier.<o:p></o:p>
- Pardon ??<o:p></o:p>
- Les patates, elles ne veulent pas partir du sachet »<o:p></o:p>
Avec un grand sourire, il secoue de nouveau le sac sur lequel est représenté une petite poule brune entourée de pommes de terre de jaunes, sur un fond de campagne. Je comprends la blague, il parle du dessin. Cest misérable. Mais au moins, maintenant je sais pourquoi il y a foule dans sa boutique : cest LE rigolo du village, celui qui y met de lanimation, qui le fait vivre ! Je tente un pauvre sourire mais je ne pense pas que soit très convainquant. La blague nest vraiment pas assez drôle. Je dois vraiment faire une tête bizarre, parce quil rajoute : <o:p></o:p>
« Nattristez pas votre front gracieux, ce nest quune blague, continuez à sourire, cest si joli. Et il me fait un petit clin dil en emballant mon futur dîner. Là, je suis étonnée. Je dois faire erreur, ce nest pas possible. Non, sérieusement ?
- Désolée, je dois rêver debout, mais merci, cest gentil à vous
- Riez pourtant ! <o:p></o:p>
- Du sort ignorez la puissance »
Cest à son tour de faire un grand sourire. Je ne rêvais donc pas. Il est en train de me citer A une jeune fille de Victor Hugo. Je décide de le tester encore un peu, on ne sait jamais. Je lance au hasard :
« Maintenant que Paris, ses pavés et ses marbres
- Et sa brume et ses toits sont bien loin de mes yeux ;<o:p></o:p>
Maintenant que je suis sous les branches des arbres <o:p></o:p>
Et que je puis songer à la beauté des cieux »<o:p></o:p>
A Villequier. Comme ça, sans hésiter, il complète les vers dun poème inconnu pour la plupart des littéraires que je fréquente habituellement. Jen reste bouche bée. Il a fallu que ça tombe sur un boucher perdu au fin fond de la campagne. Jai tellement du mal à y croire que je tente un dernier vers.<o:p></o:p>
« Le rêve et la brume
-Vont où va la nuit ;
Paupières et roses
S'ouvrent demi-closes ;
Du réveil des choses
On entend le bruit. »<o:p></o:p>Laurore sallume. Sans faute, sans oublier un mot, il récite la fin de la strophe. Cet instant est magique. Pour la première fois de ma vie, je rencontre un homme qui :<o:p></o:p>
1) sache du Victor Hugo par cur.<o:p></o:p>
2) Ait moins de cinquante ans et ne sois pas à moitié chauve.<o:p></o:p>
3) Ait un plan B dans la vie autre que chanteur, poète ou clochard-bôhème. <o:p></o:p>
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Lui aussi à lair content. Les trois vieilles, elles, sont muettes. On dirait trois statuts mais je suis certaine quelles ne perdent pas un mot de la conversation. Je soit sûrement être en train de leur donner matière à causer pour les vingt prochains hivers. Il me tend le poulet et les chips. Je paye et je mapprête à quitter la boutique quand il me demande timidement :<o:p></o:p>
- Mademoiselle, si je peux me permettre, si cela vous intéresse, il y a le serto à Nantua, demain matin, vous devriez venir <o:p></o:p>
- Le quoi ? <o:p></o:p>
Devant mon ignorance, la vieille au caddie se met à pouffer. Je la calme immédiatement avec le regard-qui-tue-numéro-17. <o:p></o:p>
- Le C-R-T-O. répète-t-il avec amabilité. Le Concours Régional de <st1:PersonName productid="la Terrine" w:st="on">la Terrine</st1:PersonName> dOr. En disant ça il rougit jusquà la racine des cheveux.<o:p></o:p>
- Et bien, euh pourquoi pas <o:p></o:p>
Pourquoi pas ? Jai déjà une très bonne raison qui me vient instantanément à lesprit : parce que je ne veux pas aller à une assemblée de rustres qui se réunissent pour manger du pâté en parlant cochon et volaille.<o:p></o:p>
- Je ne sais pas, peut-être <o:p></o:p>
- Ça me ferai plaisir <o:p></o:p>
Il est tellemtent cramoisi que ça en devient touchant. <o:p></o:p>
- Je verrai Au revoir Monsieur. »<o:p></o:p>
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Chapitre 3<o:p></o:p>
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De retour à la maison, je repense à la scène. Victor Hugo par cur quand même ! Où alors il nen connaît que trois et il a eu beaucoup de chance. Mais les probabilités sont minces. En plus il était plutôt mignon dans son genre mis à part le gros tatouage en forme de scorpion sur son bras droit et le petit en forme de triskèle celtique sur le poignet gauche. Je naime pas trop les tatouages, pour moi ça fait homme-qui-veut-faire-viril ou femme-qui-veut-faire-sexy alors quen fait, ça fait juste dessin-horrible-surtout-quand-on-vieilli. Mais bon, chacun ses lubies. Moi ça fait des années que je collectionne les dauphins en porcelaine pour les détruire, et personne ne comprend pourquoi <o:p></o:p>
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Jétais en train de minstaller une chaise longue dans le petit jardinet derrière la maison, toute entière à mon analyse quand soudain la peur de ma vie ! Je me retrouve presque nez à nez avec une gigantesque vache ! Elle, pas un battement de cil, pas un poil qui bouge, elle me regardait tranquillement en mâchouillant un touffe dherbe. Et en bavant un peu. Pour moi, les animaux, cest encore pire que la campagne. Que ça soit un escargot mignon, un chien gentil, un bébé phoque trop chou ou une Montbéliarde énorme qui sappelle Marguerite ça je le sais parce que cest écrit sur létiquette orange de son oreille je flippe. <o:p></o:p>
Je vais vous expliquer. Pour la plupart des humains il y a différentes catégories danimaux: les insectes, les mammifères, les poissons, les reptiles, les oiseaux bref tout est bien ordonné selon des tas de critères précis. Chez moi cest beaucoup plus simple : il y a les animaux dangereux dune part et les animaux très dangereux dautre part. Ou alors quand je fais un effort, il peut y avoir : les animaux à éviter, les animmaux à éviter à tout prix, les animaux flippants et les animaux répugnants. Pourtant il faut faire attention. Même si je déteste toutes les bêtes, cela ne mempêche pas dêtre révoltée quand on les maltraite, dêtre farouchement opposé au port de la fourrure et des bijoux en ivoire et de haïr les méchants qui font des marées noires qui tuent les oiseaux et les poissons. Jaime les animaux, mais de loin. <o:p></o:p>
Donc je me retrouve nez à nez avec Marguerite. La situation est totalement ridicule. Elle porte un nom de jolie petite fleur des prés alors quelle fait au moins un mètre cinquante au garrot pour huit cent kilo de viande ! Elle sest sûrement échapper du champ voisin pour venir brouter dans mon carré dherbe. Et ce nest pas moi, avec mes cinquante-cinq kilo tout mouillé, mon livre et ma chaise longue, qui vais la déplacer. Surtout que tout mon être refuse catégoriquement de sapprocher. Brusquement, toujours sans bouger, elle me lance un long meuuuuuuuuuh. Je fais un bond de cinq mètres en arrière tellement je sursaute fort. Je suis sûre quen plus, elle se moque de moi, on dirait vraiment la Vache qui Rit quand elle me regarde.<o:p></o:p>
Puis, toujours tranquillement elle se met à avancer vers moi. Panique ! Elle se rapproche ! Alerte rouge ! Je me fais attaquer par un monstre à cornes ! Elle a une langue gigantesque quelle utilise pour nettoyer son nez qui coule ! Beurk ! Au secours ! <o:p></o:p>
Nécoutant que mon instinct de survie, je fais une prudente retraite dans la maison en priant très fort tous les dieux, même ceux de la mythologie grecque, de me sortir de ce mauvais pas. Je pense quils mont entendu vu que la vache, après avoir distraitement fait un tour sur la terrasse en ciment, fait demi-tour. Je la suis du regard. Il y a dans le fond du jardin un trou dans la clôture, qui donne directement sur un troupeau. Je vais devoir vivre face à dix génisses plus grosse que ma voiture pendant deux semaines. Cest sûr, je vais mourir. Le milieu est bien trop hostile. En plus, il y a maintenant une énorme bousse à moins dun mètre de ma chaise longue <o:p></o:p>
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Jappelle donc immédiatement le propriétaire de la maison - cool, je capte bien dans le jardin ! - pour lui expliquer mon problème dinvasion. Il a le culot de se marrer ! Il ne dois pas comprendre la détresse qui est mienne en cet instant. Savoir qua chaque instant mon espace vital peut être envahi par un représentant vivant de lespèce animal est une angoisse que je ne peux pas supporter. Au lieu de compatir, il me dit que ce trou existe depuis des années, que ce nest pas grave, quen général les vaches ont la trouille et quelles ne devraient plus revenir maintenant quelles ont vu que la maison était de nouveau occupée. Mais ma voix commence à monter dangereusement dans les aigus. Je dois avoir lair hystérique puisque au bout dun moment il fini par accepter de venir régler mon problème de cohabitation. Je le remercie chaleureusement quand il me dit :<o:p></o:p>
« Bon et bien au revoir, je passerai demain.<o:p></o:p>
- Très bien, merci beaucoup. A demain. » Et nous raccrochons. <o:p></o:p>
Je ferme mon portable quand soudain je tilte. Demain ? Mais comment je vais passer laprès midi moi ? Je ne peux pas minstaller alors que le trou est là, béant ! Mais de là à le rappeler alors que je viens de me ridiculiser pendant dix minutes en le suppliant de faire quelque chose, cest trop. J espère très fort ne pas avoir le droit au Retour de <st1:PersonName productid="la Vache II." w:st="on">la Vache II.</st1:PersonName> Cette fois le salon me parait beaucoup plus accueillant, même si je regrette de devoir rester enfermer alors quil y a un super soleil dehors. De toute façon jai oublier mon tube de crème solaire indice 90. <o:p></o:p>
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Je tourne un peu en rond dans la maison. Je devrais profiter de cette solitude pour lire les romans que je dois lire pour la rentrée. Surtout quensuite je râle parce que je nai pas une minute de libre pour le faire. Mais jai avec moi deux perles de la littérature : Faust I et II de Goethe et Journal dun voyage de Montaigne. La deuxième partie du premier est si compliqué que même les grands critiques spécialisés narrivent pas à le commenter et le second est dun ennuie total. Pendant près de 300 pages, lauteur raconte le nombre de verres deau quil à bu dans chaque ville où il sest arrêté lors de son voyage, le nombre de fois où il a été aux selles et le nombres de bains quil à pris en détaillant le temps quil a passé dans chacun deux. A mourir. Cest à vous déprimer de la littérature. Pour compenser jai aussi amener Laccro au shopping dit oui de Sophie Kinsella, mais celui là je le connais presque par cur. Je sais, ma sélection nest pas top, mais je ne mattendais pas à finir toute seule je vous le rappelle !<o:p></o:p>
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Je remonte dans les chambres et jouvre tout les placards. On ne sait jamais, je vais peut être découvrir un passage secret avec un long couloir souterrain. Puis au bout dune heure de marche dans une ambiance lugubre mais où je garderai tout mon courage, je déboucherai dans une magnifique salle de bal où mattendra un prince charmant endormi sur un grand fauteuil royal. Je le réveillerai dun baiser. Au moment même où il ouvrira les yeux, il tombera follement amoureux de moi. On dansera au son dune musique divine joué par des elfes blancs. Je porterai tout dun coup la plus belle robe de chez Dior. Puis il memmènera visiter son beau palais climatisé. Et il moffrira une immense bibliothèque avec la collection complète des Pockets. Et des Folios. Et des Livres de Poche. Ensuite, jaurai le droit à un dîner romantique cuisiné par George Blanc en personne. Jen étais là de ma rêverie quand tout dun coup, je découvre une grande planche en bois dans le fond dune armoire. Je nai aucune idée de la raison pour laquelle on la rangé ici mais elle est idéale pour, par exemple, boucher les trous dans les clôtures. Toute contente je redescends, non sans me planter au passage une écharde dans lindex <o:p></o:p>
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Je pose la planche dans le fond du jardin puis je pars à la recherche doutils. Bizarrement, mon premier réflexe est de chercher dans le tiroir à couvert de la cuisine. Et oui, chez mes parents, il y a toujours un tournevis multi pointe rangé là. Une idée à ma mère. Dun autre côté, partie comme je suis, jaurais plutôt besoin de clous et dun marteau pour accrocher la planche entre les deux poteaux en bois. Je ne trouve rien non plus sous le canapé, endroit où moi je range habituellement les outils. Je fini enfin par trouver mon bonheur dans le garage. Le premier problème, cest quil y a tout un atelier en fait. Du coup jai le choix entre cinq marteaux différents et dix sortes de clous. Le second problème, cest que je ne suis absolument pas douée en bricolage et je nai aucune idée de ce dont je vais avoir besoin. Jattrape donc au hasard les premiers qui me tombe sous la main. Je devrais men sortir... <o:p></o:p>
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Pleine de bonne volonté, je matèle à la tâche. Je commence par vérifier soigneusement labsence totale de vaches, dinsectes ou doiseaux dans mon périmètre de travail. Je soulève maladroitement la planche qui, par miracle, fait la taille exacte du trou ! Cest super, en deux minutes cette histoire sera réglée ! <o:p></o:p>
Mais je décide de retourner dans la maison enlever lécharde de mon doigt, parce quelle me fait mal. Une fois dans la salle de bain, je fais tomber ma pince à épiler. Comme elle est tombé entre le lavabo et la baignoire, je mets cinq bonnes minutes, en me contorsionnant de façon ridicule, à la récupérer. Et comme il a fallu que je vide entièrement ma trousse de toilette sur le sol de la salle de bain pour la localiser, je passe à deux doigts dune gamelle spectaculaire en glissant sur le tube de dentifrice. Je me rattrape de justesse à la porte de la douche et je fini par réussir lopération délicate dextraction sans pleurer. Presque. Mais comme jai encore un peu mal et quune petite goutte de sang perle, je me mets un jolie pansement bleu. Avec ça, ça va tout de suite mieux, non ?<o:p></o:p>
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Je retourne dans le jardin. Je revérifie labsence total danimaux. Tout à lair tranquille. Je soulève la planche, tout en essayant de tenir un marteau et un clou. Ce nest pas facile mais je fini, au prix dénormes efforts des bras, à planter un clou. Fière de moi, je lâche la planche. Qui est bien sûr, trop lourde pour tenir avec un seul clou. Tout mon ouvrage tombe misérablement par terre. Je crois que cest à cette minute précise de ma vie que jai le plus regretter labsence de ma maman. Le bricolage, elle maîtrise. Elle sait faire, elle aime faire et moi, je me contente de lui apporter de temps en temps une tasse de thé. Voilà ma façon de bricoler : je demande aux autres de faire, et je moccupe du ravitaillement en boissons. On appelle ça « échange de bon procédé ». <o:p></o:p>
Hélas pour moi, aujourdhui, je nai pas le choix. Mais jai déjà les bras en compote ! Une petite pause simpose. Il fait si chaud !<o:p></o:p>
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A lintérieur, lair est à peine plus frais. Et, comme je nai pas encore fait de courses, la bouteille de limonade fraîche qui me fait fantasmer en cet instant est absente de mon frigo. Evidemment Je me contente donc dun grand verre deau tiède. <o:p></o:p>
Retour devant la planche. Je la déteste de tout mon coeur mais je ne renonce pas. Je veux pouvoir profiter de la chaise longue ! Au final je passe six longues heures à travailler. Je suis même obligé de consolider les deux poteaux qui au passage, accroche mon tee-shirt au barbelé et le déchire un peu. Je suis obligé de trouver une pelle pour mettre de la terre autour des pieds, afin de consolider ma construction. Jarrive, à grand renfort de clous et de scotch à faire tenir ma planche. Je suis si contente de moi ! Bon, je dois avouer quobjectivement, le résultat nest pas très esthétique. Ma planche était en fait un peu trop courte, du coup les deux poteaux sont penchés. Et le scotch pendouille un peu. Mais lensemble tiens. A moi la bronzette ! <o:p></o:p>
Je regarde lheure. Il est près de vingt heures. Le soleil est déjà en train de se coucher. Brusquement, ça me donne envie de pleurer. Jai des ampoules dans les mains. Mon travail est affreux. Je nen profiterai pas aujourdhui. Jai soif. Une araignée est venue me rendre visite, jai en très peur. Jai abîmé un vêtement que jaime beaucoup. Jai de la terre sur mon short en jean bleu clair.<o:p></o:p>
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Chapitre 4<o:p></o:p>
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Déprimée par cette mauvaise journée, je décide de prendre un long bain relaxant. Une fois dans la salle de bain, je commence à enlever mes vêtements. Et là, une douleur intense me traverse au moment où le tissus frotte le long de ma nuque. Je me regarde dans la glace. Jai pris un énorme coup de soleil ! Mon visage, mon cou, mes avant-bras et même mes mains sont écarlates. Jétais si absorbé par mon entreprise que je nai pas fait attention. Comme jai la peau très blanche, je passe lété à me tartiner dindice 90 mais là je lai totalement oublié. Maintenant ça me brûle. Très délicatement je prends une douche à peine tiède. Ça pique, cest douloureux. Puis la séance de séchage est une autre torture. <o:p></o:p>
Et au moment où je veux métaler une couche bienfaitrice de biafine, je sens tout le poids de la solitude. Comme je narrive pas à létaler correctement sur mon dos, jen ai dans les cheveux et sur mon débardeur propre. En plus, contre coup dune journée au soleil sans chapeau, je commence à avoir froid et mal à la tête. Quand je reverrai mes amis, je les étranglerai un peu pour mavoir abandonné là, puis je les attacherai en plein soleil, tout nus barbouillé de confiture, comme dans la chanson de Perret.
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Le soir je savoure mon poulet rôti devant la télé. Le choix est limité, il y a la un, la deux, la trois, la cinq et la six. Ça change de mes trente-quatre chaînes à Paris, mais au moins le choix est vite fait. Je compense par le plaisir de manger avec les doigts comme une gamine.
Enfin la soirée passe tout de même lentement.
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La nuit sannonce longue. Pas une voiture, pas un métro, pas un avion qui ne passe pour me bercer de son vacarme familier. Puis brusquement je sursaute violemment : la cloche de léglise sonne les onze coups. Ma maison se trouvant juste derrière, je dois être celle du village qui en profite le mieux. Je finis par mendormir dun sommeil agité. Je passe la nuit à rêver de vaches menaçantes qui men veulent davoir fermer le trou dans la clôtures. Du coup elles me poursuivent à travers les champs où personne ne mentend quand jappelle au secours.
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Le lendemain, je suis réveillé à cinq heures du matin. Parce que les rideaux écrus, cest sûrement très jolis, mais ça nempêche absolument pas la lumière dentrer dans la pièce. Il fait donc totalement jour dans ma chambre. En plus,tous les oiseaux du coin semblent sêtre donné rendez-vous sous ma fenêtre pour me faire un concert privé. Vous croyez que je peux en assommer quelques uns, de mon lit, en lançant un ou deux coussins par la fenêtre ? La journée commence comme un matin à la campagne. A part le chant des oiseaux un peu crispant et un chien, très loin, qui aboie, pas un bruit. Toujours aucun coup de klaxon, aucun camion poubelle bruyant, bref aucun signe sonore familier de vie ! La cloche de léglise résonne. Maintenant, cest sûr, je ne pourrais plus me rendormir, autant me lever.
Comme je nai toujours pas fait de courses dans un magasin digne de ce nom, je nai pas de café, pas de pain, pas de jus dorange. Et à cinq heures du matin, je peux toujours attendre pour avoir mon croissant, dici que la boulangerie ouvre, je serai morte de faim. En fouillant dans les placard de la cuisine, je découvre le saint graal : un pot de confiture ! Javoue, nature, cest pas top, mais mon choix se réduit à confiture nature ou reste de poulet rôti froid ou encore poulet rôti froid à la confiture. Lidée est un peu écurante, cest vrai.
Pour oublier ma faim je décide de mhabiller et de faire un tour dans le village en attendant que les boutiques ouvrent. Une fois devant le miroir, je fais une découverte qui inscrit définitivement cette journée dans les annales des « jours les plus pourris de la galaxie ». Je suis victime des effets secondaires et violents du coup de soleil. Brûlure au vingt-cinquième degré sur le nez égal pelage assurer. Mon appendice nasal ne ressemble plus à rien, si ce nest à un genre de choucroute bizarre, rouge et affreuse. La biafine apaise un peu la rougeur mais bon, cest pas aujourdhui que je défilerai pour lOréal
La journée étant définitivement ruinée, je sors un peu, histoire de profiter au moins de la fraîcheur matinale.
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Chapitre 6<o:p></o:p>
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Sur la place de village japerçois le boucher en train de charger sa camionnette blanche. Quand il me voit, il me fait signe de la main. Je me rappelle les vers quil mavait cité la veille. Cest quand même intrigant. Et comme jai continué mon chemin sans ralentir, je suis maintenant obligé daller lui parler, à moins de faire un brusque demi-tour, ce qui serait totalement impoli. A mon approche, il me sourit gentiment.
« Vous êtes bien matinale. Je croyais que les vacances étaient faîtes pour se reposer.
- Jai bien essayé de dormir mais les oiseaux était dun autre avis. »
Je lui explique ensuite mon problème de rideaux quand je maperçois quil ne peut sempêcher de fixer mon nez. Vu le carnage que cest, je ne lui en veut même pas et jenchaîne sur mon problème de vaches envahissantes. Il rigole un peu mais rajoute que si ça peut me rendre service, il pourra mapporter une barrière. Cest chou
Le voyant jeter un coup dil à sa montre, je décide de continuer ma balade.
« Jai été contente de vous revoir et de discuter un peu. (Mais pourquoi je dis ça ?) Mais je ne vais pas vous retenir plus longtemps. (voilà, remettons les choses en place tout de suite).
- Oh mais non ! Vous ne me déranger absolument pas Mais je suis en train de charger la camionnette pour partir au CERTO vous savez le concours »
Jopine de la tête sans vraiment écouter ce quil bafouille. Je viens dapercevoir dans des bocaux de choses multicolores flottants dans un liquide qui ressemble à de la gélatine. On dirait des bouts de caoutchouc multicolore dans du formol, comme dans un mauvais film de science-fiction. Si ça se trouve, en vérité, ce nest pas un simple boucher de campagne mais un savant fou qui fait des expériences bizarres et illégales. Il fait des mélange étranges et il est sur le point de découvrir LA formule qui révolutionnera le monde, celle qui permettra de créer un vernis à ongle qui sèche en moins de sept seconde, qui tient trois semaines et qui pousse avec les ongles !
- Alors, vous êtes daccord ?
Je raterris brusquement sur terre. Je nai strictement aucune idée de ce quil vient de mexpliquer ni en quoi consiste sa demande. Vu lair mi-souriant mi-suppliant quil fait, jhésite un inst ant avant de répondre.
-Euh et bien oui... »
Son sourire délargit et il ouvre la portière. Zut. Je ne sais pas ce que je viens daccepter, mais je crois quil faut maintenant que je monte dans la camionnette. Je me rappelle son invitation de la veille et quil vient de réitérer sa demande, que je suis daccord et que je vais faire le trajet avec lui. Je suis tellement en train de me sermonner moralement sur le fait quil faille écouter les gens quand ils vous parlent, que je ne trouve pas de moyen de refuser après avoir dit oui. Aucune excuse ne fonctionne, vu que je lui ai raconté que je navais rien à faire A contre-cur pour le moment, je minstalle.
Sur la route, on commence à discuter. Il mexplique le principe du concours, le fait que son père et son grand-père déjà y participaient déjà avant lui et tout les efforts quil a fait cette année pour créer une terrine de veau aux myrtilles, sauce (boisson du coin).
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votre commentaire -
Par Naboomie le 1 Juin 2008 à 12:40Un amour de Terrine
Par Claire Delhomme.
« Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps. »
Chapitre 1
Viens, tu verras, ça sera génial!
Je restai septique et vous verrez que ce nétait pas à tord. Déjà, lidée de louer une maison au fin fond de la campagne, même avec des amis, ça ne memballait pas trop. Je ne sais pas pour vous, mais moi, au bout de deux jours de verdure à perte de vue, jai tendance à faire des overdoses de chlorophylle. Jusque là, cest vrai, ça allait à peu près. Jétais assise dans le TGV et sur le point darriver à Bourg-en Bresse, où mes chers amis devaient venir me chercher.
Puis mon téléphone a sonné et là mon Fear Factor personnel a commencé. Daprès ce quils tentent de mexpliquer, il y aurai un tout petit changement programme qui fait que je serais seule quelques jours, oh, vraiment pas longtemps. Jécoute à peine leurs explications et leurs excuses. La seule chose que je comprends dans leur charabia cest que je vais devoir passer les premiers jours de ces vacances si prometteuses abandonnée dans un village perdu au fin fond du néant campagnard, en plein mois daoût. Ce ne sera peut être que quelques jours mais jai déjà limpression de démarrer un voyage de lextrême. En plus, la climatisation du train est en panne depuis deux heures alors quil doit faire 72°c à lombre. Depuis Paris, jen suis déjà à ma quatrième mini bouteille dEvian, le môme insupportable assis à côté de moi commence à sentir dangereusement des pieds et je crois que mon mascara non water proof coule.
« Génial » nest peut-être pas exactement le qualificatif que jaurai utilisé
Bien sûr, quand jarrive à la gare, je ne trouve pas de taxi. Après avoir erré avec mon immense valise, mon sac à dos et mon sac à main top tendance mais énorme, jatterri dans un café. Le patron est sympa avec moi et après avoir discuter un peu avec lui, une solution semble se présenter. La façon la plus simple pour rejoindre le village dindien où mattend la location - à soixante petits kilomètres dici - cest dattendre le lendemain matin et de partir avec la boulangère, parce que le taxi est parti en vacances. Mais non, ça la dérangera pas, cest une amie à lui, et elle adore discuter alors ça lui fera plaisir davoir un peu de compagnie.
De toute façon, vu les circonstances, je nai pas trop le choix.
Le lendemain, après avoir passer une nuit dans un vieil hôtel, tenu par un vieux monsieur, jembarque à bord dune vieille camionnette à croire quils ont rien de neuf ici- avec la vieille boulangère. Elle est plutôt gentille, le problème cest queffectivement elle aime parler. Beaucoup. Trop. Et en plus, il y a un petit détail que je navais pas capté : ce nest pas elle qui maccompagne au village, cest moi qui laccompagne dans sa tournée ! Donc au lieu de mettre une demi heure, il nous faut trois heures de route, le temps de passer par tous les hameaux de la régions. Comme cest une femme très serviable, elle a lextrême amabilité de me faire lhistorique de chaque clocher, de me retracer la généalogie de chaque famille et de me raconter les rumeurs de chaque coin de rue. Jadore les potins, mais savoir que Madame Simone avait déchiré une carte postale le mois dernier après avoir foutu une claque à Marcel, soit disant parce que son tracteur avait écrasé des géraniums, très honnêtement, je narrive pas à mintéresser, oui, même en faisait un gros effort. Enfin bon, au bout de trois heures qui en valent mille, et où jai vaillamment résisté à lenvie darracher le pare soleil pour assommer mon chauffeur bavard, jarrive sur la place de Poncin.
Ô joie, Ô bonheur. Me voilà tel Ulysse ayant enfin atteint les rivages dIthaque. Soulagée dêtre enfin arriver, je remercie tout de même chaleureusement Martine. Mais mon bonheur est hélas de courte durée. Je regarde lentement autour de moi. Où suis-je encore tombée ? Quai-je fais pour mériter ça ? Moi qui ai du mal à survivre loin du métro, de la place Soufflot et du jardin des plantes ?? Cest une mauvaise blague ou une caméra cachée, mais je refuse de croire que lendroit « trop coooool » choisi par mes potes soit ce village de quatre-vingts seize habitants dont soixante-treize sont sûrement du troisième âge !
Maintenant jen suis tout à fait certaine : je vais mourir.
En plus, si ça se trouve, se ne sont même pas des vieux mais des extraterrestres déguisés en humain, comme dans Men in Black, parce que franchement, quel humain voudrait sexiler dans un trou pareil ? Ils vont prendre le contrôle de mon cerveau et mobligé à labourer les champs avec mes super sandales qui seront ravagés par la terre. Puis ils me feront couper du bois pour lhiver jusqu'à ce que mes mains aient des rides et des ampoules !
Bon, comme je suis super courageuse, je soulève quand même mes bagages et je prends la première - et unique - rue afin de trouver mon gîte. Lavantage, cest que je risque pas de me tromper, il ny en a quune seule avec laffreux macaron « gîtes de France » et vu la taille du village, je ne risque pas de me perdre.
Sauf que je nétais pas censé être la première ici. Donc je nai pas les clés
Là, nouvelle angoisse. Il me faut bien dix minutes pour trouver un endroit où mon portable capte afin dappeler mes amis pour avoir le numéro ou ladresse du propriétaire. Ces dix minutes sont très significatives à mes yeux : je vais passer quelques jours seule au monde, dans un endroit où je naurais pas constamment cinq barrettes de réseau ! Je commence à avoir des sueurs froides. Respirer profondément, calmement. Je peux le faire. Je finis par obtenir une tonalité et à établir une communication en me tenant debout sur un petit muret en ciment et en me penchant un peu. Ouf.
Une fois prévenu, le propriétaire ne met que quelques minutes à venir puisquil habite aussi dans le village. Cest un vieux monsieur (encore !), assez gentil, qui a un talent remarquable. En moins de trois minutes montre en main il arrive à me raconter une grande partie de sa vie marital, le caractère difficile de sa femme et à me demander darroser sa plante verte. Il parait que sa femme fait une allergie mais lui, il ne peut pas sen passer, il ladore, sa petite plante. Du coup il la mise dans la maison, et il vient tous les deux jours pour soccuper delle. Il ma dit le nom exact en français et en latin mais je lai instantanément oublié. Ne voyant pas trop comment refuser ni comment lui expliquer que je nai absolument pas la main verte, jaccepte du bout des lèvres.
Puis je découvre avec quelques appréhensions lintérieur de la maison. Tout dabord la cuisine. Immédiatement je me sens mieux. Il y a un four micro-onde qui me permettra de ne pas mourir de faim. Comble du luxe, je découvre ensuite une machine à café. Ma survie sera peut-être, je dit bien peut-être, possible finalement
Comme il est déjà presque midi, je décide de continuer mon exploration après le déjeuner. Sauf que le frigo est vide. Evidemment. Heureusement, face aux grands problèmes, je nai jamais eu peur de prendre les grandes décisions nécessaires. Je décide donc immédiatement de planter un potager. Dun côté, je mettrais les légumes et de lautre, des herbes aromatiques en tout genre. Et je construirai une petite fontaine en marbre blanc. Et je pourrai élever quelques poules et des lapins. Je construirai moi-même de beaux clapiers que je peindrai en rose et vert anis. Jai vu ça dans déco, cest top tendance pour les chambres. Et je ne vois pas pourquoi les lapins nauraient pas le droit davoir de beaux murs. Et je ferais des tartes aux myrtilles. Ou une tarte au citron. Bien sûr il faut dabord que je plante les arbres, mais ça je demanderai à ma maman, elle sy connaît bien en plantation. Et je ferai des gratins aux légumes du jardins. Et je
Javoue, en fait, jai juste fini de manger le paquet de petits Lu que javais encore dans mon sac, un paquet entier de fraises tagadas dailleurs ça écure très vite - et un chewing-gum. Le tout arroser dun grand verre deau. Les poules, les arbres et la tarte attendront
Voilà, ça cest fait Maintenant grande question : comment vais-je occuper mon après-midi moi ? Ici, sans voiture, sans réseau, sans ordinateur, sans personne ? Pour ne pas tourner en rond, je prends ma valise et je commence à explorer mon nouvel intérieur. On appelle ça la « familiarisation avec le milieu hostile ». En premier, le salon. Rien de très intéressant, sauf un lecteur DVD. Mais je nai pas pris de DVD avec moi, évidemment. Je découvre aussi la plante dont je dois moccuper. Elle trône, immense, dans un pot en plein milieu de la table de basse. Personnellement, je lui trouve rien de particulier, mais la botanique, ça na jamais été mon fort. En plus, je trouve quelle gêne sur la table. Je la soulève avec difficulté elle pèse une tonne cinq au moins ! et la pose dans un coin de la salle. Puis je découvre les toilettes. Il y a un petit cadre représentant une Sainte. Etrange idée que de laccrocher là, non ? Mais bon, je ne veux pas juger. A létage, quatre chambres et deux salles de bain. Je prends tout mon temps pour choisir la plus belle pièce, les premiers arrivés sont les premiers servit, et toc ! Je minstalle tranquillement dans une belle pièce lumineuse avec de jolis rideaux écrus. Le lit grince un peu mais de toute façon, tous les lits où jai dormi, à la campagne, grinçaient. Je vide ma valise, je retouche mon gloss., je revérifie pour la cinquième fois labsence de message sur mon répondeur Il doit au moins être 14h là.
Je vérifie avec espoir à mon poignet. 12h15. Et là, tout à coup, je ressens comme une vague de panique. A la campagne, le temps sarrête. Je vérifie ce phénomène depuis que je suis toute petite. A chaque fois cest pareil. Il suffit que je méloigne un peu des relais téléphone, quil y ait autour de moi trois champs ou plus et que je sois à moins de deux cent mètre dune vrai vache et là ça ne loupe jamais. Le temps sarrête, lair semble immobile et jentends mon propre souffle. Je suis comme perdu dans le vide galactique. Langoisse totale. Jai du mal à respirer. Jai besoin du contact de la civilisation. Rapidement ! Tout de suite !
Chapitre 2
Cest ainsi, avec la ferme attention de pactiser avec les peuplades de ces terres reculées, que je quitte la maison. Jadore les gâteaux secs, mais de la à ne manger que ça pendant trois jours, il y a tout un monde.
Je sors dans la rue et me dirige lentement vers la place centrale. Lambiance est menaçante. Il fait très chaud. Tout est silencieux. Le village semble désert. On se croirait dans un mauvais Western, surtout quand je vois une poule traverser la rue en picotant. Je pourrai croiser John Wayne que ça ne métonnerai quà moitié. Jessaye de me concentrer sur mon objectif : trouver de quoi remplir mon frigo. Je me laisse guider par lodeur alléchante dun poulet rôti. Cette solution est mille fois plus simple que de courir moi-même après une volaille qui refuse de ce laisser attraper.
Cest ainsi que j'ai atterrie dans cette petite boucherie local. Tant mieux pour moi, cette boutique semble être le point de ralliement du village, là où tout se passe, là où ça bouge ! C'est-à-dire quau moment où jarrive, il y a trois vieilles dames et le boucher qui discutent avec animation. Autant dire quil y a foule !
La première des vieille est assise sur une chaise, son caddie rose fluo coller à elle. La seconde tiens dans ses bras un genre de caniche affreux blanc sale qui aboie aigu. Je déteste les chiens et encore plus les caniches qui aboient aigu. La troisième, superbe dans sa jolie blouse fleurie, très estivale, bouge avec conviction les bras dans tous les sens pour appuyer ses propos. Mais au moment où jentre, jassiste à un magnifique arrêt sur image grandeur nature. Cest impressionnant. En une fraction de seconde, les trois arrêtent leurs bavardages, se tournent vers moi et me passent au scanner intégral. Cest encore pire que lors dun entretient dembauche ! Faut dire que je ne dois pas avoir le look couleurs locales avec mes sandales compensées, mon sac à main top tendance et ma manucure nickel. Heureusement quelles ne savent pas que jai mon pass navigo dans une poche et un téléphone portable dernière génération dans lautre. Puis, brusquement, comme si je navais jamais fais irruption dans leur monde, elles repartent de plus belles dans la critique gastronomique du dernier déjeuner de famille donner par la voisine, Madame Jeannine semble-t-il. Résignée à mourir dennuie debout en attendant mon tour, je passe en revue la boutique du regard. Elle a tous les détails du commerce de proximité villageois. A gauche de la porte, un grand bac remplie de paquets de chips en tout genre. Personnellement, je déteste ceux avec les goûts chimiques et bizarres genre « barbecue » ou « bolognaise » et pire encore : « oignon ». Jai toujours eu un problème avec les produits « goût oignon ». Une fois, lors dun voyage scolaire en Angleterre, alors que javais vraiment faim, une fille ma proposer un muffins que sa famille daccueil lui avait donné. A loignon. Sauf que je ne le savais pas. Et les muffins aux oignons, ce nest pas bon du tout. Une autre fois, sur un marché de Noël de dégustation, javais pris une grande cuillère de confiture à la poire pour goûter. Et surprise ! Je navais pas pioché dans le bon pot et jai avalé une grande bouché de confiture à loignon. Et la confiture à loignon, quand on attend de la poire, ce nest pas bon du tout non plus Mais je mégare là. Je pioche rapidement un paquet nature et je continue mon observation. Sur le même mur, il y avait des étagères avec des paquets de pâtes et des conserves en tout genre. Boucherie-épicerie, le grand luxe quoi... Le côté droit était occupé par la vitrine. Jai toujours trouvé ça un peu écoeurant : les salades composés qui ne ressembles à rien, les pâtés en croûte, toutes ces choses qui flottent dans de la gélatine brunâtre, et ces tranches de viandes sanguinolentes. Le pire dans tout ça, se sont les cervelles et les langues. Brrr rien que dy penser ça me donne la chair de poule. Je relève donc assez rapidement les yeux. Comme dans presque toutes les boucheries du pays, il y a un poster au mur avec un cochon rose en costume bleu et un chapeau à rayure, qui rigole. Je ne comprend pas. Pourquoi ont-ils tous cet affreux poster ? Cest un cadeau offert pour « toute boucherie ouverte » ? Et bien sûr, sur le comptoir, il y un autre petit cochon, en céramique celui là et avec une fente sur le dos. Il y a-t-il vraiment des gens qui donne un pourboire à leur boucher ?? Je trouve lidée étrange, après tout on nen donne pas dans les grands magasins, ou quand on achète un tee-shirt
Lattente séternise, cest-à-dire que jattends bientôt depuis plus de cinq minutes, ce qui est intenable pour quelquun qui comme moi, viens dune ville où quand on marche au lieu de courir cest quon est perdu ou touriste. Je tente alors de mintéresser discrètement à la conversation.
« Parait que le ptit de la Jeanne, cest le portrait craché de son père cest pas facile de commencer dans la vie avec un tel handicap
- Cest surtout triste pour la mère ! Si au moins il avait eu ses yeux, mais non ! En plus il parait quil suit les traces non recommandables de son frère
- Cest comme Luc, le fils de Madame Bourdin, hier il a été pris dans le jardin du vieux Maurice, en train de voler des framboises ! Il parait que »
Lanecdote est amusante mais je me lasse rapidement. Le boucher le remarque, ainsi que mon exaspération grandissante. Ok, cest parce que je pianote des doigts sur le bord de la vitrine en soufflant un peu et en regardant en lair depuis cinq minutes. Mais bon, je nallais quand même pas rester ici, à attendre que les trois vieilles passent en revue toute la population du village, leurs descendances et les voisins des petits enfants ! Même si cest drôle à écouter quelques instants.
« Alors mademoiselle, quest ce quil vous faut ?
Heureuse que ça soit enfin mon tour, je réponds en souriant.
- Un poulet rôti sil vous plait.
- Avec ou sans patates ?
- Sans, merci.
- Je suis désolé, elles ne veulent pas partir dit-il en agitant le sachet en papier.
- Pardon ??
- Les patates, elles ne veulent pas partir du sachet »
Avec un grand sourire, il secoue de nouveau le sac sur lequel est représenté une petite poule brune entourée de pommes de terre de jaunes, sur un fond de campagne. Je comprends la blague, il parle du dessin. Cest misérable. Mais au moins, maintenant je sais pourquoi il y a foule dans sa boutique : cest LE rigolo du village, celui qui y met de lanimation, qui le fait vivre ! Je tente un pauvre sourire mais je ne pense pas que soit très convainquant. La blague nest vraiment pas assez drôle. Je dois vraiment faire une tête bizarre, parce quil rajoute :
« Nattristez pas votre front gracieux, ce nest quune blague, continuez à sourire, cest si joli. Et il me fait un petit clin dil en emballant mon futur dîner. Là, je suis étonnée. Je dois faire erreur, ce nest pas possible. Non, sérieusement ?
- Désolée, je dois rêver debout, mais merci, cest gentil à vous
- Riez pourtant !
- Du sort ignorez la puissance »
Cest à son tour de faire un grand sourire. Je ne rêvais donc pas. Il est en train de me citer A une jeune fille de Victor Hugo. Je décide de le tester encore un peu, on ne sait jamais. Je lance au hasard :
« Maintenant que Paris, ses pavés et ses marbres
- Et sa brume et ses toits sont bien loin de mes yeux ;
Maintenant que je suis sous les branches des arbres
Et que je puis songer à la beauté des cieux »
A Villequier. Comme ça, sans hésiter, il complète les vers dun poème inconnu pour la plupart des littéraires que je fréquente habituellement. Jen reste bouche bée. Il a fallu que ça tombe sur un boucher perdu au fin fond de la campagne. Jai tellement du mal à y croire que je tente un dernier vers.
« Le rêve et la brume
-Vont où va la nuit ;
Paupières et roses
S'ouvrent demi-closes ;
Du réveil des choses
On entend le bruit. »
Laurore sallume. Sans faute, sans oublier un mot, il récite la fin de la strophe. Cet instant est magique. Pour la première fois de ma vie, je rencontre un homme qui :
1) sache du Victor Hugo par cur.
2) Ait moins de cinquante ans et ne sois pas à moitié chauve.
3) Ait un plan B dans la vie autre que chanteur, poète ou clochard-bôhème.
Lui aussi à lair content. Les trois vieilles, elles, sont muettes. On dirait trois statuts mais je suis certaine quelles ne perdent pas un mot de la conversation. Je soit sûrement être en train de leur donner matière à causer pour les vingt prochains hivers. Il me tend le poulet et les chips. Je paye et je mapprête à quitter la boutique quand il me demande timidement :
- Mademoiselle, si je peux me permettre, si cela vous intéresse, il y a le serto à Nantua, demain matin, vous devriez venir
- Le quoi ?
Devant mon ignorance, la vieille au caddie se met à pouffer. Je la calme immédiatement avec le regard-qui-tue-numéro-17.
- Le C-R-T-O. répète-t-il avec amabilité. Le Concours Régional de la Terrine dOr. En disant ça il rougit jusquà la racine des cheveux.
- Et bien, euh pourquoi pas
Pourquoi pas ? Jai déjà une très bonne raison qui me vient instantanément à lesprit : parce que je ne veux pas aller à une assemblée de rustres qui se réunissent pour manger du pâté en parlant cochon et volaille.
- Je ne sais pas, peut-être
- Ça me ferai plaisir
Il est tellemtent cramoisi que ça en devient touchant.
- Je verrai Au revoir Monsieur. »
Chapitre 3
De retour à la maison, je repense à la scène. Victor Hugo par cur quand même ! Où alors il nen connaît que trois et il a eu beaucoup de chance. Mais les probabilités sont minces. En plus il était plutôt mignon dans son genre mis à part le gros tatouage en forme de scorpion sur son bras droit et le petit en forme de triskèle celtique sur le poignet gauche. Je naime pas trop les tatouages, pour moi ça fait homme-qui-veut-faire-viril ou femme-qui-veut-faire-sexy alors quen fait, ça fait juste dessin-horrible-surtout-quand-on-vieilli. Mais bon, chacun ses lubies. Moi ça fait des années que je collectionne les dauphins en porcelaine pour les détruire, et personne ne comprend pourquoi
Jétais en train de minstaller une chaise longue dans le petit jardinet derrière la maison, toute entière à mon analyse quand soudain la peur de ma vie ! Je me retrouve presque nez à nez avec une gigantesque vache ! Elle, pas un battement de cil, pas un poil qui bouge, elle me regardait tranquillement en mâchouillant un touffe dherbe. Et en bavant un peu. Pour moi, les animaux, cest encore pire que la campagne. Que ça soit un escargot mignon, un chien gentil, un bébé phoque trop chou ou une Montbéliarde énorme qui sappelle Marguerite ça je le sais parce que cest écrit sur létiquette orange de son oreille je flippe.
Je vais vous expliquer. Pour la plupart des humains il y a différentes catégories danimaux: les insectes, les mammifères, les poissons, les reptiles, les oiseaux bref tout est bien ordonné selon des tas de critères précis. Chez moi cest beaucoup plus simple : il y a les animaux dangereux dune part et les animaux très dangereux dautre part. Ou alors quand je fais un effort, il peut y avoir : les animaux à éviter, les animmaux à éviter à tout prix, les animaux flippants et les animaux répugnants. Pourtant il faut faire attention. Même si je déteste toutes les bêtes, cela ne mempêche pas dêtre révoltée quand on les maltraite, dêtre farouchement opposé au port de la fourrure et des bijoux en ivoire et de haïr les méchants qui font des marées noires qui tuent les oiseaux et les poissons. Jaime les animaux, mais de loin.
Donc je me retrouve nez à nez avec Marguerite. La situation est totalement ridicule. Elle porte un nom de jolie petite fleur des prés alors quelle fait au moins un mètre cinquante au garrot pour huit cent kilo de viande ! Elle sest sûrement échapper du champ voisin pour venir brouter dans mon carré dherbe. Et ce nest pas moi, avec mes cinquante-cinq kilo tout mouillé, mon livre et ma chaise longue, qui vais la déplacer. Surtout que tout mon être refuse catégoriquement de sapprocher. Brusquement, toujours sans bouger, elle me lance un long meuuuuuuuuuh. Je fais un bond de cinq mètres en arrière tellement je sursaute fort. Je suis sûre quen plus, elle se moque de moi, on dirait vraiment la Vache qui Rit quand elle me regarde.
Puis, toujours tranquillement elle se met à avancer vers moi. Panique ! Elle se rapproche ! Alerte rouge ! Je me fais attaquer par un monstre à cornes ! Elle a une langue gigantesque quelle utilise pour nettoyer son nez qui coule ! Beurk ! Au secours !
Nécoutant que mon instinct de survie, je fais une prudente retraite dans la maison en priant très fort tous les dieux, même ceux de la mythologie grecque, de me sortir de ce mauvais pas. Je pense quils mont entendu vu que la vache, après avoir distraitement fait un tour sur la terrasse en ciment, fait demi-tour. Je la suis du regard. Il y a dans le fond du jardin un trou dans la clôture, qui donne directement sur un troupeau. Je vais devoir vivre face à dix génisses plus grosse que ma voiture pendant deux semaines. Cest sûr, je vais mourir. Le milieu est bien trop hostile. En plus, il y a maintenant une énorme bousse à moins dun mètre de ma chaise longue
Jappelle donc immédiatement le propriétaire de la maison - cool, je capte bien dans le jardin ! - pour lui expliquer mon problème dinvasion. Il a le culot de se marrer ! Il ne dois pas comprendre la détresse qui est mienne en cet instant. Savoir qua chaque instant mon espace vital peut être envahi par un représentant vivant de lespèce animal est une angoisse que je ne peux pas supporter. Au lieu de compatir, il me dit que ce trou existe depuis des années, que ce nest pas grave, quen général les vaches ont la trouille et quelles ne devraient plus revenir maintenant quelles ont vu que la maison était de nouveau occupée. Mais ma voix commence à monter dangereusement dans les aigus. Je dois avoir lair hystérique puisque au bout dun moment il fini par accepter de venir régler mon problème de cohabitation. Je le remercie chaleureusement quand il me dit :
« Bon et bien au revoir, je passerai demain.
- Très bien, merci beaucoup. A demain. » Et nous raccrochons.
Je ferme mon portable quand soudain je tilte. Demain ? Mais comment je vais passer laprès midi moi ? Je ne peux pas minstaller alors que le trou est là, béant ! Mais de là à le rappeler alors que je viens de me ridiculiser pendant dix minutes en le suppliant de faire quelque chose, cest trop. J espère très fort ne pas avoir le droit au Retour de la Vache II. Cette fois le salon me parait beaucoup plus accueillant, même si je regrette de devoir rester enfermer alors quil y a un super soleil dehors. De toute façon jai oublier mon tube de crème solaire indice 90.
Je tourne un peu en rond dans la maison. Je devrais profiter de cette solitude pour lire les romans que je dois lire pour la rentrée. Surtout quensuite je râle parce que je nai pas une minute de libre pour le faire. Mais jai avec moi deux perles de la littérature : Faust I et II de Goethe et Journal dun voyage de Montaigne. La deuxième partie du premier est si compliqué que même les grands critiques spécialisés narrivent pas à le commenter et le second est dun ennuie total. Pendant près de 300 pages, lauteur raconte le nombre de verres deau quil à bu dans chaque ville où il sest arrêté lors de son voyage, le nombre de fois où il a été aux selles et le nombres de bains quil à pris en détaillant le temps quil a passé dans chacun deux. A mourir. Cest à vous déprimer de la littérature. Pour compenser jai aussi amener Laccro au shopping dit oui de Sophie Kinsella, mais celui là je le connais presque par cur. Je sais, ma sélection nest pas top, mais je ne mattendais pas à finir toute seule je vous le rappelle !
Je remonte dans les chambres et jouvre tout les placards. On ne sait jamais, je vais peut être découvrir un passage secret avec un long couloir souterrain. Puis au bout dune heure de marche dans une ambiance lugubre mais où je garderai tout mon courage, je déboucherai dans une magnifique salle de bal où mattendra un prince charmant endormi sur un grand fauteuil royal. Je le réveillerai dun baiser. Au moment même où il ouvrira les yeux, il tombera follement amoureux de moi. On dansera au son dune musique divine joué par des elfes blancs. Je porterai tout dun coup la plus belle robe de chez Dior. Puis il memmènera visiter son beau palais climatisé. Et il moffrira une immense bibliothèque avec la collection complète des Pockets. Et des Folios. Et des Livres de Poche. Ensuite, jaurai le droit à un dîner romantique cuisiné par George Blanc en personne. Jen étais là de ma rêverie quand tout dun coup, je découvre une grande planche en bois dans le fond dune armoire. Je nai aucune idée de la raison pour laquelle on la rangé ici mais elle est idéale pour, par exemple, boucher les trous dans les clôtures. Toute contente je redescends, non sans me planter au passage une écharde dans lindex
Je pose la planche dans le fond du jardin puis je pars à la recherche doutils. Bizarrement, mon premier réflexe est de chercher dans le tiroir à couvert de la cuisine. Et oui, chez mes parents, il y a toujours un tournevis multi pointe rangé là. Une idée à ma mère. Dun autre côté, partie comme je suis, jaurais plutôt besoin de clous et dun marteau pour accrocher la planche entre les deux poteaux en bois. Je ne trouve rien non plus sous le canapé, endroit où moi je range habituellement les outils. Je fini enfin par trouver mon bonheur dans le garage. Le premier problème, cest quil y a tout un atelier en fait. Du coup jai le choix entre cinq marteaux différents et dix sortes de clous. Le second problème, cest que je ne suis absolument pas douée en bricolage et je nai aucune idée de ce dont je vais avoir besoin. Jattrape donc au hasard les premiers qui me tombe sous la main. Je devrais men sortir...
Pleine de bonne volonté, je matèle à la tâche. Je commence par vérifier soigneusement labsence totale de vaches, dinsectes ou doiseaux dans mon périmètre de travail. Je soulève maladroitement la planche qui, par miracle, fait la taille exacte du trou ! Cest super, en deux minutes cette histoire sera réglée !
Mais je décide de retourner dans la maison enlever lécharde de mon doigt, parce quelle me fait mal. Une fois dans la salle de bain, je fais tomber ma pince à épiler. Comme elle est tombé entre le lavabo et la baignoire, je mets cinq bonnes minutes, en me contorsionnant de façon ridicule, à la récupérer. Et comme il a fallu que je vide entièrement ma trousse de toilette sur le sol de la salle de bain pour la localiser, je passe à deux doigts dune gamelle spectaculaire en glissant sur le tube de dentifrice. Je me rattrape de justesse à la porte de la douche et je fini par réussir lopération délicate dextraction sans pleurer. Presque. Mais comme jai encore un peu mal et quune petite goutte de sang perle, je me mets un jolie pansement bleu. Avec ça, ça va tout de suite mieux, non ?
Je retourne dans le jardin. Je revérifie labsence total danimaux. Tout à lair tranquille. Je soulève la planche, tout en essayant de tenir un marteau et un clou. Ce nest pas facile mais je fini, au prix dénormes efforts des bras, à planter un clou. Fière de moi, je lâche la planche. Qui est bien sûr, trop lourde pour tenir avec un seul clou. Tout mon ouvrage tombe misérablement par terre. Je crois que cest à cette minute précise de ma vie que jai le plus regretter labsence de ma maman. Le bricolage, elle maîtrise. Elle sait faire, elle aime faire et moi, je me contente de lui apporter de temps en temps une tasse de thé. Voilà ma façon de bricoler : je demande aux autres de faire, et je moccupe du ravitaillement en boissons. On appelle ça « échange de bon procédé ».
Hélas pour moi, aujourdhui, je nai pas le choix. Mais jai déjà les bras en compote ! Une petite pause simpose. Il fait si chaud !
A lintérieur, lair est à peine plus frais. Et, comme je nai pas encore fait de courses, la bouteille de limonade fraîche qui me fait fantasmer en cet instant est absente de mon frigo. Evidemment Je me contente donc dun grand verre deau tiède.
Retour devant la planche. Je la déteste de tout mon coeur mais je ne renonce pas. Je veux pouvoir profiter de la chaise longue ! Au final je passe six longues heures à travailler. Je suis même obligé de consolider les deux poteaux qui au passage, accroche mon tee-shirt au barbelé et le déchire un peu. Je suis obligé de trouver une pelle pour mettre de la terre autour des pieds, afin de consolider ma construction. Jarrive, à grand renfort de clous et de scotch à faire tenir ma planche. Je suis si contente de moi ! Bon, je dois avouer quobjectivement, le résultat nest pas très esthétique. Ma planche était en fait un peu trop courte, du coup les deux poteaux sont penchés. Et le scotch pendouille un peu. Mais lensemble tiens. A moi la bronzette !
Je regarde lheure. Il est près de vingt heures. Le soleil est déjà en train de se coucher. Brusquement, ça me donne envie de pleurer. Jai des ampoules dans les mains. Mon travail est affreux. Je nen profiterai pas aujourdhui. Jai soif. Une araignée est venue me rendre visite, jai en très peur. Jai abîmé un vêtement que jaime beaucoup. Jai de la terre sur mon short en jean bleu clair.
Chapitre 4
Déprimée par cette mauvaise journée, je décide de prendre un long bain relaxant. Une fois dans la salle de bain, je commence à enlever mes vêtements. Et là, une douleur intense me traverse au moment où le tissus frotte le long de ma nuque. Je me regarde dans la glace. Jai pris un énorme coup de soleil ! Mon visage, mon cou, mes avant-bras et même mes mains sont écarlates. Jétais si absorbé par mon entreprise que je nai pas fait attention. Comme jai la peau très blanche, je passe lété à me tartiner dindice 90 mais là je lai totalement oublié. Maintenant ça me brûle. Très délicatement je prends une douche à peine tiède. Ça pique, cest douloureux. Puis la séance de séchage est une autre torture.
Et au moment où je veux métaler une couche bienfaitrice de biafine, je sens tout le poids de la solitude. Comme je narrive pas à létaler correctement sur mon dos, jen ai dans les cheveux et sur mon débardeur propre. En plus, contre coup dune journée au soleil sans chapeau, je commence à avoir froid et mal à la tête. Quand je reverrai mes amis, je les étranglerai un peu pour mavoir abandonné là, puis je les attacherai en plein soleil, tout nus barbouillé de confiture, comme dans la chanson de Perret.
Le soir je savoure mon poulet rôti devant la télé. Le choix est limité, il y a la un, la deux, la trois, la cinq et la six. Ça change de mes trente-quatre chaînes à Paris, mais au moins le choix est vite fait. Je compense par le plaisir de manger avec les doigts comme une gamine.
Enfin la soirée passe tout de même lentement.
La nuit sannonce longue. Pas une voiture, pas un métro, pas un avion qui ne passe pour me bercer de son vacarme familier. Puis brusquement je sursaute violemment : la cloche de léglise sonne les onze coups. Ma maison se trouvant juste derrière, je dois être celle du village qui en profite le mieux. Je finis par mendormir dun sommeil agité. Je passe la nuit à rêver de vaches menaçantes qui men veulent davoir fermer le trou dans la clôtures. Du coup elles me poursuivent à travers les champs où personne ne mentend quand jappelle au secours.
Le lendemain, je suis réveillé à cinq heures du matin. Parce que les rideaux écrus, cest sûrement très jolis, mais ça nempêche absolument pas la lumière dentrer dans la pièce. Il fait donc totalement jour dans ma chambre. En plus,tous les oiseaux du coin semblent sêtre donné rendez-vous sous ma fenêtre pour me faire un concert privé. Vous croyez que je peux en assommer quelques uns, de mon lit, en lançant un ou deux coussins par la fenêtre ? La journée commence comme un matin à la campagne. A part le chant des oiseaux un peu crispant et un chien, très loin, qui aboie, pas un bruit. Toujours aucun coup de klaxon, aucun camion poubelle bruyant, bref aucun signe sonore familier de vie ! La cloche de léglise résonne. Maintenant, cest sûr, je ne pourrais plus me rendormir, autant me lever.
Comme je nai toujours pas fait de courses dans un magasin digne de ce nom, je nai pas de café, pas de pain, pas de jus dorange. Et à cinq heures du matin, je peux toujours attendre pour avoir mon croissant, dici que la boulangerie ouvre, je serai morte de faim. En fouillant dans les placard de la cuisine, je découvre le saint graal : un pot de confiture ! Javoue, nature, cest pas top, mais mon choix se réduit à confiture nature ou reste de poulet rôti froid ou encore poulet rôti froid à la confiture. Lidée est un peu écurante, cest vrai.
Pour oublier ma faim je décide de mhabiller et de faire un tour dans le village en attendant que les boutiques ouvrent. Une fois devant le miroir, je fais une découverte qui inscrit définitivement cette journée dans les annales des « jours les plus pourris de la galaxie ». Je suis victime des effets secondaires et violents du coup de soleil. Brûlure au vingt-cinquième degré sur le nez égal pelage assurer. Mon appendice nasal ne ressemble plus à rien, si ce nest à un genre de choucroute bizarre, rouge et affreuse. La biafine apaise un peu la rougeur mais bon, cest pas aujourdhui que je défilerai pour lOréal
La journée étant définitivement ruinée, je sors un peu, histoire de profiter au moins de la fraîcheur matinale.
Chapitre 6
Sur la place de village japerçois le boucher en train de charger sa camionnette blanche. Quand il me voit, il me fait signe de la main. Je me rappelle les vers quil mavait cité la veille. Cest quand même intrigant. Et comme jai continué mon chemin sans ralentir, je suis maintenant obligé daller lui parler, à moins de faire un brusque demi-tour, ce qui serait totalement impoli. A mon approche, il me sourit gentiment.
« Vous êtes bien matinale. Je croyais que les vacances étaient faîtes pour se reposer.
- Jai bien essayé de dormir mais les oiseaux était dun autre avis. »
Je lui explique ensuite mon problème de rideaux quand je maperçois quil ne peut sempêcher de fixer mon nez. Vu le carnage que cest, je ne lui en veut même pas et jenchaîne sur mon problème de vaches envahissantes. Il rigole un peu mais rajoute que si ça peut me rendre service, il pourra mapporter une barrière. Cest chou
Le voyant jeter un coup dil à sa montre, je décide de continuer ma balade.
« Jai été contente de vous revoir et de discuter un peu. (Mais pourquoi je dis ça ?) Mais je ne vais pas vous retenir plus longtemps. (voilà, remettons les choses en place tout de suite).
- Oh mais non ! Vous ne me déranger absolument pas Mais je suis en train de charger la camionnette pour partir au CERTO vous savez le concours »
Jopine de la tête sans vraiment écouter ce quil bafouille. Je viens dapercevoir dans des bocaux de choses multicolores flottants dans un liquide qui ressemble à de la gélatine. On dirait des bouts de caoutchouc multicolore dans du formol, comme dans un mauvais film de science-fiction. Si ça se trouve, en vérité, ce nest pas un simple boucher de campagne mais un savant fou qui fait des expériences bizarres et illégales. Il fait des mélange étranges et il est sur le point de découvrir LA formule qui révolutionnera le monde, celle qui permettra de créer un vernis à ongle qui sèche en moins de sept seconde, qui tient trois semaines et qui pousse avec les ongles !
- Alors, vous êtes daccord ?
Je raterris brusquement sur terre. Je nai strictement aucune idée de ce quil vient de mexpliquer ni en quoi consiste sa demande. Vu lair mi-souriant mi-suppliant quil fait, jhésite un inst ant avant de répondre.
-Euh et bien oui... »
Son sourire délargit et il ouvre la portière. Zut. Je ne sais pas ce que je viens daccepter, mais je crois quil faut maintenant que je monte dans la camionnette. Je me rappelle son invitation de la veille et quil vient de réitérer sa demande, que je suis daccord et que je vais faire le trajet avec lui. Je suis tellement en train de me sermonner moralement sur le fait quil faille écouter les gens quand ils vous parlent, que je ne trouve pas de moyen de refuser après avoir dit oui. Aucune excuse ne fonctionne, vu que je lui ai raconté que je navais rien à faire A contre-cur pour le moment, je minstalle.
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Par Naboomie le 12 Mai 2008 à 17:28Un amour de Terrine
Par Claire Delhomme.
Chapitre 1
Viens, tu verras, ça sera génial!
Je restai septique et vous verrez que ce nétait pas à tord. Déjà, lidée de louer une maison au fin fond de la campagne, même avec des amis, ça ne memballait pas trop. Je ne sais pas pour vous, mais moi, au bout de deux jours de verdure à perte de vue, jai tendance à faire des overdoses de chlorophylle. Jusque là, cest vrai, ça allait à peu près, jétais assise dans le TGV et sur le point darriver à Bourg-en Bresse, où mes chers amis devaient venir me chercher.
Et puis mon téléphone a sonné et là mes mésaventures ont commencé. Daprès ce quils mexpliquent, il y aurai un tout petit changement programme qui fait que je serais seule quelques jours, oh, vraiment pas longtemps. Jécoute à peine leurs explications et leurs excuses. La seule chose que je comprends cest que je vais devoir passer les premiers jours de ces vacances si prometteuses abandonnée dans un village perdu au fin fond du néant campagnard, en plein mois daoût. Ce ne sera peut être que quelques jours mais jai déjà limpression de démarrer un voyage de lextrême. En plus, la climatisation du train est en panne depuis 2 heures alors quil doit faire 72°c à lombre. Depuis Paris, jen suis déjà à ma quatrième mini bouteille dEvian, le môme insupportable assis à côté de moi commence à sentir dangereusement des pieds et je crois que mon mascara non water proof coule.
« Génial » nest peut-être pas exactement le bon qualificatif
Bien sûr, quand jarrive à la gare, je ne trouve pas de taxi. Après avoir erré avec mon énorme valise, mon sac à dos et mon sac à main top tendance mais énorme, jatterri dans un café. Le patron est sympa avec moi et après avoir discuter un peu avec lui, il semble que le moyen le plus simple pour rejoindre le village dindien où mattend la location - à soixante petits kilomètres dici - cest dattendre le lendemain matin et de partir avec la boulangère, parce que le taxi est parti en vacances. Mais non, ça la dérangera pas, cest une amie à lui, et elle adore discuter alors ça lui fera plaisir davoir un peu de compagnie. Bon, va pour la boulangère. De toute façon, vu les circonstances, je nai pas trop le choix.
Le lendemain, après avoir passer une nuit dans un vieil hôtel, tenu par un vieux monsieur, jembarque à bord dune vieille camionnette à croire quils ont rien de neuf ici- avec la vieille boulangère. Elle est plutôt sympa, le problème cest queffectivement elle aime parler. Beaucoup. Trop. Et en plus, il y a un petit détail que je navais pas capté : ce nest pas elle qui maccompagne au village, cest moi qui laccompagne dans sa tournée ! Donc au lieu de mettre une demi heure, il nous faut trois heures de route, le temps de passer par tous les hameaux de la régions. Comme cest une gentille femme, elle a lextrême amabilité de me faire lhistorique de chaque clocher, de me retracer la généalogie de chaque famille et de me raconter les rumeurs de chaque coin de rue. Jadore les potins, mais savoir que Madame Simone avait déchiré une carte postale le mois dernier après avoir foutu une claque à Marcel, soit disant parce que son tracteur avait écrasé des géraniums, très honnêtement, je narrive pas à mintéresser, oui, même en faisait un gros effort. Enfin bon, au bout de trois heures qui en valent mille, et où jai vaillamment résisté à lenvie darracher le pare soleil pour assommer mon chauffeur bavard, jarrive sur la place de Poncin.
Ô joie, Ô bonheur. Me voilà tel Ulysse ayant enfin atteint les rivages dIthaque. Soulagée dêtre enfin arriver, je remercie tout de même chaleureusement Martine. Mais mon bonheur est hélas de courte durée. Je regarde lentement autour de moi. Où suis-je encore tombée ? Quai-je fais pour mériter ça ? Moi qui ai du mal à survivre loin du métro, de la place Soufflot et du jardin des plantes ?? Cest une mauvaise blague ou une caméra cachée, mais je refuse de croire que lendroit « trop coooool » choisi par mes potes soit ce village de quatre-vingts seize habitants dont soixante-treize sont sûrement du troisième âge ! Maintenant jen suis tout à fait certaine : je vais mourir. En plus, si ça se trouve, se ne sont même pas des vieux mais des extraterrestres déguisés en humain, comme dans Men in Black, parce que franchement, quel humain voudrait sexiler dans un trou pareil ? Ils vont prendre le contrôle de mon cerveau et mobligé à labourer les champs avec mes super sandales qui seront ravagés par la terre. Puis ils me feront couper du bois pour lhiver jusqu'à ce que mes mains aient des rides !
Bon, comme je suis super courageuse, je soulève quand même mes bagages et je prends la première - et unique - rue afin de trouver mon gîte. Lavantage, cest que je risque pas de me tromper, il ny en a quune seule avec laffreux macaron « gîtes de France » et vu la taille du village, je ne risque pas de me perdre.
Sauf que je nétais pas censé être la première ici. Donc je nai pas les clés Là, nouvelle angoisse. Il me faut bien dix minutes pour trouver un endroit où mon portable capte afin dappeler mes amis pour avoir le numéro ou ladresse du propriétaire. Ces dix minutes sont très significatives à mes yeux : je vais passer quelques jours seule au monde, dans un endroit où je naurais pas constamment cinq barrettes de réseau ! Je commence à avoir des sueurs froides. Respirer profondément, calmement. Je peux le faire. Je finis par obtenir une tonalité et à récupérer le numéro. Ouf.
Une fois prévenu, le propriétaire ne met que quelques minutes à venir puisquil habite aussi dans le village. Cest un vieux monsieur (encore !), assez gentil, qui a un talent remarquable. En moins de trois minutes montre en main il arrive à me raconter une grande partie de sa vie marital, son mariage, le caractère difficile de sa femme et est ce que je veux bien arroser sa plante verte ? Il parait que sa femme fait une allergie mais lui, il ne peut pas sen passer, il ladore, sa petite plante. Du coup il la mise dans la maison, et il vient tous les deux jours pour soccuper delle. Il ma dit le nom exact en français et en latin mais je lai instantanément oublié. Ne voyant pas trop comment refuser ni comment lui expliquer que je nai absolument pas la main verte, jaccepte du bout des lèvres.
Puis je découvre avec quelques appréhensions lintérieur de la maison. Tout dabord la cuisine. Immédiatement je me sens mieux. Il y a un four micro-onde qui me permettra de ne pas mourir de faim. Comble du luxe, je découvre ensuite une machine à café. Ma survie sera peut-être, je dit bien peut-être, possible finalement
Comme il est déjà presque midi, je décide de continuer mon exploration après le déjeuner. Sauf que le frigo est vide. Evidemment. Heureusement, face aux grands problèmes, je nai jamais eu peur de prendre les grandes décisions nécessaires. Je décide donc immédiatement de planter un potager. Dun côté, je mettrais les légumes et de lautre, des herbes aromatiques en tout genre. Et je construirai une petite fontaine en marbre blanc. Et je pourrai élever quelques poules et des lapins. Je construirai moi-même de beaux clapiers que je peindrai en rose et vert anis. Jai vu ça dans déco, cest top tendance pour les chambres. Et je ne vois pas pourquoi les lapins nauraient pas le droit davoir de beaux murs. Et je ferais des tartes aux myrtilles. Ou une tarte au citron. Bien sûr il faut dabord que je plante les arbres, mais ça je demanderai à ma maman, elle sy connaît bien en plantation. Et je ferai des gratins aux légumes du jardins. Et je
Javoue, en fait, jai juste fini de manger le paquet de petits Lu que javais encore dans mon sac, un paquet entier de fraises tagadas dailleurs ça écure très vite - et un chewing-gum. Le tout arroser dun grand verre deau. Les poules, les arbres et la tarte attendront
Voilà, ça cest fait Maintenant grande question : comment vais-je occuper mon après-midi moi ? Ici, sans voiture, sans réseau, sans ordinateur, sans personne ? Pour ne pas tourner en rond, je prends ma valise et je commence à explorer mon nouvel intérieur. On appelle ça la « familiarisation avec le milieu hostile ». En premier, le salon. Rien de très intéressant, sauf un lecteur DVD. Mais je nai pas pris de DVD avec moi, évidemment. Je découvre aussi la plante dont je dois moccuper. Elle trône, immense, dans un pot en plein milieu de la table de basse. Personnellement, je lui trouve rien de particulier, mais la botanique, ça na jamais été mon fort. En plus, je trouve quelle gêne sur la table. Je la soulève avec difficulté elle pèse une tonne cinq au moins ! et la pose dans un coin de la salle. Puis je découvre les toilettes. Il y a un petit cadre représentant une Sainte. Etrange idée que de laccrocher là, non ? Mais bon, je ne veux pas juger. A létage, quatre chambres et deux salles de bain. Je prends tout mon temps pour choisir la plus belle pièce, les premiers arrivés sont les premiers servit, et toc ! Je minstalle tranquillement dans une belle pièce lumineuse avec de jolis rideaux écrus. Le lit grince un peu mais de toute façon, tous les lits où jai dormi, à la campagne, grinçaient. Je vide ma valise, je retouche mon gloss., je revérifie pour la cinquième fois labsence de message sur mon répondeur Il doit au moins être 14h là.
Je vérifie avec espoir à mon poignet. 12h15. Et là, tout à coup, je ressens comme une vague de panique. A la campagne, le temps sarrête. Je vérifie ce phénomène depuis que je suis toute petite. A chaque fois cest pareil. Il suffit que je méloigne un peu des relais téléphone, quil y ait autour de moi trois champs ou plus et que je sois à moins de deux cent mètre dune vrai vache et là ça ne loupe jamais. Le temps sarrête, lair semble immobile et jentends mon propre souffle. Je suis comme perdu dans le vide galactique. Langoisse totale. Jai du mal à respirer. Jai besoin du contact de la civilisation. Rapidement ! Tout de suite !
Chapitre 2
Cest ainsi, avec la ferme attention de pactiser avec les peuplades de ces terres reculées, que je quitte la maison. Jadore les gâteaux secs, mais de la à ne manger que ça pendant trois jours, il y a tout un monde.
Je sors dans la rue et me dirige lentement vers la place centrale. Lambiance est menaçante. Il fait très chaud. Tout est silencieux. Le village semble désert. On se croirait dans un mauvais Western, surtout quand je vois une poule traverser la rue en picotant. Je pourrai croiser John Wayne que ça ne métonnerai quà moitié. Jessaye de me concentrer sur mon objectif : trouver de quoi remplir mon frigo. Je me laisse guider par lodeur alléchante dun poulet rôti. Cette solution est mille fois plus simple que de courir moi-même après une volaille qui refuse de ce laisser attraper.
Cest ainsi que j'ai atterrie dans cette petite boucherie local. Tant mieux pour moi, cette boutique semble être le point de ralliement du village, là où tout se passe, là où ça bouge ! C'est-à-dire quau moment où jarrive, il y a trois vieilles dames et le boucher qui discutent avec animation. Autant dire quil y a foule !
La première des vieille est assise sur une chaise, son caddie rose fluo coller à elle. La seconde tiens dans ses bras un genre de caniche affreux blanc sale qui aboie aigu. Je déteste les chiens et encore plus les caniches qui aboient aigu. La troisième, superbe dans sa jolie blouse fleurie, très estivale, bouge avec conviction les bras dans tous les sens pour appuyer ses propos. Mais au moment où jentre, jassiste à un magnifique arrêt sur image grandeur nature. Cest impressionnant. En une fraction de seconde, les trois arrêtent leurs bavardages, se tournent vers moi et me passent au scanner intégral. Cest encore pire que lors dun entretient dembauche ! Faut dire que je ne dois pas avoir le look couleurs locales avec mes sandales compensées, mon sac à main top tendance et ma manucure nickel. Heureusement quelles ne savent pas que jai mon pass navigo dans une poche et un téléphone portable dernière génération dans lautre. Puis, brusquement, comme si je navais jamais fais irruption dans leur monde, elles repartent de plus belles dans la critique gastronomique du dernier déjeuner de famille donner par la voisine, Madame Jeannine semble-t-il. Résignée à mourir dennuie debout en attendant mon tour, je passe en revue la boutique du regard. Elle a tous les détails du commerce de proximité villageois. A gauche de la porte, un grand bac remplie de paquets de chips en tout genre. Personnellement, je déteste ceux avec les goûts chimiques et bizarres genre « barbecue » ou « bolognaise » et pire encore : « oignon ». Jai toujours eu un problème avec les produits « goût oignon ». Une fois, lors dun voyage scolaire en Angleterre, alors que javais vraiment faim, une fille ma proposer un muffins que sa famille daccueil lui avait donné. A loignon. Sauf que je ne le savais pas. Et les muffins aux oignons, ce nest pas bon du tout. Une autre fois, sur un marché de Noël de dégustation, javais pris une grande cuillère de confiture à la poire pour goûter. Et surprise ! Je navais pas pioché dans le bon pot et jai avalé une grande bouché de confiture à loignon. Et la confiture à loignon, quand on attend de la poire, ce nest pas bon du tout non plus Mais je mégare là. Je pioche rapidement un paquet nature et je continue mon observation. Sur le même mur, il y avait des étagères avec des paquets de pâtes et des conserves en tout genre. Boucherie-épicerie, le grand luxe quoi... Le côté droit était occupé par la vitrine. Jai toujours trouvé ça un peu écoeurant : les salades composés qui ne ressembles à rien, les pâtés en croûte, toutes ces choses qui flottent dans de la gélatine brunâtre, et ces tranches de viandes sanguinolentes. Le pire dans tout ça, se sont les cervelles et les langues. Brrr rien que dy penser ça me donne la chair de poule. Je relève donc assez rapidement les yeux. Comme dans presque toutes les boucheries du pays, il y a un poster au mur avec un cochon rose en costume bleu et un chapeau à rayure, qui rigole. Je ne comprend pas. Pourquoi ont-ils tous cet affreux poster ? Cest un cadeau offert pour « toute boucherie ouverte » ? Et bien sûr, sur le comptoir, il y un autre petit cochon, en céramique celui là et avec une fente sur le dos. Il y a-t-il vraiment des gens qui donne un pourboire à leur boucher ?? Je trouve lidée étrange, après tout on nen donne pas dans les grands magasins, ou quand on achète un tee-shirt
Lattente séternise, cest-à-dire que jattends bientôt depuis plus de cinq minutes, ce qui est intenable pour quelquun qui comme moi, viens dune ville où quand on marche au lieu de courir cest quon est perdu ou touriste. Je tente alors de mintéresser discrètement à la conversation.
« Parait que le ptit de la Jeanne, cest le portrait craché de son père cest pas facile de commencer dans la vie avec un tel handicap
- Cest surtout triste pour la mère ! Si au moins il avait eu ses yeux, mais non ! En plus il parait quil suit les traces non recommandables de son frère
- Cest comme Luc, le fils de Madame Bourdin, hier il a été pris dans le jardin du vieux Maurice, en train de voler des framboises ! Il parait que »
Lanecdote est amusante mais je me lasse rapidement. Le boucher le remarque, ainsi que mon exaspération grandissante. Ok, cest parce que je pianote des doigts sur le bord de la vitrine en soufflant un peu et en regardant en lair depuis cinq minutes. Mais bon, je nallais quand même pas rester ici, à attendre que les trois vieilles passent en revue toute la population du village, leurs descendances et les voisins des petits enfants ! Même si cest drôle à écouter quelques instants.
« Alors mademoiselle, quest ce quil vous faut ?
Heureuse que ça soit enfin mon tour, je réponds en souriant.
- Un poulet rôti sil vous plait.
- Avec ou sans patates ?
- Sans, merci.
- Je suis désolé, elles ne veulent pas partir dit-il en agitant le sachet en papier.
- Pardon ??
- Les patates, elles ne veulent pas partir du sachet »
Avec un grand sourire, il secoue de nouveau le sac sur lequel est représenté une petite poule brune entourée de pommes de terre de jaunes, sur un fond de campagne. Je comprends la blague, il parle du dessin. Cest misérable. Mais au moins, maintenant je sais pourquoi il y a foule dans sa boutique : cest LE rigolo du village, celui qui y met de lanimation, qui le fait vivre ! Je tente un pauvre sourire mais je ne pense pas que soit très convainquant. La blague nest vraiment pas assez drôle. Je dois vraiment faire une tête bizarre, parce quil rajoute :
« Nattristez pas votre front gracieux, ce nest quune blague, continuez à sourire, cest si joli. Et il me fait un petit clin dil en emballant mon futur dîner. Là, je suis étonnée. Je dois faire erreur, ce nest pas possible. Non, sérieusement ?
- Désolée, je dois rêver debout, mais merci, cest gentil à vous
- Riez pourtant !
- Du sort ignorez la puissance »
Cest à son tour de faire un grand sourire. Je ne rêvais donc pas. Il est en train de me citer A une jeune fille de Victor Hugo. Je décide de le tester encore un peu, on ne sait jamais. Je lance au hasard :
« Maintenant que Paris, ses pavés et ses marbres
- Et sa brume et ses toits sont bien loin de mes yeux ;
Maintenant que je suis sous les branches des arbres
Et que je puis songer à la beauté des cieux »
A Villequier. Comme ça, sans hésiter, il complète les vers dun poème inconnu pour la plupart des littéraires que je fréquente habituellement. Jen reste bouche bée. Il a fallu que ça tombe sur un boucher perdu au fin fond de la campagne. Jai tellement du mal à y croire que je tente un dernier vers.
« Le rêve et la brume
-Vont où va la nuit ;
Paupières et roses
S'ouvrent demi-closes ;
Du réveil des choses
On entend le bruit. »
Laurore sallume. Sans faute, sans oublier un mot, il récite la fin de la strophe. Cet instant est magique. Pour la première fois de ma vie, je rencontre un homme qui :
1) sache du Victor Hugo par cur.
2) Ait moins de cinquante ans et ne sois pas à moitié chauve.
3) Ait un plan B dans la vie autre que chanteur, poète ou clochard-bôhème.
Lui aussi à lair content. Les trois vieilles, elles, sont muettes. On dirait trois statuts mais je suis certaine quelles ne perdent pas un mot de la conversation. Je soit sûrement être en train de leur donner matière à causer pour les vingt prochains hivers. Il me tend le poulet et les chips. Je paye et je mapprête à quitter la boutique quand il me demande timidement :
- Mademoiselle, si je peux me permettre, si cela vous intéresse, il y a le serto à Nantua, demain matin, vous devriez venir
- Le quoi ?
Devant mon ignorance, la vieille au caddie se met à pouffer. Je la calme immédiatement avec le regard-qui-tue-numéro-17.
- Le C-R-T-O. répète-t-il avec amabilité. Le Concours Régional de la Terrine dOr. En disant ça il rougit jusquà la racine des cheveux.
- Et bien, euh pourquoi pas
Pourquoi pas ? Jai déjà une très bonne raison qui me vient instantanément à lesprit : parce que je ne veux pas aller à une assemblée de rustres qui se réunissent pour manger du pâté en parlant cochon et volaille.
- Je ne sais pas, peut-être
- Ça me ferai plaisir
Il est tellemtent cramoisi que ça en devient touchant.
- Je verrai Au revoir Monsieur. »
Chapitre 3
De retour à la maison, je repense à la scène. Victor Hugo par cur quand même ! Où alors il nen connaît que trois et il a eu beaucoup de chance. Mais les probabilités sont minces. En plus il était plutôt mignon dans son genre mis à part le gros tatouage en forme de scorpion sur son bras droit et le petit en forme de triskèle celtique sur le poignet gauche. Je naime pas trop les tatouages, pour moi ça fait homme-qui-veut-faire-viril ou femme-qui-veut-faire-sexy alors quen fait, ça fait juste dessin-horrible-surtout-quand-on-vieilli. Mais bon, chacun ses lubies. Moi ça fait des années que je collectionne les dauphins en porcelaine pour les détruire, et personne ne comprend pourquoi
Jétais en train de minstaller une chaise longue dans le petit jardinet derrière la maison, toute entière à mon analyse quand soudain la peur de ma vie ! Je me retrouve presque nez à nez avec une gigantesque vache ! Elle, pas un battement de cil, pas un poil qui bouge, elle me regardait tranquillement en mâchouillant un touffe dherbe. Et en bavant un peu. Pour moi, les animaux, cest encore pire que la campagne. Que ça soit un escargot mignon, un chien gentil, un bébé phoque trop chou ou une Montbéliarde énorme qui sappelle Marguerite ça je le sais parce que cest écrit sur létiquette orange de son oreille je flippe.
Je vais vous expliquer. Pour la plupart des humains il y a différentes catégories danimaux: les insectes, les mammifères, les poissons, les reptiles, les oiseaux bref tout est bien ordonné selon des tas de critères précis. Chez moi cest beaucoup plus simple : il y a les animaux dangereux dune part et les animaux très dangereux dautre part. Ou alors quand je fais un effort, il peut y avoir : les animaux à éviter, les animmaux à éviter à tout prix, les animaux flippants et les animaux répugnants. Pourtant il faut faire attention. Même si je déteste toutes les bêtes, cela ne mempêche pas dêtre révoltée quand on les maltraite, dêtre farouchement opposé au port de la fourrure et des bijoux en ivoire et de haïr les méchants qui font des marées noires qui tuent les oiseaux et les poissons. Jaime les animaux, mais de loin.
Donc je me retrouve nez à nez avec Marguerite. La situation est totalement ridicule. Elle porte un nom de jolie petite fleur des prés alors quelle fait au moins un mètre cinquante au garrot pour huit cent kilo de viande ! Elle sest sûrement échapper du champ voisin pour venir brouter dans mon carré dherbe. Et ce nest pas moi, avec mes cinquante-cinq kilo tout mouillé, mon livre et ma chaise longue, qui vais la déplacer. Surtout que tout mon être refuse catégoriquement de sapprocher. Brusquement, toujours sans bouger, elle me lance un long meuuuuuuuuuh. Je fais un bond de cinq mètres en arrière tellement je sursaute fort. Je suis sûre quen plus, elle se moque de moi, on dirait vraiment la Vache qui Rit quand elle me regarde.
Puis, toujours tranquillement elle se met à avancer vers moi. Panique ! Elle se rapproche ! Alerte rouge ! Je me fais attaquer par un monstre à cornes ! Elle a une langue gigantesque quelle utilise pour nettoyer son nez qui coule ! Beurk ! Au secours !
Nécoutant que mon instinct de survie, je fais une prudente retraite dans la maison en priant très fort tous les dieux, même ceux de la mythologie grecque, de me sortir de ce mauvais pas. Je pense quils mont entendu vu que la vache, après avoir distraitement fait un tour sur la terrasse en ciment, fait demi-tour. Je la suis du regard. Il y a dans le fond du jardin un trou dans la clôture, qui donne directement sur un troupeau. Je vais devoir vivre face à dix génisses plus grosse que ma voiture pendant deux semaines. Cest sûr, je vais mourir. Le milieu est bien trop hostile. En plus, il y a maintenant une énorme bousse à moins dun mètre de ma chaise longue
Jappelle donc immédiatement le propriétaire de la maison - cool, je capte bien dans le jardin ! - pour lui expliquer mon problème dinvasion. Il a le culot de se marrer ! Il ne dois pas comprendre la détresse qui est mienne en cet instant. Savoir qua chaque instant mon espace vital peut être envahi par un représentant vivant de lespèce animal est une angoisse que je ne peux pas supporter. Au lieu de compatir, il me dit que ce trou existe depuis des années, que ce nest pas grave, quen général les vaches ont la trouille et quelles ne devraient plus revenir maintenant quelles ont vu que la maison était de nouveau occupée. Mais ma voix commence à monter dangereusement dans les aigus. Je dois avoir lair hystérique puisque au bout dun moment il fini par accepter de venir régler mon problème de cohabitation. Je le remercie chaleureusement quand il me dit :
« Bon et bien au revoir, je passerai demain.
- Très bien, merci beaucoup. A demain. » Et nous raccrochons.
Je ferme mon portable quand soudain je tilte. Demain ? Mais comment je vais passer laprès midi moi ? Je ne peux pas minstaller alors que le trou est là, béant ! Mais de là à le rappeler alors que je viens de me ridiculiser pendant dix minutes en le suppliant de faire quelque chose, cest trop. J espère très fort ne pas avoir le droit au Retour de la Vache II. Cette fois le salon me parait beaucoup plus accueillant, même si je regrette de devoir rester enfermer alors quil y a un super soleil dehors. De toute façon jai oublier mon tube de crème solaire indice 90.
Je tourne un peu en rond dans la maison. Je devrais profiter de cette solitude pour lire les romans que je dois lire pour la rentrée. Surtout quensuite je râle parce que je nai pas une minute de libre pour le faire. Mais jai avec moi deux perles de la littérature : Faust I et II de Goethe et Journal dun voyage de Montaigne. La deuxième partie du premier est si compliqué que même les grands critiques spécialisés narrivent pas à le commenter et le second est dun ennuie total. Pendant près de 300 pages, lauteur raconte le nombre de verres deau quil à bu dans chaque ville où il sest arrêté lors de son voyage, le nombre de fois où il a été aux selles et le nombres de bains quil à pris en détaillant le temps quil a passé dans chacun deux. A mourir. Cest à vous déprimer de la littérature. Pour compenser jai aussi amener Laccro au shopping dit oui de Sophie Kinsella, mais celui là je le connais presque par cur. Je sais, ma sélection nest pas top, mais je ne mattendais pas à finir toute seule je vous le rappelle !
Je remonte dans les chambres et jouvre tout les placards. On ne sait jamais, je vais peut être découvrir un passage secret avec un long couloir souterrain. Puis au bout dune heure de marche dans une ambiance lugubre mais où je garderai tout mon courage, je déboucherai dans une magnifique salle de bal où mattendra un prince charmant endormi sur un grand fauteuil royal. Je le réveillerai dun baiser. Au moment même où il ouvrira les yeux, il tombera follement amoureux de moi. On dansera au son dune musique divine joué par des elfes blancs. Je porterai tout dun coup la plus belle robe de chez Dior. Puis il memmènera visiter son beau palais climatisé. Et il moffrira une immense bibliothèque avec la collection complète des Pockets. Et des Folios. Et des Livres de Poche. Ensuite, jaurai le droit à un dîner romantique cuisiné par George Blanc en personne. Jen étais là de ma rêverie quand tout dun coup, je découvre une grande planche en bois dans le fond dune armoire. Je nai aucune idée de la raison pour laquelle on la rangé ici mais elle est idéale pour, par exemple, boucher les trous dans les clôtures. Toute contente je redescends, non sans me planter au passage une écharde dans lindex
Je pose la planche dans le fond du jardin puis je pars à la recherche doutils. Bizarrement, mon premier réflexe est de chercher dans le tiroir à couvert de la cuisine. Et oui, chez mes parents, il y a toujours un tournevis multi pointe rangé là. Une idée à ma mère. Dun autre côté, partie comme je suis, jaurais plutôt besoin de clous et dun marteau pour accrocher la planche entre les deux poteaux en bois. Je ne trouve rien non plus sous le canapé, endroit où moi je range habituellement les outils. Je fini enfin par trouver mon bonheur dans le garage. Le premier problème, cest quil y a tout un atelier en fait. Du coup jai le choix entre cinq marteaux différents et dix sortes de clous. Le second problème, cest que je ne suis absolument pas douée en bricolage et je nai aucune idée de ce dont je vais avoir besoin. Jattrape donc au hasard les premiers qui me tombe sous la main. Je devrais men sortir...
Pleine de bonne volonté, je matèle à la tâche. Je commence par vérifier soigneusement labsence totale de vaches, dinsectes ou doiseaux dans mon périmètre de travail. Je soulève maladroitement la planche qui, par miracle, fait la taille exacte du trou ! Cest super, en deux minutes cette histoire sera réglée !
Mais je décide de retourner dans la maison enlever lécharde de mon doigt, parce quelle me fait mal. Une fois dans la salle de bain, je fais tomber ma pince à épiler. Comme elle est tombé entre le lavabo et la baignoire, je mets cinq bonnes minutes, en me contorsionnant de façon ridicule, à la récupérer. Et comme il a fallu que je vide entièrement ma trousse de toilette sur le sol de la salle de bain pour la localiser, je passe à deux doigts dune gamelle spectaculaire en glissant sur le tube de dentifrice. Je me rattrape de justesse à la porte de la douche et je fini par réussir lopération délicate dextraction sans pleurer. Presque. Mais comme jai encore un peu mal et quune petite goutte de sang perle, je me mets un jolie pansement bleu. Avec ça, ça va tout de suite mieux, non ?
Je retourne dans le jardin. Je revérifie labsence total danimaux. Tout à lair tranquille. Je soulève la planche, tout en essayant de tenir un marteau et un clou. Ce nest pas facile mais je fini, au prix dénormes efforts des bras, à planter un clou. Fière de moi, je lâche la planche. Qui est bien sûr, trop lourde pour tenir avec un seul clou. Tout mon ouvrage tombe misérablement par terre. Je crois que cest à cette minute précise de ma vie que jai le plus regretter labsence de ma maman. Le bricolage, elle maîtrise. Elle sait faire, elle aime faire et moi, je me contente de lui apporter de temps en temps une tasse de thé. Voilà ma façon de bricoler : je demande aux autres de faire, et je moccupe du ravitaillement en boissons. On appelle ça « échange de bon procédé ».
Hélas pour moi, aujourdhui, je nai pas le choix. Mais jai déjà les bras en compote ! Une petite pause simpose. Il fait si chaud !
A lintérieur, lair est à peine plus frais. Et, comme je nai pas encore fait de courses, la bouteille de limonade fraîche qui me fait fantasmer en cet instant est absente de mon frigo. Evidemment Je me contente donc dun grand verre deau tiède.
Retour devant la planche. Je la déteste de tout mon coeur mais je ne renonce pas. Je veux pouvoir profiter de la chaise longue ! Au final je passe six longues heures à travailler. Je suis même obligé de consolider les deux poteaux qui au passage, accroche mon tee-shirt au barbelé et le déchire un peu. Je suis obligé de trouver une pelle pour mettre de la terre autour des pieds, afin de consolider ma construction. Jarrive, à grand renfort de clous et de scotch à faire tenir ma planche. Je suis si contente de moi ! Bon, je dois avouer quobjectivement, le résultat nest pas très esthétique. Ma planche était en fait un peu trop courte, du coup les deux poteaux sont penchés. Et le scotch pendouille un peu. Mais lensemble tiens. A moi la bronzette !
Je regarde lheure. Il est près de vingt heures. Le soleil est déjà en train de se coucher. Brusquement, ça me donne envie de pleurer. Jai des ampoules dans les mains. Mon travail est affreux. Je nen profiterai pas aujourdhui. Jai soif. Une araignée est venue me rendre visite, jai en très peur. Jai abîmé un vêtement que jaime beaucoup. Jai de la terre sur mon short en jean bleu clair.
Chapitre 4
Déprimée par cette mauvaise journée, je décide de prendre un long bain relaxant. Une fois dans la salle de bain, je commence à enlever mes vêtements. Et là, une douleur intense me traverse au moment où le tissus frotte le long de ma nuque. Je me regarde dans la glace. Jai pris un énorme coup de soleil ! Mon visage, mon cou, mes avant-bras et même mes mains sont écarlates. Jétais si absorbé par mon entreprise que je nai pas fait attention. Comme jai la peau très blanche, je passe lété à me tartiner dindice 90 mais là je lai totalement oublié. Maintenant ça me brûle. Très délicatement je prends une douche à peine tiède. Ça pique, cest douloureux. Puis la séance de séchage est une autre torture.
Et au moment où je veux métaler une couche bienfaitrice de biafine, je sens tout le poids de la solitude. Comme je narrive pas à létaler correctement sur mon dos, jen ai dans les cheveux et sur mon débardeur propre. En plus, contre coup dune journée au soleil sans chapeau, je commence à avoir froid et mal à la tête. Quand je reverrai mes amis, je les étranglerai un peu pour mavoir abandonné là, puis je les attacherai en plein soleil, tout nus barbouillé de confiture, comme dans la chanson de Perret.
Le soir je savoure mon poulet rôti devant la télé. Le choix est limité, il y a la un, la deux, la trois, la cinq et la six. Ça change de mes trente-quatre chaînes à Paris, mais au moins le choix est vite fait. Je compense par le plaisir de manger avec les doigts comme une gamine.
Enfin la soirée passe tout de même lentement.
La nuit sannonce longue. Pas une voiture, pas un métro, pas un avion qui ne passe pour me bercer de son vacarme familier. Puis brusquement je sursaute violemment : la cloche de léglise sonne les onze coups. Ma maison se trouvant juste derrière, je dois être celle du village qui en profite le mieux. Je finis par mendormir dun sommeil agité. Je passe la nuit à rêver de vaches menaçantes qui men veulent davoir fermer le trou dans la clôtures. Du coup elles me poursuivent à travers les champs où personne ne mentend quand jappelle au secours.
Le lendemain, je suis réveillé à cinq heures du matin. Parce que les rideaux écrus, cest sûrement très jolis, mais ça nempêche absolument pas la lumière dentrer dans la pièce. Il fait donc totalement jour dans ma chambre. En plus,tous les oiseaux du coin semblent sêtre donné rendez-vous sous ma fenêtre pour me faire un concert privé. Vous croyez que je peux en assommer quelques uns, de mon lit, en lançant un ou deux coussins par la fenêtre ? La journée commence comme un matin à la campagne. A part le chant des oiseaux un peu crispant et un chien, très loin, qui aboie, pas un bruit. Toujours aucun coup de klaxon, aucun camion poubelle bruyant, bref aucun signe sonore familier de vie ! La cloche de léglise résonne. Maintenant, cest sûr, je ne pourrais plus me rendormir, autant me lever.
Comme je nai toujours pas fait de courses dans un magasin digne de ce nom, je nai pas de café, pas de pain, pas de jus dorange. Et à cinq heures du matin, je peux toujours attendre pour avoir mon croissant, dici que la boulangerie ouvre, je serai morte de faim. En fouillant dans les placard de la cuisine, je découvre le saint graal : un pot de confiture ! Javoue, nature, cest pas top, mais mon choix se réduit à confiture nature ou reste de poulet rôti froid ou encore poulet rôti froid à la confiture. Lidée est un peu écurante, cest vrai.
Pour oublier ma faim je décide de mhabiller et de faire un tour dans le village en attendant que les boutiques ouvrent. Une fois devant le miroir, je fais une découverte qui inscrit définitivement cette journée dans les annales des « jours les plus pourris de la galaxie ». Je suis victime des effets secondaires et violents du coup de soleil. Brûlure au vingt-cinquième degré sur le nez égal pelage assurer. Mon appendice nasal ne ressemble plus à rien, si ce nest à un genre de choucroute bizarre, rouge et affreuse. La biafine apaise un peu la rougeur mais bon, cest pas aujourdhui que je défilerai pour lOréal
La journée étant définitivement ruinée, je sors un peu, histoire de profiter au moins de la fraîcheur matinale.
Chapitre 6
Sur la place de village japerçois le boucher en train de charger sa camionnette blanche. Quand il me voit, il me fait signe de la main. Je me rappelle les vers quil mavait cité la veille. Cest quand même intrigant. Et comme jai continué mon chemin sans ralentir, je suis maintenant obligé daller lui parler, à moins de faire un brusque demi-tour, ce qui serait totalement impoli. A mon approche, il me sourit gentiment.
« Vous êtes bien matinale. Je croyais que les vacances étaient faîtes pour se reposer.
- Jai bien essayé de dormir mais les oiseaux était dun autre avis. »
Je lui explique ensuite mon problème de rideaux quand je maperçois quil ne peut sempêcher de fixer mon nez. Vu le carnage que cest, je ne lui en veut même pas et jenchaîne sur mon problème de vaches envahissantes. Il rigole un peu mais rajoute que si ça peut me rendre service, il pourra mapporter une barrière. Cest chou
Le voyant jeter un coup dil à sa montre, je décide de continuer ma balade.
« Jai été contente de vous revoir et de discuter un peu. (Mais pourquoi je dis ça ?) Mais je ne vais pas vous retenir plus longtemps. (voilà, remettons les choses en place tout de suite).
- Oh mais non ! Vous ne me déranger absolument pas Mais je suis en train de charger la camionnette pour partir au CERTO vous savez le concours »
Jopine de la tête sans vraiment écouter ce quil bafouille. Je viens dapercevoir dans des bocaux de choses multicolores flottants dans un liquide qui ressemble à de la gélatine. On dirait des bouts de cahoutchou multicolore dans du formol, comme dans un mauvais film de science-fiction. Si ça se trouve, en vérité, ce nest pas un simple boucher de campagne mais un savant fou qui fait des expériences bizarres et illégales. Il fait des mélange étranges et il est sur le point de découvrir LA formule qui révolutionnera le monde, celle qui permettra de créer un vernis à ongle qui sèche en moins de sept seconde, qui tient trois semaines et qui pousse avec les ongles !
- Alors, vous êtes daccord ?
Je raterris brusquement sur terre. Je nai strictement aucune idée de ce quil vient de mexpliquer ni en quoi consiste sa demande. Vu lair mi-souriant mi-suppliant quil fait, jhésite un inst ant avant de répondre.
-Euh et bien oui... »
Son sourire délargit et il ouvre la portière. Zut. Je ne sais pas ce que je viens daccepter, mais je crois quil faut maintenant que je monte dans la camionnette. Je me rappelle son invitation de la veille et quil vient de réitérer sa demande, que je suis daccord et que je vais faire le trajet avec lui. Je suis tellement en train de me sermonner moralement sur le fait quil faille écouter les gens quand ils vous parlent, que je ne trouve pas de moyen de refuser après avoir dit oui. Aucune excuse ne fonctionne, vu que je lui ai raconté que je navais rien à faire A contre-cur pour le moment, je minstalle.
Sur la route, on commence à discuter. Il mexplique le principe du concours, le fait que son père et son grand-père déjà y participaient déjà avant lui et tout les efforts quil a fait cette année pour créer une terrine de veau aux myrtilles, sauce (boisson du coin).
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Par Naboomie le 2 Mai 2008 à 00:14
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En France, avec le vieillissement de la population, le nombre de personnes âgées ayant besoin d'une aide pour effectuer les gestes essentiels de la vie quotidienne est de plus en plus important, on comptait selon l'INSEE, en 1970, 9 109 664 de personnes ayant plus de 60 ans alors qu'en 2007 il y en a environ 15 millions. Ces personnes âgées sont à un moment de leur vie victimes de dépendance. Elles entrent ainsi en institution dont les causes sont surtout liées à un degré de dépendance ou à la solitude. Ces institutions peuvent être soient des maisons de retraite, des foyers d'hébergement, des résidences services ou encore des établissements d'hébergement de personnes âgées dépendantes (EHPAD).<o:p></o:p>
Au plan psychosociologique, le vieillissement saccompagne de lémergence de sentiments multiples, comme par exemple linutilité, la sensation dêtre une charge pour les autres, la solitude et labandon, la sensation de posséder un corps devenant incontrôlable. Trois aspects se dégagent : la personne âgée tend vers une maîtrise passive de lenvironnement, une réduction de son activité et une préoccupation grandissante de son monde intérieur. On observe classiquement un désinvestissement de la réalité extérieure et un hyper investissement de soi. On remarque une diminution importante du réseau social. Des pertes relatives à la capacité de déplacement et à celle dinteraction avec lenvironnement (vision et audition) sont subies par la personne âgée et lamènent à limiter ses contacts avec lextérieur et à se refermer sur elle-même. Le déménagement en institution accentue cette diminution du réseau social et d'isolement.<o:p></o:p>
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J'ai effectué mon stage du 12 au 24 mars, puis du 1er au 6 juin, et enfin du 8 au 20 octobre 2007 à la résidence médicalisée Maison Molière, se trouvant à Bourg - la - Reine (92).<o:p></o:p>
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Mes motivations étaient de travailler dans une maison de retraite afin d'avoir un contact direct avec les personnes âgées, étant un public que je ne connaissais guère. Mon but est de mieux connaitre ce milieu avec les demandes de ces personnes et leurs problèmes puis établir par la suite, un projet afin d'aider les résidants à s'intégrer davantage socialement.<o:p></o:p>
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Le thème de mon étude sera l'animation, très importante dans les maisons de retraites pour les personnes âgées afin de les réunir et de les faire communiquer entre eux ainsi que d'essayer de préserver leurs capacités intellectuelles par lintervention de lassociation « En faim de contes », qui récitent des contes et des chansons. Cela aide également les maisons de retraite à ne pas être des "mouroirs".<o:p></o:p>
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Pour cela diverses fonctions sont d'une technicienne ESF, puisque cette étude englobe tout d'abord des compétences pour découvrir et analyser les besoins des résidants par la méthodologie, puis de l'économie et de la gestion pour construire un projet réalisable ainsi que de la psychologie afin de mieux comprendre le public de cet établissement et également des compétences pour l'aménagement d'un lieu.<o:p></o:p>
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La problématique que dégagée au cours des 5 semaines où j'ai pu observer cette structure était liée à l'animation quotidienne des résidants, étant des personnes âgées quittant rarement la résidence. Pour cela, j'ai élaboré un questionnaire adressé aux résidants afin de savoir ce quils pensaient de l'animation de la résidence, et s'ils avaient un besoin plus important et également un guide dentretien à lanimateur afin quil puisse exprimer un avis professionnel sur lanimation des résidants et également un guide d'entretien avec le directeur afin de savoir s'il ressent un problème d'animation pour les résidants. <o:p></o:p>
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Mon objectif était d'explorer cette structure et de trouver un cas d'étude montrant bien la principale problématique, à savoir un manque d'animation chez les résidants, et plus particulièrement danimation mentales, afin de pouvoir éventuellement les aider.<o:p></o:p>
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Nous allons donc étudier, dans un premier temps l'étude, avec la méthodologie afin de mieux définir les outils convenant pour recenser le besoin du public. Vient ensuite la présentation de l'institution contenant son descriptif et son public concerné puis en deuxième partie les solutions envisagées pour résoudre ce besoin<o:p></o:p>
Dans un second temps nous verrons le projet avec tout d'abord son identification puis sa mise en place, les différents moyens puis enfin l'évaluation portée à ce projet.<o:p></o:p>
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1.1 METHODOLOGIE<o:p></o:p>
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Dans le cadre de mon stage "étude et projet", j'ai réalisé des outils afin de découvrir certaines informations permettant de prouver un besoin dans la structure. J'ai donc réalisé un questionnaire sur l'animation que j'ai soumis à 24 des 59 résidants, ainsi que deux guides d'entretien semi-directif à l'animateur et au directeur et un guide d'entretien directif à une bénévole de l'association "En faim de contes".<o:p></o:p>
1-1-1) Observation des résidants<o:p></o:p>
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Afin de repérer ce besoin, il y eut tout d'abord un temps d'observation des résidants pendant lequel j'ai pu constater qu'ils passent la plus grande partie de leur temps dans le salon avec les autre résidants. Ils y passent environ 5h30 chaque jour, avec la télévision, sauf que personne ne la regarde réellement, elle sert surtout à créer un bruit de fond. Les résidants restent donc à la même place pendant tout ce temps. <o:p></o:p>
C'est également à cet endroit que vient l'animateur pour effectuer ses activités, le mardi et le jeudi pendant une heure. Mais mis à part lui, aucun autre animateur n'est présent le reste de la semaine. <o:p></o:p>
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Objectifs visés<o:p></o:p>
Auprès de qui<o:p></o:p>
Outils<o:p></o:p>
Mode de passation<o:p></o:p>
Repérage du degré de satisfaction des résidants sur lanimation.<o:p></o:p>
24 résidants<o:p></o:p>
Questionnaire<o:p></o:p>
Auto-administré<o:p></o:p>
Obtenir des renseignements sur le public étudié pour mieux le comprendre.<o:p></o:p>
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Bibliographie<o:p></o:p>
Dossier des résidants<o:p></o:p>
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Connaître lopinion de lanimateur sur lanimation de la résidence.<o:p></o:p>
Lanimateur<o:p></o:p>
Guide dentretien<o:p></o:p>
Semi-directif<o:p></o:p>
Connaître lopinion du directeur sur lanimation de la résidence.<o:p></o:p>
Le directeur<o:p></o:p>
Guide dentretien<o:p></o:p>
Semi-directif<o:p></o:p>
Connaître lassociation « En faim de Contes»<o:p></o:p>
Une bénévole<o:p></o:p>
Guide dentretien<o:p></o:p>
Directif<o:p></o:p>
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1-1-2) Le Questionnaire<o:p></o:p>
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Pour pouvoir compléter et prouver ce constat, l'élaboration d'un questionnaire fut nécessaire. Il permit de savoir réellement ce que chaque résidant pensait de l'animation de la résidence et de constater s'ils éprouvaient ou non un réel besoin dactivités supplémentaires. <o:p></o:p>
La passation de cet outil a été effectuée lors de mon deuxième stage le 5 juin, dans un endroit privé, souvent la chambre de l'usager, afin qu'il reste confidentiel et surtout après avoir bien précisé que le résidant conserverait lanonymat.<o:p></o:p>
Les avantages de cet outil sont les réponses claires et précises aux questions fermées à entourer, plus faciles à appréhender pour le résidant que des questions ouvertes nécessitant une plus grande réflexion. Sa rapidité permet également dinterroger un grand panel de personnes en un temps limité. <o:p></o:p>
Cependant, il a un inconvénient : lélaboration est longue et rigoureuse, surtout lorsquil y a une absence de logiciel informatique, ce qui n'était pas mon cas.<o:p></o:p>
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1-1-3) La Bibliographie et les dossiers des résidants
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Cet outil permet de recueillir des informations spécifiques sur les personnes âgées en général, ainsi que des informations sur les résidants, permettant de mieux connaître les besoins de ce public, ainsi que d'effectuer une étude comparative entre les personnes âgées en général et les usagers, que l'on retrouve dans la présentation de la structure.<o:p></o:p>
Les avantages de ces outils sont de connaître et d'approfondir les connaissances et droits de ce public notamment juridique, leur droit à l'animation et l'importance de celle-ci surtout dans les maisons de retraite, leurs aides financières et leurs états de dépendances. Ces connaissances vont être à la base des projets que l'on peut élaborer pour eux.<o:p></o:p>
Les inconvénients de cette étude sont sa recherche longue, par l'étude des 59 dossiers des résidants ainsi que la lecture des livres sur ce public (cf. bibliographie). Les dossiers des résidants peuvent parfois se révéler incomplets ce qui entrave la recherche.<o:p></o:p>
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1-1-4) Le Guide dentretien semi-directif
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Afin d'identifier le besoin que ressentent les résidants, un entretien semi-directif auprès de l'animateur et du directeur a été nécessaire, l'animateur pour son avis professionnel sur l'animation des résidants et le directeur également pour ses propres constats de l'animation ainsi que ceux qui sont faits lors du Conseil de Vie sociale une fois par semestre. Cet outil a permis à ces deux professionnels de pouvoir donner librement leur opinion oralement en étant orientés par mes suggestions.<o:p></o:p>
Ses avantages sont de pouvoir laisser s'exprimer l'animateur et le directeur, et ainsi traiter le sujet de l'animation plus en détails. Egalement au cours de ce dialogue, certaines questions oubliées, en rapport avec l'animation et les usagers peuvent être abordés.<o:p></o:p>
Son inconvénient majeur est la possibilité d'effectuer des hors sujets ce qui n'a pas eu lieu, et également d'utilisé un vocabulaire neutre pour ne pas les influencer.<o:p></o:p>
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1-1-5) Le Guide d'entretien directif
Jai souhaité réaliser un entretien avec la bénévole de l'association "En faim de contes" afin de collecter les informations concernant le fonctionnement de la structure.<o:p></o:p>
Ses avantages sont que cet outil est simple, rapide, permettant de répondre à des questions concises et évitant ainsi tout risque de hors sujets.<o:p></o:p>
Son inconvénient est son temps d'élaboration pouvant être long, ce qui n'a pas été mon cas.<o:p></o:p>
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1-2 PRESENTATION DE LA STRUCTURE<o:p></o:p>
1-2-1) Institution
1-2-1-1) Description
La structure se nomme Maison Molière. C'est une résidence médicalisée pour personnes âgées, répartie en 2 établissements (23 et 26 Boulevard Carnot 94 240 Bourg-la-Reine).<o:p></o:p>
La Maison Molière se situe à 2 minutes de la station "Bourg-la-Reine" de la ligne du RER B. Par le bus on peut y accéder par le 187 à l'arrêt "Barbusse Larroumès" et également par le 192 à l'arrêt "Galois". Par la route on peut s'y rendre en prenant la RN 20 direction Bourg-la-Reine.<o:p></o:p>
L'annexe de la Maison Molière, situé au 23 boulevard Carnot fut ouvert le 1er janvier 1998 faute d'un manque de place afin de mieux répondre aux demandes de plus en plus nombreuses de personnes âgées qui, soit par elles mêmes, par leurs famille, ou par recommandation de leur médecin, souhaitent vivre dans cette maison de retraite.<o:p></o:p>
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1-2-1-2) Organisation
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- Statut<o:p></o:p>
La Maison Molière est un établissement privé à but lucratif ; il s'agit d'une entreprise individuelle dont le but est la production de richesse.<o:p></o:p>
Ce type détablissement représente 85% des entreprises en France, soit 3,2 millions en 2006. Cette entreprise est la propriété d'une seule personne, ou dans le cas présent d'un couple qui est également à la tête de la direction. Ils sont même responsables des dettes de façon illimitée (leurs biens pouvant être saisis). Pour créer une entreprise individuelle, il suffit de s'inscrire au Registre du Commerce et des Sociétés ou au Registre des Métiers. Ce statut est celui des très petites entreprises, son personnel étant inférieur à cinquante personnes.<o:p></o:p>
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- Organisation financière<o:p></o:p>
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· Le financement de la résidence médicalisée se fait par les recettes réalisées par lhébergement des résidants (100%)<o:p></o:p>
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La Maison Molière ne reçoit pas d'aide sociale du fait de son statut juridique, cependant depuis décembre 2007 elle bénéficie de la Convention tripartite, signée entre lEtat, le Conseil général et létablissement pour personnes âgées dites dépendantes, devenant ainsi une EHPAD.<o:p></o:p>
Les différents postes de dépenses concernent les salaires du personnel (40%), les dépenses liées à lhébergement des résidants tel que la cuisine, la blanchisserie (25%) ainsi que lentretien des locaux et les travaux de réaménagement (35%).<o:p></o:p>
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Les conditions financières vis à vis des résidants sont divisées en deux parties :<o:p></o:p>
- Le tarif de l'hébergement est fixé par l'établissement mais est contrôlé par la Direction Départementale de la Concurrence et de la Consommation, dans le cadre de la réglementation en vigueur.<o:p></o:p>
Chambre particulière : 89,39TTC ou 102,40 par jour pour les chambres de 22 m².<o:p></o:p>
Chambre double : 75,45TTC par jour.<o:p></o:p>
Aux frais dhébergement peuvent sajouter des suppléments comme le téléphone, le coiffeur, les repas pris par les visiteurs Ils sont à la charge des résidants.<o:p></o:p>
- Le tarif de dépendance fixé et contrôlé annuellement par un Arrêté Préfectoral.<o:p></o:p>
Le prix varie en fonction de la dépendance de la personne qui se justifie par le GIR, évalué selon la grille nationale dAGGIR (Autonomie Gérontologie Groupes Iso-Ressources).<o:p></o:p>
Elle constitue un outil destiné à évaluer le degré de perte dautonomie, ou de dépendance, physique et psychique, des demandeurs de lallocation personnalisée dautonomie (APA), dans laccomplissement de leurs actes quotidiens.<o:p></o:p>
Pour une personne relativement autonome le prix sera de 432 TTC par jour (GIR 4 à 6).<o:p></o:p>
Si elle a besoin d'être plus encadrée ce sera 10.28 TTC (GIR 2 à 4).<o:p></o:p>
Enfin si elle est complètement dépendante 16.33 TTC (GIR 1 à 2).<o:p></o:p>
Les résidants ne sont pas regroupés par GIR, leur chambre ne leur est attribuée que par la vacation de celle - ci.<o:p></o:p>
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Ces deux tarifs représentent un prix de journée et comprennent :<o:p></o:p>
- Le logement, chauffage, éclairage<o:p></o:p>
- La nourriture, l'entretien des locaux (salles communes...)<o:p></o:p>
- Le blanchissage<o:p></o:p>
- La fourniture des couvertures, oreillers, couvre-lit<o:p></o:p>
- Les protections pour incontinence (couches)<o:p></o:p>
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- Organisation matérielle<o:p></o:p>
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Les locaux aménagés sont élevés sur deux niveaux, construits sur deux sites distincts, aux 23 et 26 boulevard Carnot ayant chacun : <o:p></o:p>
· Une salle de restauration<o:p></o:p>
· Un salon<o:p></o:p>
· Une bibliothèque<o:p></o:p>
· Un accueil<o:p></o:p>
· Un lieu de vie à chaque étage, constitué d'un petit espace où se trouvent des chaises et une table où l'on peut lire...<o:p></o:p>
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Les terrains bâtis font respectivement 1100m2 et ont chacun un parking et un jardin à la disposition des résidants. Cependant aucune différenciation pour les usagers entre les deux bâtiments puisque les résidants ne sont pas répertoriés par leur état de dépendance (GIR).<o:p></o:p>
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Dans la Maison Molière se trouvent :<o:p></o:p>
· Les bureaux de l'administration<o:p></o:p>
· La cuisine centrale où l'on stocke les provisions.<o:p></o:p>
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Néanmoins l'annexe de la Maison Molière possède aussi une cuisine.<o:p></o:p>
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L'aménagement extérieur a peu de signalisation, à part sur la grille de l'extension de la résidence où l'on voit une grande pancarte où est inscrit le nom de la Maison Molière.<o:p></o:p>
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- Moyens humains<o:p></o:p>
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Le personnel gérant le coté administratif de la structure : <o:p></o:p>
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· Un directeur, qui se charge de la gestion et du financement de la Maison Molière<o:p></o:p>
· Une assistante de direction, qui gère le budget de la résidence <o:p></o:p>
· Une responsable des relations publiques, qui reçoit tous les dossiers des futurs résidants<o:p></o:p>
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Le personnel s'occupant de la santé et de l'entretien des résidants sont les suivants : <o:p></o:p>
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· 5 cuisinières s'emploient à cuisiner et servir les repas des résidants<o:p></o:p>
· Un homme d'entretien gère les outils techniques de la résidence<o:p></o:p>
· 3 infirmières veillent à la santé des résidants<o:p></o:p>
· 3 aides - soignantes aident les infirmières dans leurs tâches<o:p></o:p>
· Une blanchisseuse lave et repasse le linge de tous les résidants<o:p></o:p>
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Le personnel ne faisant pas partie de la structure, et qui vient plusieurs fois par semaine et même parfois tous les jours :<o:p></o:p>
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· 4 kinésithérapeutes aident les résidants à garder ou à retrouver leurs capacités physiques, ils ont leur propre cabinet et ne viennent que pour les patients qu'ils ont à charge<o:p></o:p>
· 1 animateur anime les mardis et jeudis après-midis des résidants en leur faisant faire des exercices physiques ou mentaux durant une heure. Il est également à son compte.<o:p></o:p>
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1-2-1-3) Les Missions
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Ce que la résidence tend à satisfaire : Elle est pour les patients d'abord un lieu de vie mais également un espace d'échanges, car ce sont parfois des personnes seules et isolées qui réapprennent à vivre en communauté. La mission principale quelle effectue « assurer une vie alliant sécurité et confort pour des courts, moyens ou longs séjours » est spécifiée dans le dépliant daccueil donné aux usagers.<o:p></o:p>
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Ce qu'elle voudrait satisfaire : Son objectif est de rendre le séjour des patients le plus agréable possible, ce qui peut parfois être difficile à réaliser, puisque chaque personne a des besoins particuliers selon son état.<o:p></o:p>
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Ce qu'elle ne satisfait pas : Elle ne peut pas toujours rendre agréables le séjour de certains résidants, qui sont relativement autonomes et qui "s'ennuient", alors que les personnes dépendantes n'expriment pas le même besoin. De ce fait, les résidants valides préfèrent s'isoler et ne vont que rarement dans les salles communes.<o:p></o:p>
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1-2-2) Public
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En référence à lâge de la personne, tout individu de soixante cinq ans ou plus est considéré comme personne âgée. Il est habituel de distinguer les personnes du troisième âge, cest-à-dire de 60/65 ans à 75/80 ans et celles du quatrième âge de 75/80 ans et plus.<o:p></o:p>
Cette définition, purement légale, ne tient pas compte du vieillissement différentiel (ou vieillissement biologique) de chaque individu, et ne fait aucune distinction entre personne valide et personne en perte dautonomie. <o:p></o:p>
En référence à un statut social, serait considérée comme personne âgée, toute personne non productive, à la retraite.<o:p></o:p>
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1-2-2-1) Caractéristiques des usagers<o:p></o:p>
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Les usagers sont au nombre de 59. Leurs caractéristiques sont les suivantes :<o:p></o:p>
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Age : La question du vieillissement de la population française et de son poids dans la société est de plus en plus récurrente. La population des plus de 60 ans correspond à 21,3% et les plus de 75 ans à 7,7% de la population totale. La proportion des 60 ans et plus dans la population totale est passée de 18% en 1970 à 21% en 1999. En France métropolitaine, plus de 16% de la population âgée ont plus de 65 ans. A l'instar de l'espérance de vie qui augmente, l'entrée dans des établissements spécialisés comme les maisons de retraite recule également, en passant à 82,5 ans. A la Maison Molière, les résidants ont entre 60 et 98 ans, avec cependant une moyenne d'âge de 84 ans. Leur entrée dans cette maison est en moyenne, vers 82 ans.<o:p></o:p>
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