• Extrait de Cool memories de Jean Baudrillard. 

     

    Sur l'art contemporain, Cool memories Fragment.


                 "Sur quelques œuvres d'art, et non des moindres : ça a toutes les apparences du nul, ça se dit nul, et c'est vraiment nul.
    Toute l'ambigüité de l'art contemporain est là : revendiquer la nullité, l'insignifiance, le non-sens, la banalité – se battre pour la nullité, alors qu’il est déjà nul. Viser le non-sens alors qu’il est déjà insignifiant. Prétendre à la superficialité en des termes superficiels. La même mésaventure était déjà arrivée pour la pensée minimale.
    Partout la même incantation : je suis nul, je suis nul ! Or la nullité est une qualité secrète qui ne saurait être revendiquée par n’importe qui. L’insignifiance est la qualité de la nullité, elle, n’est que bluff et chantage, or forcer les gens a contrario à donner de l’importance et du crédit, sous entendu : il n’est pas possible que ce soit aussi nul, ça doit cacher quelque chose. L’art contemporain joue de cette incertitude et spécule sur la culpabilité de ceux qui n’y comprennent rien (c’est-à-dire qui ont l’intuition exacte de ce qu’il y  a comprendre). De Venise, je suis revenu avec un seul pressentiment : c’est que l’art moderne est un complot."

     

    Sur la fin de l'humanité.

           'Nous savons que les espèces sont mortelles ; mais nous ne l’avons jamais réellement envisagé pour la nôtre, étant persuadés d’être non seulement la dernière, mais immunisés par notre puissance. Or, au lieu de rêver de catastrophes externes, cosmiques, sismiques, climatiques, nous pourrions nous demander si les dinosaures n’ont pas disparu selon un processus catastrophique interne – à cause justement de cette puissance maximale et de son renversement comme de tout système à son apogée. Rien ne dut que nous ne soyons programmées, mentalement et biologiquement, pour une disparition interne du même ordre, conséquence logique de notre puissance. Rien ne dit que nous ne  rêvions pas de cette disparition. En tout cas, nous y collaborons allègrement."
     


     


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