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Par Naboomie le 23 Mars 2008 à 18:46Un amour de Terrine
Par Claire Delhomme.
Chapitre 1
Viens, ça sera génial, tu verras !
Tu parles ! Déjà, louer une baraque au fin fond de la campagne, ça ne me disait pas trop. Moi, au bout de deux jours de verdure à perte de vue, jai tendance à faire des overdoses de chlorophylle. Mais là, ça commence sérieusement à sentir le plan foireux à plein nez. Je suis dans train et dans quelques minutes, jarriverai à Bourg-en Bresse, où mes chers amis doivent venir me chercher. Sauf quils viennent de téléphoner et il semblerai quil y est un petit changement programme : finalement ils ne viendront que dans trois jours. Lexcuse : bidon. La seule chose que je comprends cest que je vais passer les premiers jours de ces vacances si prometteuses toute seule dans un village perdu au fin fond du néant campagnard. Génial
Bien sûr, quand jarrive à la gare, je ne trouve pas de taxi. Evidemment. Après avoir discuter avec le patron dun troquet, il semble que le moyen le plus simple pour rejoindre le village dindien où mattend ma location à soixante petits kilomètres dici- cest dattendre le lendemain matin et de partir avec la boulangère. Mais non, ça la dérangera pas, cest une amie à lui, et elle adore discuter alors ça lui fera plaisir davoir un peu de compagnie. Bon, va pour la boulangère. De toute façon, vu lheure, je nai pas trop le choix.
Le lendemain, après avoir passer une nuit dans un vieux Campanile, jembarque à bord dune vieille camionnette à croire quils ont rien de neuf ici- avec la boulangère. Elle a lair sympa, le problème cest queffectivement elle aime parler. Beaucoup. Trop. Et en plus, il y a un petit détail que je navais pas capté : ce nest pas elle qui maccompagne au village, cest moi qui laccompagne dans sa tournée ! Donc au lieu de mettre une demi heure, il nous faut trois heures de route, le temps de passer par tous les hameaux de la régions. Comme cest une gentille femme, elle a lextrême amabilité de me faire lhistorique de chaque clocher, de me retracer la généalogie de chaque famille et de me raconter les rumeurs de chaque coin de rue. Jaime les potins, mais savoir que Madame Simone a déchiré une carte postale le mois dernier puis a donné une claque à Marcel parce que son tracteur puait, très honnêtement, je narrive pas à mintéresser, oui, même en faisait un gros effort. Enfin bon, au bout de trois heures qui en paraissent mille, et où jai vaillamment résisté à lenvie darracher le pare soleil pour assommer mon chauffeur bavard, jarrive sur la place de Poncin.
Ô joie, Ô bonheur. Me voilà comme Ulysse ayant enfin atteint les rivages dIthaque. Soulagée dêtre enfin arriver, je remercie tout de même Martine. Mais mon bonheur est hélas de courte durée. Où suis-je tombé. Quai-je fais pour mériter ça ? Moi qui ai du mal à survivre loin du métro, de la place Soufflot et du jardin des plantes ?? Cest une mauvaise blague ou une caméra cachée, mais je refuse de croire que lendroit « trop coooool » choisi par mes potes soit ce village de quatre-vingts seize habitants dont soixante-treize du troisième âge ! Maintenant cest sûr, je vais mourir.
Bon comme je suis super courageuse, je soulève quand même ma valise et je prends la première - et unique - rue afin de trouver mon gîte. Lavantage, cest que je risque pas de me tromper, il ny en a quune seule avec laffreux macaron « gîtes de France ».
Sauf que je nétais pas censé être la première ici. Donc je nai pas les clés Là première angoisse. Il me faut bien dix minutes pour trouver un endroit où mon portable capte afin dappeler mes amis pour avoir le numéro ou ladresse du propriétaire. Ce qui signifie que je vais passer quelques jours seule au monde, dans un endroit où je naurais pas constamment cinq barrettes de réseau ! Je commence à avoir des sueurs froides . Respirer profondément. Je finis par obtenir une tonalité et à récupérer le numéro. Une fois prévenu, le proprio ne met que quelques minutes à venir, faut dire quil habite dans le village aussi. Et la je découvre avec quelques appréhension lintérieur de la maison. Tout dabord la cuisine. Immédiatement ça va mieux. Il y a un four micro-onde donc je ne vais pas mourir de faim. Comble du luxe, je découvre ensuite une machine à café. Ma survie sera peut-être possible finalement
Comme il est déjà presque midi, je décide de continuer mon exploration après le déjeuner. Sauf que le frigo est vide. Evidemment. Heureusement, face aux grands problèmes, je nai jamais eu peur de prendre les grandes décisions nécessaire. Je décide donc immédiatement de planter un potager. Dun côté, je mettrais les légumes et de lautre, des herbes aromatiques en tout genre. Et je construirai une petite fontaine en marbre blanc. Et je pourrai élever quelques poules et des lapins. Et je ferais des tartes aux myrtilles.
Javoue, en fait, jai juste fini de manger le paquet de petits Lu que javais encore dans mon sac, un paquet entier de fraises tagadas dailleurs ça écure très vite - et un chewing-gum. Le tout arroser dun grand verre deau. Les poules et la tarte attendront
Voilà, ça cest fait Comment vais-je occuper mon après-midi moi ? Ici, sans voiture, sans réseau, sans ordinateur, sans personne ? Jamais à court didées, je prends ma valise et je commence à explorer mon nouvel intérieur. On appelle ça la « familiarisation avec le milieu hostile ». En premier, le salon. Rien de très intéressant, sauf un lecteur DVD. Mais je nai pas de DVD avec moi, évidemment. Puis des toilettes. A létage, quatre chambres et deux salles de bain. Je prends tout mon temps pour choisir la plus belle pièce, les premiers arrivés sont les premiers servit, et toc ! Je minstalle tranquillement, je vide ma valise, je retouche mon gloss., je vérifie labsence de message sur mon répondeur Il doit au moins être 14h là. Je vérifie avec espoir à mon poignet. 12h15. Et là, tout à coup, je ressens comme une vague de panique. A la campagne, le temps sarrête pour moi. Je vérifie ce phénomène depuis que je suis toute petite. A chaque fois cest pareil. Il suffit que je méloigne un peu des relais téléphone, quil y ait autour de moi trois champs et que je sois à moins de deux cent mètre dune vrai vache et là ça ne loupe jamais. Le temps sarrête, lair semble immobile et jentends mon propre souffle. Langoisse totale. Jai du mal à respirer. Jai besoin du contact de la civilisation. Tout de suite.
Chapitre 2
Cest ainsi, avec la ferme attention de pactiser avec les peuplades de ces terres reculées, que je débarque dans la boucherie du coin. Jadore les gâteaux secs, mais de la à ne manger que ça pendant trois jours, il y a tout un monde. Et comme il est mille fois plus simple de commander un poulet dans cette petite boucherie local pour le dîner du soir plutôt que de courir après une volaille qui refuse de ce laisser attraper, chose que je comprends parfaitement, cest là que jatterrie. Tant mieux pour moi, cette boutique semble être le point de ralliement du village, là où tout se passe, là où ça bouge ! C'est-à-dire quau moment où jarrive, il y a trois vieilles dames et le boucher qui discutent avec animation. Lune est assise sur une chaise, son caddie coller à elle. Lautre tiens dans ses bras un genre de caniche affreux qui aboie aigu. Je déteste les chiens et encore plus les caniches qui aboient aigu. La troisième, superbe dans sa jolie blouse fleurie très estivale, bouge avec conviction les bras dans tous les sens pour appuyer ses propos. Mais au moment où jentre, jassiste à un magnifique arrêt sur image grandeur nature. En une fraction de seconde, les trois arrêtent leur bavardage, se tourne vers moi et me passe au scanner intégral. Cest encore pire que lors dun entretient dembauche ! Faut dire que je ne dois pas avoir le look couleurs locales avec mes sandales compensées, mon sac à main top tendance et ma manucure nickel. Heureusement quelles ne savent pas que jai mon pass navigo dans une poche et un téléphone dernière génération dans lautre. Puis, brusquement, comme si je navais jamais fais irruption dans leur monde, elles repartent de plus belles dans la critique gastronomique du dernier déjeuner de famille donner par la voisine, Madame Jeannine semble-t-il. Résignée à mourir dennuie debout, je passe en revue la boutique du regard. Elle a tout les détails du commerce de proximité villageois. A gauche de la porte, un grand bac remplie de paquets de chips en tout genre. Personnellement, je déteste ceux avec les goûts chimiques et bizarres genre « barbecue » ou « bolognaise » et pire encore « oignon ». Jai toujours eu un problème avec les produits « goût oignon ». Une fois, lors dun voyage scolaire en Angleterre, alors que javais vraiment faim, une fille ma proposer un muffins que sa famille daccueil lui avait donné. A loignon. Sauf que je ne le savais pas. Et les muffins aux oignons, ce nest pas bon du tout Une autre fois, sur un marché de Noël, javais pris une grande cuillère de confiture à la poire. Et surprise ! Je navais pas pioché dans le bon pot et jai avalé une grande bouché à loignon. Et la confiture à loignon, quand on attend de la poire, ce nest pas bon du tout Mais je mégare là. Sur le même mur, il y avait des étagères avec des boites de paquets et des conserves. Tout le côté droit était occupé par la vitrine. Jai toujours trouvé ça un peu écoeurant : les salades composés qui ne ressembles à rien, les pâtés en croûte, toutes ces choses qui flottent dans de la gélatine brunâtre, et ces tranches de viandes sanguinolentes. Le pire dans tout ça, se sont les cervelles et les langues. Brrr rien que dy penser ça donne la chair de poule. Je relève donc assez rapidement les yeux. Comme dans presque toutes les boucheries du pays, il y un poster au mur avec un cochon en costume, qui rigole. Je ne comprend pas. Pourquoi ont-ils tous cet affreux poster ? Cest un cadeau offert pour « toute boucherie ouverte » ? Et bien sûr, sur le comptoir, il y un autre petit cochon, en céramique celui là et avec une fente sur le dos. Il y a-t-il vraiment des gens qui donne un pourboire à leur boucher ?? Je trouve lidée étrange, après tout on nen donne pas dans les grands magasins, ou quand on achète un tee-shirt Lattente séternise, cest-à-dire que jattends plus de cinq minutes, ce qui est intenable pour quelquun qui, comme moi, viens dune ville où quand on marche au lieu de courir cest quon a rien à faire là, je tente de mintéresser discrètement à la conversation.
- Parait que le ptit de la Jeanne, cest le portrait craché de son père cest pas facile de commencer dans la vie avec un tel handicap
- Cest surtout triste pour la mère ! Si au moins il avait eu ses yeux, mais non !
- Cest comme Luc, le fils de Madame Bourdin, hier il a
Lanecdote est amusante. Le boucher le remarque, ainsi que mon exaspération grandissante. Ok, cest parce que je pianotais des doigts sur le bord de la vitrine en soufflant un peu et en regardant en lair. Mais bon, je nallais pas rester ici, à attendre que les trois vieilles passent en revue toute la population du village, leurs descendances et les voisins des petits enfants ! Même si cest drôle à entendre.
- Alors mademoiselle, quest ce quil vous faut ?
Heureuse que ça soit enfin mon tour, je réponds en souriant.
- Un poulet rôti sil vous plait.
- Avec ou sans patates ?
- Sans, merci.
- Je suis désolé, elles ne veulent pas partir dit-il en agitant le sachet en papier.
- Pardon ??
- Les patates, elles ne veulent pas partir du sachet
Il secoue de nouveau le sac sur lequel est représenté une poule entourée de petites pommes de terre de jaunes, sur un fond de campagne. Je comprends la blague, il parle du dessin. Cest misérable. Mais maintenant je sais pourquoi il y a foule dans sa boutique : cest LE rigolo du village, celui qui y met de lanimation, qui le fait vivre ! Je tente de sourire mais cest impossible. La blague nest vraiment pas assez drôle. Je dois faire une tête bizarre, parce quil rajoute :
- Nattristez pas votre front gracieux, continuez à sourire, cest si joli. Et il me fait un petit clin dil en emballant mon futur dîner. Là, je suis étonnée. Je dois faire erreur, ce nest pas possible. Non, sérieusement ?
- Désolée, je dois rêver debout, mais merci, cest gentil à vous
- Riez pourtant !
- Du sort ignorez la puissance
Cest à son tour de faire un grand sourire. Je ne rêvais donc pas. Il est en train de me citer A une jeune fille de Victor Hugo. Je décide de le tester encore un peu, on ne sait jamais.
-Maintenant que Paris, ses pavés et ses marbres
- Et sa brume et ses toits sont bien loin de mes yeux ;
Maintenant que je suis sous les branches des arbres
Et que je puis songer à la beauté des cieux
A Villequier. Comme ça, sans hésiter, il complète les vers dun poème inconnu pour la plupart des littéraires que je fréquente habituellement. Jen reste bouche bée. Il a fallu que ça soit un boucher perdu au fin fond de la campagne. Jai tellement du mal à y croire que je tente un dernier vers.
- Le rêve et la brume
-Vont où va la nuit ;
Paupières et roses
S'ouvrent demi-closes ;
Du réveil des choses
On entend le bruit.
Laurore sallume. Sans faute, sans oublier un mot, il récite la fin de la strophe. Cet instant est magique. Pour la première fois de ma vie, je rencontre un homme qui :
1) sache du Victor Hugo par cur.
2) Ait moins de cinquante ans et ne sois pas à moitié chauve.
3) Ait un plan B dans la vie autre que chanteur, poète ou clochard-bôhème.
Lui aussi à lair content. Les trois vieilles, elles, sont muettes. On dirait trois statuts mais elles ne perdent pas un mot de la conversation. Je soit sûrement leur donner matière à causer pour les vingt prochains hivers. Il me tend le poulet. Je paye et je mapprête à quitter la boutique quand il me demande timidement :
- Mademoiselle, si je peux me permettre, si cela vous intéresse, il y a le serto à Nantua, demain matin, vous devriez venir
- Le quoi ?
Devant mon ignorance, la vieille au caddie se met à pouffer. Je la calme immédiatement avec le regard-qui-tue-numéro-17.
- Le C-R-T-O. répète-t-il avec amabilité. Le Concours Régional de la Terrine dOr.
- Et bien, euh pourquoi pas
Pourquoi pas ? Jai déjà une très bonne raison qui me vient instantanément à lesprit : parce que je ne veux pas aller à une assemblée de rustres qui se réunissent pour manger du pâté en parlant cochon et volaille.
- Je ne sais pas, peut-être
- Ça me ferai plaisir
Mais il est touchant.
- Je verrai Au revoir Monsieur.
Chapitre 3
De retour à la maison, je repense à la scène. Victor Hugo par cur quand même ! Où alors il nen connaît que trois et il a eu beaucoup de chance. Mais les probabilités sont minces. En plus il était plutôt mignon dans son genre mis à part le gros tatouage en forme de scorpion sur son bras droit et le petit en forme de triskèle celtique sur le poignet gauche. Je naime pas trop les tatouages, pour moi ça fait homme-qui-veut-faire-viril ou femme-qui-veut-faire-sexy alors quen fait, ça fait souvent dessin-horrible-surtout-quand-on-vieilli. Jétais en train de minstaller une chaise longue dans le petit jardinet derrière la maison, toute entière à mon analyse quand soudain la peur de ma vie ! Je me retrouve presque nez à nez avec une énorme vache ! Elle, pas un battement de cil, pas un poil qui bouge, elle me regardait tranquillement en mâchouillant un touffe dherbe. Mais moi, les animaux, cest encore pire que la campagne. Que ça soit un escargot mignon, un chien gentil, un bébé phoque trop chou ou une charolaise qui sappelle Marguerite ça je le sais parce que cest écrit sur létiquette de son oreille je flippe. Pour la plupart des humains il y a : les insectes, les mammifères, les poissons, les reptiles et les oiseaux. Chez moi cest beaucoup plus simple : il y a les animaux dangereux et les animaux très dangereux. Ou alors parfois je change et ça donne : animaux à éviter et animaux répugnants. Pourtant, même si je déteste toutes les bêtes, cela ne mempêche pas dêtre révoltée quand on les maltraite, dêtre farouchement opposé au port de la fourrure et des bijoux en ivoire et de haïr les méchants qui font des marée noire qui tue les oiseaux et les poissons.
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Par Naboomie le 19 Mars 2008 à 18:58
Un amour de Terrine<o:p></o:p>
Par Claire Delhomme.<o:p></o:p>
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Chapitre 1
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Viens, ça sera génial, tu verras !
Tu parles ! Déjà, louer une baraque au fin fond de la campagne, ça ne me disait pas trop. Moi, au bout de deux jours de verdure à perte de vue, jai tendance à faire des overdoses de chlorophylle. Mais là, ça commence sérieusement à sentir le plan foireux à plein nez. Je suis dans train et dans quelques minutes, jarriverai à Bourg-en Bresse, où mes chers amis doivent venir me chercher. Sauf quils viennent de téléphoner et il semblerai quil y est un petit changement programme : finalement ils ne viendront que dans trois jours. Lexcuse : bidon. La seule chose que je comprends cest que je vais passer les premiers jours de ces vacances si prometteuses toute seule dans un village perdu au fin fond du néant campagnard. Génial
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Bien sûr, quand jarrive à la gare, je ne trouve pas de taxi. Evidemment. Après avoir discuter avec le patron dun troquet, il semble que le moyen le plus simple pour rejoindre le village dindien où mattend ma location à soixante petits kilomètres dici- cest dattendre le lendemain matin et de partir avec la boulangère. Mais non, ça la dérangera pas, cest une amie à lui, et elle adore discuter alors ça lui fera plaisir davoir un peu de compagnie. Bon, va pour la boulangère. De toute façon, vu lheure, je nai pas trop le choix.
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Le lendemain, après avoir passer une nuit dans un vieux Campanile, jembarque à bord dune vieille camionnette à croire quils ont rien de neuf ici- avec la boulangère. Elle a lair sympa, le problème cest queffectivement elle aime parler. Beaucoup. Trop. Et en plus, il y a un petit détail que je navais pas capté : ce nest pas elle qui maccompagne au village, cest moi qui laccompagne dans sa tournée ! Donc au lieu de mettre une demi heure, il nous faut trois heures de route, le temps de passer par tous les hameaux de la régions. Comme cest une gentille femme, elle a lextrême amabilité de me faire lhistorique de chaque clocher, de me retracer la généalogie de chaque famille et de me raconter les rumeurs de chaque coin de rue. Jaime les potins, mais savoir que Madame Simone a déchiré une carte postale le mois dernier puis a donné une claque à Marcel parce que son tracteur puait, très honnêtement, je narrive pas à mintéresser, oui, même en faisait un gros effort. Enfin bon, au bout de trois heures qui en paraissent mille, et où jai vaillamment résisté à lenvie darracher le pare soleil pour assommer mon chauffeur bavard, jarrive sur la place de Poncin.
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Ô joie, Ô bonheur. Me voilà comme Ulysse ayant enfin atteint les rivages dIthaque. Soulagée dêtre enfin arriver, je remercie tout de même Martine. Mais mon bonheur est hélas de courte durée. Où suis-je tombé. Quai-je fais pour mériter ça ? Moi qui ai du mal à survivre loin du métro, de la place Soufflot et du jardin des plantes ?? Cest une mauvaise blague ou une caméra cachée, mais je refuse de croire que lendroit « trop coooool » choisi par mes potes soit ce village de quatre-vingts seize habitants dont soixante-treize du troisième âge ! Maintenant cest sûr, je vais mourir.
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Bon comme je suis super courageuse, je soulève quand même ma valise et je prends la première - et unique - rue afin de trouver mon gîte. Lavantage, cest que je risque pas de me tromper, il ny en a quune seule avec laffreux macaron « gîtes de France ».
Sauf que je nétais pas censé être la première ici. Donc je nai pas les clés Là première angoisse. Il me faut bien dix minutes pour trouver un endroit où mon portable capte afin dappeler mes amis pour avoir le numéro ou ladresse du propriétaire. Ce qui signifie que je vais passer quelques jours seule au monde, dans un endroit où je naurais pas constamment cinq barrettes de réseau ! Je commence à avoir des sueurs froides . Respirer profondément. Je finis par obtenir une tonalité et à recuper le numéro. Une fois prévenu, le proprio ne met que quelques minutes à venir, faut dire quil habite dans le village aussi. Et la je découvre avec quelques appréhension lintérieur de la maison. Tout dabord la cuisine. Immédiatement ça va mieux. Il y a un four micro-onde donc je ne vais pas mourir de faim. Comble du luxe, je découvre ensuite une machine à café. Ma survie sera peut-être possible finalement
Comme il est déjà presque midi, je décide de continuer mon exploration après le déjeuner. Sauf que le frigo est vide. Evidemment. Heureusement, face aux grands problèmes, je nai jamais eu peur de prendre les grandes décisions nécessaire. Je décide donc immédiatement de planter un potager. Dun côté, je mettrais les légumes et de lautre, des herbes aromatiques en tout genre. Et je construirai une petite fontaine en marbre blanc. Et je pourrai élever quelques poules et des lapins. Et je ferais des tartes aux myrtilles.
Javoue, en fait, jai juste fini de manger le paquet de petits Lu que javais encore dans mon sac, un paquet entier de fraises tagadas dailleurs ça écure très vite - et un chewing-gum. Le tout arroser dun grand verre deau. Les poules et la tarte attendra
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Voilà, ça cest fait Comment vais-je occuper mon après-midi moi ? Ici, sans voiture, sans réseau, sans ordinateur, sans personne ? Jamais à court didées, je prends ma valise et je commence à explorer mon nouvel intérieur. On appelle ça la « familiarisation avec le milieu hostile ». En premier, le salon. Rien de très intéressant, sauf un lecteur DVD. Mais je nai pas de DVD avec moi, évidemment. Puis des toilettes. A létage, quatre chambres et deux salles de bain. Je prends tout mon temps pour choisir la plus belle pièce, les premiers arrivés sont les premiers servit, et toc ! Je minstalle tranquillement, je vide ma valise, je retouche mon gloss., je vérifie labsence de message sur mon répondeur Il doit au moins être 14h là. Je vérifie avec espoir à mon poignet. 12h15. Et là, tout à coup, je ressens comme une vague de panique. A la campagne, le temps sarrête pour moi. Je vérifie ce phénomène depuis que je suis toute petite. A chaque fois cest pareil. Il suffit que je méloigne un peu des relais téléphone, quil y ait autour de moi trois champs et que je sois à moins de deux cent mètre dune vrai vache et là ça ne loupe jamais. Le temps sarrête, lair semble immobile et jentends mon propre souffle. Langoisse totale. Jai du mal à respirer. Jai besoin du contact de la civilisation. Tout de suite.
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Cest ainsi, avec la ferme attention de pactiser avec les peuplades de ces terres reculées, que je débarque dans la boucherie du coin. Jadore les gâteaux secs, mais de la à ne manger que ça pendant trois jours, il y a tout un monde. Et comme il est mille fois plus simple de commander un poulet dans cette petite boucherie local pour le dîner du soir plutôt que de courir après une volaille qui refuse de ce laisser attraper, chose que je comprends parfaitement, cest là que jatterrie. Tant mieux pour moi, cette boutique semble être le point de ralliement du village, là où tout se passe, là où ça bouge ! C'est-à-dire quau moment où jarrive, il y a trois vieilles dames et le boucher qui discutent avec animation. Lune est assise sur une chaise, son cadis coller à elle. Lautre tiens dans ses bras un genre de caniche affreux qui aboie aigu. Je déteste les chiens et encore plus les caniches qui aboient aigu. La troisième, superbe dans sa jolie blouse fleurie très estivale, bouge avec conviction les bras dans tous les sens pour appuyer ses propos. Mais au moment où jentre, jassiste à un magnifique arrêt sur image grandeur nature. En une fraction de seconde, les trois arrêtent leur bavardage, se tourne vers moi et me passe au scanner intégral. Cest encore pire que lors dun entretient dembauche ! Faut dire que je ne dois pas avoir le look couleurs locales avec mes sandales compensées, mon sac à main top tendance et ma manucure nickel. Heureusement quelles ne savent pas que jai mon pass navigo dans une poche et un téléphone dernière génération dans lautre. Puis, brusquement, comme si je navais jamais fais irruption dans leur monde, elles repartent de plus belles dans la critique gastronomique du dernier déjeuner de famille donner par la voisine, Madame Jeannine semble-t-il. Résignée à mourir dennuie debout, je passe en revue la boutique du regard. Elle a tout les détails du commerce de proximité villageois. A gauche de la porte, un grand bac remplie de paquets de chips en tout genre. Personnellement, je déteste ceux avec les goûts chimiques et bizarres genre « barbecue » ou « bolognaise » et pire encore « oignon ». Jai toujours eu un problème avec les produits « goût oignon ». Une fois, lors dun voyage scolaire en Angleterre, alors que javais vraiment faim, une fille ma proposer un muffins que sa famille daccueil lui avait donné. A loignon. Sauf que je ne le savais pas. Et les muffins aux oignons, ce nest pas bon du tout Une autre fois, sur un marché de Noël, javais pris une grande cuillère de confiture à la poire. Et surprise ! Je navais pas pioché dans le bon pot et jai avalé une grande bouché à loignon. Et la confiture à loignon, quand on attend de la poire, ce nest pas bon du tout Mais je mégare là. Sur le même mur, il y avait des étagères avec des boites de paquets et des conserves. Tout le côté droit était occupé par la vitrine. Jai toujours trouvé ça un peu écoeurant : les salades composés qui ne ressembles à rien, les pâtés en croûte, toutes ces choses qui flottent dans de la gélatine brunâtre, et ces tranches de viandes sanguinolentes. Le pire dans tout ça, se sont les cervelles et les langues. Brrr rien que dy penser ça donne la chair de poule. Je relève donc assez rapidement les yeux. Comme dans presque toutes les boucheries du pays, il y un poster au mur avec un cochon en costume, qui rigole. Je ne comprend pas. Pourquoi ont-ils tous cet affreux poster ? Cest un cadeau offert pour « toute boucherie ouverte » ? Et bien sûr, sur le comptoir, il y un autre petit cochon, en céramique celui là et avec une fente sur le dos. Il y a-t-il vraiment des gens qui donne un pourboire à leur boucher ?? Je trouve lidée étrange, après tout on nen donne pas dans les grands magasins, ou quand on achète un tee-shirt Lattente séternise, cest-à-dire que jattends plus de cinq minutes, ce qui est intenable pour quelquun qui, comme moi, viens dune ville où quand on marche au lieu de courir cest quon a rien à faire là, je tente de mintéresser discrètement à la conversation.<o:p></o:p>
« Parait que le ptit de <st1:PersonName productid="la Jeanne" w:st="on">la Jeanne</st1:PersonName>, cest le portrait craché de son père cest pas facile de commencer dans la vie avec un tel handicap <o:p></o:p>
- Cest surtout triste pour la mère ! Si au moins il avait eu ses yeux, mais non ! <o:p></o:p>
- Cest comme Luc, le fils de Madame Bourdin, hier il a »<o:p></o:p>
Lanecdote me fait sourire. Le boucher le remarque, ainsi que mon exaspération grandissante. Ok, cest parce que je pianotais des doigts sur le bord de la vitrine en soufflant un peu et en regardant en lair. Mais bon, je nallais pas rester ici, à attendre que les trois vieilles passent en revue toute la population du village, leurs descendances et les voisins des petits enfants ! Même si cest drôle à entendre. <o:p></o:p>
« Alors mademoiselle, quest ce quil vous faut ? »<o:p></o:p>
Heureuse que ça soit enfin mon tour, je reprends mon sérieux.<o:p></o:p>
« Un poulet rôti sil vous plait.<o:p></o:p>
- Nattristez pas votre front gracieux, continuez à sourire, cest si joli. » Et il me fait un petit clin dil en commençant à emballer mon futur dîner. Je reste sans bouger. Je dois faire erreur, ce nest pas possible. Non, sérieusement ?
- Désolée, je rêve debout, mais merci, cest gentil à vous
- Riez pourtant ! <o:p></o:p>
- Du sort ignorez la puissance »
Cest à son tour de faire un grand sourire. Je ne rêvais donc pas. Ce jeune boucher, perdu au fin fond de la campagne, est en train de me réciter A une jeune fille de Victor Hugo. Je décide de le tester encore un peu, on ne sait jamais.
« - Maintenant que Paris, ses pavés et ses marbres <o:p></o:p>
- Et sa brume et ses toits sont bien loin de mes yeux ;<o:p></o:p>
Maintenant que je suis sous les branches des arbres <o:p></o:p>
Et que je puis songer à la beauté des cieux »<o:p></o:p>
Veni, vidi, vixi. Comme ça, sans hésiter, il complète les vers dun poème si peu connue par la plupart des littéraires que je fréquente habituellement. Jen reste bouche bée. Jai tellement du mal à y croire que je tente un dernier vers.<o:p></o:p>
« Le rêve et la brume
-Vont où va la nuit ;
Paupières et roses
S'ouvrent demi-closes ;
Du réveil des choses
On entend le bruit. ».<o:p></o:p>Laurore sallume. Sans faute, sans oublier un mot. Cet instant est magique. Pour la première fois de ma vie, je rencontre un homme qui :<o:p></o:p>
1) sache du Victor Hugo par cur.<o:p></o:p>
2) Ait moins de cinquante ans et ne sois pas à moitié chauve.<o:p></o:p>
3) Ait un plan B dans la vie autre que chanteur, poète ou taggeur. <o:p></o:p>
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Lui aussi à lair content. Les trois vieilles, elles, sont muettes. On dirait trois statuts mais elles ne perdent pas un mot de la conversation. Je leur donne matière à causer pour les vingt prochains hivers.<o:p></o:p>
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Par Naboomie le 16 Mars 2008 à 20:29
Un amour de Terrine<o:p></o:p>
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Chapitre 1
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Viens, ça sera génial, tu verras !
Tu parles ! Déjà, louer une baraque au fin fond de la campagne, ça ne me disait pas trop. Moi, au bout de deux jours de verdure à perte de vue, jai tendance à faire des overdoses de chlorophylle. Mais là, ça commence sérieusement à sentir le plan foireux à plein nez. Je suis dans train et dans quelques minutes, jarriverai à Bourg-en Bresse, où mes chers amis doivent venir me chercher. Sauf quils viennent de téléphoner et il semblerai quil y est un petit changement programme : finalement ils ne viendront que dans trois jours. Lexcuse : bidon. La seule chose que je comprends cest que je vais passer les premiers jours de ces vacances si prometteuses toute seule dans un village perdu au fin fond du néant campagnard. Génial
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Bien sûr, quand jarrive à la gare, je ne trouve pas de taxi. Evidemment. Après avoir discuter avec le patron dun troquet, il semble que le moyen le plus simple pour rejoindre le village dindien où mattend ma location à soixante petits kilomètres dici- cest dattendre le lendemain matin et de partir avec la boulangère. Mais non, ça la dérangera pas, cest une amie à lui, et elle adore discuter alors ça lui fera plaisir davoir un peu de compagnie. Bon, va pour la boulangère. De toute façon, vu lheure, je nai pas trop le choix.
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Le lendemain, après avoir passer une nuit dans un vieux Campanile, jembarque à bord dune vieille camionnette à croire quils ont rien de neuf ici- avec la boulangère. Elle a lair sympa, le problème cest queffectivement elle aime parler. Beaucoup. Trop. Et en plus, il y a un petit détail que je navais pas capté : ce nest pas elle qui maccompagne au village, cest moi qui laccompagne dans sa tournée ! Donc au lieu de mettre une demi heure, il nous faut trois heures de route, le temps de passer dans tous les hameaux de la régions. Comme cest une gentille femme, elle a lextrême amabilité de me faire lhistorique de chaque clocher, de me retracer la généalogie de chaque famille et de me raconter les rumeurs de chaque coin de rue. Jaime les potins, mais savoir que Madame Simone a déchiré une carte postale le mois dernier puis a donné une claque à Marcel parce que son tracteur puait, très honnêtement, je narrive pas à mintéresser, oui, même en faisait un gros effort. Enfin bon, au bout de trois heures qui en paraissent mille, et où jai vaillamment résisté à lenvie darracher le pare soleil pour assommer mon chauffeur bavard, jarrive sur la place de Poncin.
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Ô joie, Ô bonheur. Me voilà comme Ulysse ayant atteint les rivages dIthaque. Soulagée dêtre enfin arriver, je remercie tout de même Martine. Mais mon bonheur est hélas de courte durée. Où suis-je tombé. Quai-je fais pour mériter ça ? Moi qui ai du mal à survivre loin du métro, de la place Soufflot et du jardin des plantes ?? Cest une mauvaise blague ou une caméra cachée, mais je refuse de croire que lendroit « trop coooool » choisi par les potes soit ce village de quatre-vingts seize habitants dont soixante-treize du troisième âge ! Maintenant cest sûr, je vais mourir.
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Bon comme je suis super courageuse, je soulève quand même ma valise et je prends la première - et unique - rue afin de trouver mon gîte. Lavantage, cest que je risque pas de me tromper, il ny en a quune seule avec laffreux macaron « gîtes de France ».
Sauf que je nétais pas censé être la première ici. Donc je nai pas les clés Là première angoisse. Il me faut bien dix minutes pour trouver un endroit où mon portable capte afin dappeler mes amis pour avoir le numéro ou ladresse du propriétaire. Ce qui signifie que je vais passer quelques jours seule au monde, dans un endroit où je naurais pas constamment cinq barrettes de réseau ! Je commence à avoir des sueurs froides . Respirer profondément. Je finis par obtenir une tonalité et à recuper le numéro. Une fois prévenu, le proprio ne met que quelques minutes à venir, faut dire quil habite dans le village aussi. Et la je découvre avec quelques appréhension lintérieur de la maison. Tout dabord la cuisine. Immédiatement ça va mieux. Il y a un four micro-onde donc je ne vais pas mourir de faim. Comble du luxe, je découvre ensuite une machine à café. Ma survie sera peut-être possible finalement
Comme il est déjà presque midi, je décide de continuer mon exploration après le déjeuner. Sauf que le frigo est vide. Evidemment. Heureusement, face aux grands problèmes, je nai jamais eu peur de prendre les grandes décisions nécessaire. Je décide donc immédiatement de planter un potager, délever quelques poules et de faire une tarte aux myrtilles.
Javoue, en fait, jai juste fini de manger le paquet de petits Lu que javais encore dans mon sac, un paquet de fraises tagadas - dailleurs un paquet entier, ça écure - et un chewing-gum. Le tout arroser dun grand verre deau. La tarte attendra
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Bon, ça cest fait Comment vais-je occuper mon après-midi moi ? Ici, sans voiture, sans réseau, sans ordinateur, sans personne ? Jamais à court didées, je prends ma valise et je commence à explorer la maison. En premier, le salon. Rien de très intéressant, sauf un lecteur DVD. Mais je nai pas de DVD avec moi, évidemment. Puis des toilettes. A létage, quatre chambres et deux salles de bain. Je prends tout mon temps pour choisir la plus belle pièce, les premiers arrivés sont les premiers servit, et toc ! Je minstalle tranquillement, je vide ma valise Il doit au moins être 14h là. Je vérifie avec espoir à mon poignet. 12h15. Et là je ressens comme une vague de panique. A la campagne, le temps sarrête pour moi. Je vérifie ce phénomène depuis que je suis toute petite. A chaque fois cest pareil. Il suffit que je méloigne un peu des relais téléphone, quil y ait autour de moi trois champs et que je sois à moins de deux cent mètre dune vrai vache et là ça ne loupe jamais. Le temps sarrête, lair semble immobile et jentends mon propre souffle. Langoisse totale. Jai besoin du contact de la civilisation. Tout de suite.
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Cest ainsi, avec la ferme attention de pactiser avec les peuplades de ces terres reculées, que je débarque dans la boucherie du coin. Jadore les gâteaux secs, mais de la à ne manger que ça pendant trois jours, il y a tout un monde. Et comme il est mille fois plus simple de commander un poulet dans cette petite boucherie local pour le dîner du soir plutôt que de courir après une volaille qui refuse de ce laisser attraper, chose que je comprends parfaitement, cest là que jatterrie. Tant mieux pour moi, cette boutique semble être le point de ralliement du village, là où tout se passe, là où ça bouge ! C'est-à-dire quau moment où jarrive, il y a trois vieilles dames et le boucher qui discutent avec animation. Lune est assise sur une chaise, son cadis coller à elle. Lautre tiens dans ses bras un genre de caniche affreux qui aboie aigu. Je déteste les chiens et encore plus les caniches qui aboient aigu. La troisième, superbe dans sa jolie blouse fleurie très estivale, bouge avec conviction les bras dans tous les sens pour appuyer ses propos. Mais au moment où jentre, jassiste à un magnifique arrêt sur image grandeur nature. En quelques secondes, les trois arrêtent leur bavardage, se tourne vers moi et me passe au scanner. Cest encore pire que lors dun entretient dembauche ! Faut dire que je ne dois pas avoir le look couleurs locales avec mes sandales compensées, mon sac à main top tendance et ma manucure nickel. Heureusement quelles ne savent pas que jai mon pass navigo dans une poche et un téléphone dernière génération dans lautre. Puis, brusquement, comme si je navais jamais fais irruption dans leur monde, elles repartent de plus belles dans la critique gastronomique du dernier déjeuner de famille donner par la voisine, Madame Jeannine semble-t-il. <o:p></o:p>
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Par Naboomie le 14 Mars 2008 à 18:04
Un amour de Terrine
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Viens, ça sera léclate, tu verras !
Tu parles ! Déjà, louer une baraque au fin fond de la campagne, ça ne me disait pas trop. Moi, au bout de deux jours de verdure à perte de vue, jai tendance à faire des overdoses de chlorophile. Mais là, ça commence sérieusement à sentir le plan foireux à plein nez. Je suis dans train et dans quelques minutes, jarriverai à Bourg-en Bresse, où mes chers amis doivent venir me chercher. Sauf quils viennent de téléphoner et il semblerai quil y est un petit changement programme : finalement ils ne viendront que dans trois jours. Lexcuse : bidon. La seule chose que je comprend cest que je vais passer les premiers jours de ces vacances si prometteuse toute seule dans un village perdu au fin fond du néant campagnard. Génial
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Bien sûr, quand jarrive à la gare, je ne trouve pas de taxi. Evidemment. Après avoir discuter avec le patron dun troquet, il semble que le moyen le plus simple pour rejoindre le village dindien où mattend ma location à soixante petits kilomètres dici- cest dattendre le lendemain matin et de partir avec la boulangère. Mais non, ça la dérangera pas, cest une amie à lui, et elle adore discuter alors ça lui fera plaisir davoir un peu de compagnie. Bon, va pour la boulangère. De toute façon, vu lheure, je nai pas trop le choix.
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Le lendemain, après avoir passer une nuit dans un vieux Campagnile, jembarque à bord dune vieille camionnette à croire quils ont rien de neuf ici- avec la boulangère. Elle a lair sympa, le problème cest queffectivement elle aime parler. Beaucoup. Trop. Et en plus, il y a un petit détail que je navais pas capté : ce nest pas elle qui maccompagne au village, cest moi qui laccompagne dans sa tournée ! Donc au lieu de mettre une demi heure, il nous faut trois heures de route, le temps de passer dans tous les hameaux de la régions. Comme cest une gentille femme, elle a lextreme amabilité de me faire lhistorique de chaque clocher, de me retracer la généalogie de chaque famille et de me raconter les rumeurs de chaque coin de rue. Jaime les potins, mais savoir que Madame Simone a déchiré une carte postale le mois dernier puis à donner une claque à Marcel parce que son tracteur puait, très honnetement, je narrive pas à minteresser, oui, même en faisait un gros effort. Enfin bon, au bout de trois heures qui en paraissent mille, où jai vaillament réssité à lenvie darracher le pare soleil pour assomer mon chauffeur bavard, jarrive sur la place de Poncin.
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Ô joie, Ô bonheur. Me voilà comme Ulysse ayant atteint les rivages dIthaque. Soulagée dêtre enfin arriver, je remercie tout de même Martine. Mais mon bonheur est hélàs de courte durée. Où suis-je tombé. Quai-je fais pour mériter ça ? Moi qui ai du mal à survivre loin du métro, de la place Soufflot et du jardin des plantes ?? Cest une mauvaise blague ou une caméra cachée, mais je refuse de croire que lendroit « trop coooool » choisi par les potes soit ce village de quatre-vingts seixe habitants dont soixante-treize du troième âge ! Maintenant cest sûr, je vais mourir.
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Bon comme je suis super courageuse, je soulève quand même ma valise et je prends la première - et unique - rue afin de trouver mon gîte. Lavantage, cest que je risque pas de me tromper, il ny en a quune seule avec laffreux macaron « gites de France ».
Sauf que je nétais pas censé être la première ici. Donc je nai pas les clés Là première angoisse. Il me faut bien dix minutes pour trouver un endroit où mon portable capte afin dappeler mes ams pour avoir le numero ou ladresse du propriétaire. Ce qui signifie que je vais passer quelques jours seule au monde, dans un endroit où je naurais pas constamment cinq barrettes de réseau ! Je commence à avoir des sueurs froides . Respirer profondément. Je finis par obtenir une tonalité et à recuper le numéro. Une fois prévenu, le proprio ne met que quelques minutes à venir, faut dire quil habite dans le village aussi.
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Par Naboomie le 11 Mars 2008 à 12:30
Un amour de Terrine
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Viens, ça sera léclate, tu verras !
Tu parles ! Déjà, louer une baraque au fin fond de la campagne, ça me branchait moyen. Moi, au bout de deux jours de verdure à perte de vue, jai tendance à faire des overdoses de chlorophile. Mais là, ça commence sérieusement à sentir le plan foireux à plein nez. Je suis dans train et dans quelques minutes, jarriverai à Bourg-en Bresse, où mes chers amis doivent venir me chercher. Sauf quils viennent de téléphoner et il semblerai quil y est un petit changement programme : finalement ils ne viendront que dans trois jours. Lexcuse : bidon. De toute façon, je men fiche pas mal, tout ce que je comprend cest que je vais passer les premiers jours de ces vacances si prometteuse toute seule dans un trou paumé. Génial
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Bien sûr, quand jarrive à la gare, je ne trouve pas de taxi. Evidemment. Après avoir discuter avec le patron dun troquet, il semble que le moyen le plus simple pour rejoindre le village dindien où mattend ma location à soixante bornes dici- cest dattendre le lendemain matin et de partir avec la boulangère. Mais non, ça la dérangera pas, cest une amie à lui, et elle adore discuter alors ça lui fera plaisir davoir un peu de compagnie. Bon, va pour la boulangère. De toute façon, vu lheure, je nai pas trop le choix.
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Le lendemain, après avoir passer une nuit dans un vieux Campagnile, jembarque à bord dune vieille camionnette à croire quils ont rien de neuf ici- avec la boulangère. Elle a lair sympa, le problème cest queffectivement elle aime parler. Beaucoup. Trop. Et en plus, il y a un petit détail que je navais pas capté : ce nest pas elle qui maccompagne au village, cest moi qui laccompagne dans sa tournée ! Donc au lieu de mettre une demi heure, il nous faut trois heures de route, le temps de passer dans tous les hameaux de la régions. Comme cest une gentille femme, elle a lextreme amabilité de me faire lhistorique de chaque clocher, de me retracer la généalogie de chaque famille et de me raconter les rumeurs de chaque coin de rue. Jaime les potins, mais franchement, savoir que Madame Simone a déchiré une carte postale le mois dernier puis à donner une claque à Marcel parce que son tracteur puait, très honnetement, je nen ai rien à cirer. Enfin bon, au bout de trois heures qui en paraissent mille, où jai vaillament réssité à lenvie darracher le pare soleil pour assomer mon chauffeur bavard, jarrive sur la place de Poncin.
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Ô joie, Ô bonheur. Me voilà comme Ulysse ayant atteint les rivages dIthaque. Soulagée dêtre enfin arriver, je remercie tout de même Martine. Mais mon bonheur est hélàs de courte durée. Où suis-je tombé. Quai-je fais pour mériter ça ? Moi qui ai du mal à survivre loin du métro, de la place Soufflot et du jardin des plantes ?? Cest une mauvaise blague ou une caméra cachée, mais je refuse de croire que lendroit « trop coooool » choisi par les potes soit ce village de quatre-vingts seixe habitants dont soixante-treize du troième âge ! Maintenant cest sûr, je vais mourir.
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Bon comme je suis super courageuse, je soulève quand même ma valise et je prends la première - et unique - rue afin de trouver mon gîte. Lavantage, cest que je risque pas de me tromper, il ny en a quune seule avec laffreux macaron « gites de France ».
Sauf que je nétais pas censé être la première ici. Donc je nai pas les clés Là première angoisse. Il me faut bien dix minutes pour trouver un endroit où mon portable capte afin dappeler mes potes pour avoir le numero ou ladresse du proprio. Ce qui signifie que je vais passer quelques jours seule au monde, dans un endroit où je naurais pas constamment cinq barrettes de réseau ! Je commence à avoir des sueurs froides . Respirer profondément. Je finis par obtenir une tonalité et à recuper le numéro. Une fois prévenu, le proprio ne met que quelques minutes à venir, faut dire quil habite dans le village aussi.
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