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Un amour de Terrine<o:p></o:p>
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Chapitre 1
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Viens, ça sera génial, tu verras !
Tu parles ! Déjà, louer une baraque au fin fond de la campagne, ça ne me disait pas trop. Moi, au bout de deux jours de verdure à perte de vue, jai tendance à faire des overdoses de chlorophylle. Mais là, ça commence sérieusement à sentir le plan foireux à plein nez. Je suis dans train et dans quelques minutes, jarriverai à Bourg-en Bresse, où mes chers amis doivent venir me chercher. Sauf quils viennent de téléphoner et il semblerai quil y est un petit changement programme : finalement ils ne viendront que dans trois jours. Lexcuse : bidon. La seule chose que je comprends cest que je vais passer les premiers jours de ces vacances si prometteuses toute seule dans un village perdu au fin fond du néant campagnard. Génial
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Bien sûr, quand jarrive à la gare, je ne trouve pas de taxi. Evidemment. Après avoir discuter avec le patron dun troquet, il semble que le moyen le plus simple pour rejoindre le village dindien où mattend ma location à soixante petits kilomètres dici- cest dattendre le lendemain matin et de partir avec la boulangère. Mais non, ça la dérangera pas, cest une amie à lui, et elle adore discuter alors ça lui fera plaisir davoir un peu de compagnie. Bon, va pour la boulangère. De toute façon, vu lheure, je nai pas trop le choix.
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Le lendemain, après avoir passer une nuit dans un vieux Campanile, jembarque à bord dune vieille camionnette à croire quils ont rien de neuf ici- avec la boulangère. Elle a lair sympa, le problème cest queffectivement elle aime parler. Beaucoup. Trop. Et en plus, il y a un petit détail que je navais pas capté : ce nest pas elle qui maccompagne au village, cest moi qui laccompagne dans sa tournée ! Donc au lieu de mettre une demi heure, il nous faut trois heures de route, le temps de passer dans tous les hameaux de la régions. Comme cest une gentille femme, elle a lextrême amabilité de me faire lhistorique de chaque clocher, de me retracer la généalogie de chaque famille et de me raconter les rumeurs de chaque coin de rue. Jaime les potins, mais savoir que Madame Simone a déchiré une carte postale le mois dernier puis a donné une claque à Marcel parce que son tracteur puait, très honnêtement, je narrive pas à mintéresser, oui, même en faisait un gros effort. Enfin bon, au bout de trois heures qui en paraissent mille, et où jai vaillamment résisté à lenvie darracher le pare soleil pour assommer mon chauffeur bavard, jarrive sur la place de Poncin.
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Ô joie, Ô bonheur. Me voilà comme Ulysse ayant atteint les rivages dIthaque. Soulagée dêtre enfin arriver, je remercie tout de même Martine. Mais mon bonheur est hélas de courte durée. Où suis-je tombé. Quai-je fais pour mériter ça ? Moi qui ai du mal à survivre loin du métro, de la place Soufflot et du jardin des plantes ?? Cest une mauvaise blague ou une caméra cachée, mais je refuse de croire que lendroit « trop coooool » choisi par les potes soit ce village de quatre-vingts seize habitants dont soixante-treize du troisième âge ! Maintenant cest sûr, je vais mourir.
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Bon comme je suis super courageuse, je soulève quand même ma valise et je prends la première - et unique - rue afin de trouver mon gîte. Lavantage, cest que je risque pas de me tromper, il ny en a quune seule avec laffreux macaron « gîtes de France ».
Sauf que je nétais pas censé être la première ici. Donc je nai pas les clés Là première angoisse. Il me faut bien dix minutes pour trouver un endroit où mon portable capte afin dappeler mes amis pour avoir le numéro ou ladresse du propriétaire. Ce qui signifie que je vais passer quelques jours seule au monde, dans un endroit où je naurais pas constamment cinq barrettes de réseau ! Je commence à avoir des sueurs froides . Respirer profondément. Je finis par obtenir une tonalité et à recuper le numéro. Une fois prévenu, le proprio ne met que quelques minutes à venir, faut dire quil habite dans le village aussi. Et la je découvre avec quelques appréhension lintérieur de la maison. Tout dabord la cuisine. Immédiatement ça va mieux. Il y a un four micro-onde donc je ne vais pas mourir de faim. Comble du luxe, je découvre ensuite une machine à café. Ma survie sera peut-être possible finalement
Comme il est déjà presque midi, je décide de continuer mon exploration après le déjeuner. Sauf que le frigo est vide. Evidemment. Heureusement, face aux grands problèmes, je nai jamais eu peur de prendre les grandes décisions nécessaire. Je décide donc immédiatement de planter un potager, délever quelques poules et de faire une tarte aux myrtilles.
Javoue, en fait, jai juste fini de manger le paquet de petits Lu que javais encore dans mon sac, un paquet de fraises tagadas - dailleurs un paquet entier, ça écure - et un chewing-gum. Le tout arroser dun grand verre deau. La tarte attendra
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Bon, ça cest fait Comment vais-je occuper mon après-midi moi ? Ici, sans voiture, sans réseau, sans ordinateur, sans personne ? Jamais à court didées, je prends ma valise et je commence à explorer la maison. En premier, le salon. Rien de très intéressant, sauf un lecteur DVD. Mais je nai pas de DVD avec moi, évidemment. Puis des toilettes. A létage, quatre chambres et deux salles de bain. Je prends tout mon temps pour choisir la plus belle pièce, les premiers arrivés sont les premiers servit, et toc ! Je minstalle tranquillement, je vide ma valise Il doit au moins être 14h là. Je vérifie avec espoir à mon poignet. 12h15. Et là je ressens comme une vague de panique. A la campagne, le temps sarrête pour moi. Je vérifie ce phénomène depuis que je suis toute petite. A chaque fois cest pareil. Il suffit que je méloigne un peu des relais téléphone, quil y ait autour de moi trois champs et que je sois à moins de deux cent mètre dune vrai vache et là ça ne loupe jamais. Le temps sarrête, lair semble immobile et jentends mon propre souffle. Langoisse totale. Jai besoin du contact de la civilisation. Tout de suite.
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Cest ainsi, avec la ferme attention de pactiser avec les peuplades de ces terres reculées, que je débarque dans la boucherie du coin. Jadore les gâteaux secs, mais de la à ne manger que ça pendant trois jours, il y a tout un monde. Et comme il est mille fois plus simple de commander un poulet dans cette petite boucherie local pour le dîner du soir plutôt que de courir après une volaille qui refuse de ce laisser attraper, chose que je comprends parfaitement, cest là que jatterrie. Tant mieux pour moi, cette boutique semble être le point de ralliement du village, là où tout se passe, là où ça bouge ! C'est-à-dire quau moment où jarrive, il y a trois vieilles dames et le boucher qui discutent avec animation. Lune est assise sur une chaise, son cadis coller à elle. Lautre tiens dans ses bras un genre de caniche affreux qui aboie aigu. Je déteste les chiens et encore plus les caniches qui aboient aigu. La troisième, superbe dans sa jolie blouse fleurie très estivale, bouge avec conviction les bras dans tous les sens pour appuyer ses propos. Mais au moment où jentre, jassiste à un magnifique arrêt sur image grandeur nature. En quelques secondes, les trois arrêtent leur bavardage, se tourne vers moi et me passe au scanner. Cest encore pire que lors dun entretient dembauche ! Faut dire que je ne dois pas avoir le look couleurs locales avec mes sandales compensées, mon sac à main top tendance et ma manucure nickel. Heureusement quelles ne savent pas que jai mon pass navigo dans une poche et un téléphone dernière génération dans lautre. Puis, brusquement, comme si je navais jamais fais irruption dans leur monde, elles repartent de plus belles dans la critique gastronomique du dernier déjeuner de famille donner par la voisine, Madame Jeannine semble-t-il. <o:p></o:p>
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